Mec, le Japon c'est mort !
 
La posture détestable de Keiji Inafune avait propulsé l'homme dans le feu de l'actualité. Sa lecture sans nuance du déclin relatif de la l'industrie du jeu vidéo japonaise appartient à un courant de pensée dans lequel se range à la virgule près d'autres personnalités comme Hideo Kojima, Shinji Mikami. La solution pour inverser cette chute libre ? L'ouverture aux influences étrangères !
 
Et accessoirement, le saucissonnage de zombies...
 
Situer ce personnage à la verve sulfureuse, c'est tracer son parcours professionnel marqué par l'ambigüité et l'indocilité. En plus de casser du sucre sur le dos de ses homologues, l'homme a dans le même temps claqué la porte de Capcom, monté son studio pour enfin dévoiler les ingrédients de sa recette du redressement national. Le plus avancé se titre Yaiba : Ninja Gaiden Z. Réalisé conjointement avec Tecmo, éditeur réputé pour l'orientation internationale de ses productions et le studio de développement nord-américain Spark Unlimited, Inafune souhaitait réaliser "un jeu de ninja" dont le héros serait attaqué par une horde de zombies : "parce que ce serait cool de fusionner" les deux univers. Cette triforce combinera donc ses forces afin de "réaliser un titre fort". CQFD.
 
 
Mais pourquoi faire appel à un studio occidental cumulant les casseroles (Turning Point: Fall of Liberty, Legendary...) alors que le partenaire Tecmo possède en son sein l'un des fleurons que tout le monde jalouse, la Team Ninja ? "L'idée de Spark est de moi" se défend Inafune. Et quand bien même le studio américain traîne une mauvaise réputation "peu m'importe ses performances passées", ce qui compte "c'est qu'ils soient disposés à apprendre". Avant d'ajouter : "et j'ai travaillé avec eux pendant mes années Capcom, je les connais, je sais de quoi ils sont capables".
 
Les morts-vivants sont partout et infestent même des licences peu ouvertes à ce genre de digression (Call of Duty). Ce n'est donc pas l'originalité qui étouffera Yaiba si ce n'est son identité graphique empreinte de cel-shading afin d'atténuer la violence notable du jeu. Le pitch ? Revenu d'entre les morts après avoir été terrassé par la pureté du katana de Ryu Hayabusa, les aptitudes du héros sont améliorées grâce à l'adjonction d'un bras cybernétique. Avant d'étancher sa soif de vengeance, Yaiba Kamikaze aura pour tâche de repousser un soulèvement de zombies très déterminés. Leur force, c'est le nombre. Les combats tactiques de la franchise Ninja Gaiden sont donc congédiés au profit de l'action pure. Une orientation grand public confirmée par la présence de combats contextuels. La profondeur de jeu cède donc sa place au grand spectacle.
 
 
La posture de donneur de leçon est embarrassante dès lors qu'elle vous revient comme un boomerang si votre force de proposition n'est pas à la hauteur de vos prétentions. À ce stade, Keiji Inafune s'expose à une cruelle désillusion. Son regard caricatural sur les faiblesses de son pays mine les chances de Yaiba : Ninja Gaiden Z de briller dans un marché occidental fantasmé.