Au début des années 80, Nintendo se dote d'un killer app de l'envergure commerciale d'un Space Invaders avec Donkey Kong. Le succès du jeu en arcade explose tous les pronostics les plus optimistes. Aux États-Unis, les prétendants se pressent pour obtenir de Nintendo (au statut d'éditeur agnostique) les droits d'adaptation sur consoles de salon. Atari, Coleco et bien d'autres font monter les enchères, au grand bénéfice du japonais.
 
Donkey Kong Atari 2600 versus Colecovision
 
Atari sera le grand perdant de cette vente à la criée. Coleco rafle tout, surtout l'autorisation de transposer ou non le jeu sur consoles concurrentes. C'est seulement six mois après le lancement de Donkey Kong sur ColecoVision qu'une version Atari 2600 voit le jour. Le fabricant américain massacre le port. Le graphisme est malheureux et le jeu est amputé de plusieurs niveaux. La comparaison entre les formats rivaux assomme le numéro un américain. Cependant, il ne se laissera pas gagner par l'aigreur propre au perdant. Atari est une société prédatrice, elle révèlera son vrai visage sous l'ère NES.
 
En 1983, elle obtiendra au nez et à la barbe de Coleco les droits d'exploitation informatique de DK sur support disquette puis protestera auprès de Nintendo d'une concession en violation avec les accords signés. Bien que le fabricant japonais abondera dans le sens d'Atari, la justice américaine déboutera sa plainte. Coleco obtient un blanc-seing de la cour pénale américaine pour commercialiser le jeu sur sa nouvelle machine, le Computer Adam. Un haut responsable d'Atari sera remercié quelques semaines après cette énième déconvenue.
 
 
Atari développera malgré tout, des adaptations informatiques sous le label Atarisoft. Nintendo était peu regardant sur la fidélité des transpositions, le constructeur américain en profitera pour accommoder, à sa façon, l'emplacement des personnages. Ainsi, il n'était pas rare de voir Donkey Kong situé à gauche et à droite de l'écran suivant le type de micro sur lequel le jeu a été réalisé. Plus surprenant, le port du jeu sur Atari 400 a révélé, 26 ans après sa parution, des secrets de programmation bien gardés. Landon Dyer, responsable du transfert, avait glissé une surprise à l'attention du joueur. Un programmeur indépendant mobilisera émulateur et débogueur afin de débrousailler les 26 000 lignes de code du jeu.
 
Il faudra attendre sensiblement le même nombre d'années pour que la version 2600 soit réparée de l'injuste prise en otage dont elle a fait l'objet. En effet, une adaptation homebrew conforme à l'original arcade, circule sur le net.