Alzheimer précoce. J'ai parlé il n'y a pas si longtemps des Castlevania influencés par Super Metroid mais je ne me souviens plus de l'occasion. Mais bref, passons...

Sans trop choquer la plèbe, je peux annoncer que Castlevania Symphony of the Night fait partie de ces jeux véritablement cultes. Adoptant un visuel 2D à l'heure où la 3D n'était que le seul moyen reconnu de faire avancer le Jeu Vidéo, ce titre demeure peut-être encore aujourd'hui le meilleur représentant de son genre. En même temps, les jeux similaires se font rares, trop rares, le dernier me venant à l'esprit étant un certain jeu XBox Live sorti il y a 3 ans, dont vous me rappelerez le nom, c'est dire...

Sans s'avancer sur les raisons d'une telle discrétion dette catégorie de jeux, on peut néanmoins se pencher sur celles qui font de ce Castlevania une oeuvre aussi adulée.

Car oui, je le disais plus tôt, Symphony of the Night est un épisode très particulier de la série. La saga des chasseurs de vampires était connue pour être rigide, difficile, découpée à l'ancienne, avec ses niveaux conclus par des boss, ses power-up et cette sensation typique de jubilation ressentie à chaque fois que l'on termine un tableau sans perdre de vies. La belle époque.




Or, pas besoin de s'y prendre avec des pincettes, si l'on incarne durant les cinq premières minutes l'ami Richter Belmont, héros du précédent opus, Rondo of Blood (1993 / PC Engine), c'est bel et bien le fils de Dracula, Alucard, que l'on dirige tout au long de l'aventure. L'occasion de profiter de ce changement de perspective pour bouleverser le gameplay d'un genre plus tellement en vogue à l'avènement de la 3D.

Par conséquent, plus de Vampire Killer, ce fouet légendaire de la famille Belmont, le semi-démon se bat à l'épée (la Nobilitas, quoi!) et dispose de pouvoirs bien évidemment très différents de ceux dont peuvent profiter les simples humains. Transformation en chauve-souris, en loup, en brume, techniques de combat, ma foi, fort sympathiques (Soul Steal ou comment se régénérer en une manipulation), la personnalité d'Alucard justifie toutes ces capacités mais rendrait un jeu d'action / aventure / plate-forme classique bien trop simple. Même s'il ne faut pas oublier que l'on pouvait déjà jouer la créature de la nuit dans Castlevania III Dracula's Curse (1989 / NES )...

Désormais, ce n'est plus au coeur d'une Transylvanie fictive dominée par l'impitoyable Vlad Tepes Dracula que l'on se balade mais au sein d'un château, celui du même seigneur pourtant vaincu quelques années plus tôt. Plus de découpage en niveau où l'on ne peut revenir, plus de scoring, plus de timer, le but ici est de découvrir tout les recoins de cet immense manoir, à la recherche de vos divers pouvoirs et équipements méchamment dérobés par une Mort, visiblement pas décidée à passer l'arme à gauche, pour aller coller sa dérouillée à Papounet.





L'exploration prend donc une place là où régnait la bagarre et l'optimisation des trajets dans Super Castlevania IV (1991 / SNES). Qui plus est, pour éviter le plagiat évident d'un Super Metroid (1994 / SNES) dont les développeurs se sont, bien entendu, inspirés, un aspect jeu de rôle est implémenté. Alucard gagnera donc de l'expérience en abattant viles squelettes, créatures, armures hantées et que sais-je, améliorant par la même occasion la résistance du personnage et sa capacité à lancer des sorts.

On ne va pas s'attarder plus longtemps sur le gameplay, ce serait là un crime vis-à-vis de la direction artistique globale. Tandis que Rondo of Blood offrait des cinématiques (certes impressionnantes pour l'époque) typées animation avec une Maria Renard insupportable pour l'occasion, Symphony of the Night opte pour un style beaucoup plus gothique. La patte de Ayami Kojima est visible, les personnages du jeu ont une classe incroyable, Dracula et son fils incarnent le Comte typique dans toute sa splendeur pour notre plus grand plaisir.

Quant aux musiques, Michiru Yamane signe sûrement ici ses plus belles compositions avec des partitions d'ambiance qui collent aux murs poussiéreux et aux tours balayées par la pluie d'un vaste château médiéval. On n'oubliera pas non plus de signaler la qualité visuelle du titre dans son ensemble, entièrement dessiné à la main et soutenu par quelques effets en trois dimensions aujourd'hui très cheap mais qui ne gâchent en rien le bonheur des yeux bien qu'un léger alliasing soit perceptible.





On n'oubliera pas non plus de souligner ce petit coup de génie, celui qui consiste à doubler la durée de vie, à porter les capacités de Alucard au plus haut point, en révélant par une petite astuce bien intégrée au scénario un tout nouveau terrain de jeu, un château inversé. L'idée est en soi toute bête, paraîtrait presque grotesque et paresseuse aujourd'hui mais il n'empêche qu'une toute nouvelle aventure s'offrait au joueur, plus difficile, moins guidée mais toute aussi grisante.

"Jeunes innocents", je vous laisse souffler après la lecture de ce pavé indigeste. Je retourne abattre le Comte Dracula et son prêtre fanatique, de manière à conclure une superbe aventure, trop peu renouvelée depuis 1997.