Est-ce l'effet inverse des productions David Cage qui poussent Eiji Aonuma et Shigeru Miyamoto à vouloir "changer la nature du cinéma" avant d'y adapter ses franchises vedettes ? Inconfortablement installés dans un dispositif cinématographique très exigu, Heavy et Beyond Two Souls tentent à leur manière de s'arracher des conventions ludiques "terre à terre" (dixit D. Cage) pour en révéler une résonnance émotionnelle unique issue de cet ambitieux métissage artistique. Les deux têtes pensantes des aventures de Zelda font le pari contraire : "je me suis entretenu sur ce sujet avec Miyamoto, déclare Aonuma dans la dernière livraison de Famitsu. Si nous prenons la décision de porter Zelda au cinéma, l'objectif sera de rendre le film interactif".
 
Bien évidemment, cette intention tient davantage du sens de la formule que d'une réelle volonté de déplacer les montagnes. L'objectif est plutôt de mettre tous les sens de la 3DS en éveil afin de "participer" à une expérience cinématographique par nature passive. L'idée n'est pas nouvelle, Disney s'est approprié "le deuxième écran" (ici l'iPad) afin d'interconnecter le prochain volet des aventures de la Petite Sirène à cette tablette. Toutefois, la synchronisation du film avec un usage interactif se révèle "être une source de déconcentration" d'après un analyste. Les mini-jeux activés à rythme régulier poussent les utilisateurs à se concentrer sur un seul écran (iPad), ruinant ainsi toute idée de coordination visuelle des deux supports.
 
C'est à cette délicate équation que le génie créatif de Miyamoto et Aonuma devra s'attaquer.