Pourquoi ? :

Ahhhh Cronenberg...Je t'ai aimé à l'époque de The Brood, j'ai apprécie ta Mouche. Tu as su m'emmener dans des univers étranges, du Festin nu jusqu'à Faux Semblants. Tu réussissais à transformer le quotidien en quelque chose de troublant, de dérangeant, un peu à la manière d'un Polanski. Puis tu as sombré. Ton Existenz m'a paru d'une grande ignorance sur ce qu'était réellement les médias et tes films sur des cafetières, des histoires d'amours d'escaliers et tes chauffeurs russes m'ont gonflés. Ce sont de bons films, je ne retrouve juste pas cette patte de l'époque. Alors oui, tu as le droit de chercher autre chose, de tenter d'autres expériences et donc d'aller dans d'autres registres. 

Mais bon, tu m'as l'air sympathique, je vais te laisser une autre chance. Et puis un film avec Fasbender et Mortensen ensemble, ça ne peut qu'être bon non ? En plus j'aime Jung. Et même si tu foires ce film, Cronopolis a l'air assez bandant pour que je te le pardonne. Heureux ? 

Synopsis :

Sabina Spielrein est malade, la pauvre souffre d'hystérie. Une maladie dont on ne se vante pas lors d'un diner mondain en gros. Pour se faire soigner, la jeune demoiselle décide de consulter le psychanalyste Carl Jung. Au delà d'une maladie fort embarassante, la jeune femme tombera au fur et à mesur des séances, amoureuse de notre bon docteur Jung...

Cast et Réal :

Au casting, on retrouve un trio d'acteur tous aussi bons les uns que les autres. Un Fassbender confirmant encore une fois qu'il est l'acteur d'une nouvelle génération, Mortensen quant à lui excelle en Freud et prouve qu'il n'est pas obligé de montrer son sexe pour bien jouer et enfin la jeune et agréable à l'oeil Keira Knightley nous démontre qu'elle n'a jamais été aussi bonne que depuis son départ des blockbusters. Comme quoi, on peut avoir d'excellents acteurs et pourtant faire un mauvais film. 

Cronenberg à la barre ! On est en droit d'attendre du lourd d'un point de vue filmique non ?  Et bien non. Trop brouillon, basculant de Flashback en Flash-forward à outrance, le film est peu lisible. De ce choix narratif découle plusieurs problèmes. Un manque total d'empathie pour les personnages principaux et une histoire trop décousue pour être passionante. Comment s'attacher ou comprendre un personnage quand lorsque l'on nous présente une faille, le plan d'après se situe quelques années plus tard ? Comment hein ? Bah je ne sais toujours pas. 

Rien à redire sur la photo, souvent belle, jamais magnifique mais toujorus propre. De même pour la musique qui, sans être d'une virtuosité étourdissante, reste toujours agréable à l'écoute. 

De l'histoire d'un truc trop gros à raconter :

 

Au même titre que Twixt récemment, A Dangerous Method pouvait peut être peu lisible visuellement mais riche dans son fond. Et alors que Twixt échoue lamentablement à ce niveau, ADM (plus court) réussit un peu mieux. 

Le film part d'un postulat assez simple. Comment une personne aussi déchirée et malade peut trouver en elle la force de continuer et d'en faire au final une véritable force. C'est à travers le parcours de cette jeune femme que Cronenberg tisse cette idée. Nous présentant tout d'abord une femme détruite pour la faire évoluer tout doucement en femme plus sure d'elle, l'amenant au final à devenir elle aussi psychanaliste. Réfléxion nous amenant à réfléchir sur notre propre condition, ce qui nous définit et nous construit. Par cette approche Cronenberg tente de nous mettre face à notre propre mirroir et à nous faire réfléchir. 

On échappe pas non plus à la fameuse idée qu'avant de chercher à analyser les gens, il faut soi même être "fou" pour pouvoir les comprendre. C'est par le biais de Sabina que cette idée se développe tout d'abord. Celle ci passant de folle à médecin. Mais c'est aussi par Jung que cela se confirme. Il passera de médecin à fou à mesure que le film avance. Celui-ci laissant apparaitre ses propres névroses au contact de la jeune femme et encore plus dans l'intimité. 

Alors, on pourrait continuer comme ça encore un bon moment. Tenter de développer chaque point et en trouver un sens. Mais cela n'aurait pas grand intérêt et ne pousserait pas à la réfléxion les quelques uns n'ayant pas vus le film. Je vais plutôt me pencher sur ce qui gêne réellement le propos du film. Son sujet.

En effet, aborder Jung mais aussi Freud, leurs correspodances, le cas de Sabina et donc des différentes névroses tout en faisant évoluer l'histoire, pose un petit problème. C'est un peu gros non ? Comment aborder la vie d'un homme et ses idées en à peine une heure trente ? En survolant le tout, et cela de manière bien violente. On passe donc 1h30 à suivre la vie de Jung sans qu'au final on ne sache réellement son rôle dans la psychanalise. Cronenberg ne faisant que dessiner les rôles des personnages. Freud se résumera à un mec qui voit bites partout, Jung pour un lunatique donnant beaucoup trop d'importances aux rêves et aimant donner des fessés. De même pour Sabina passant de folle à...saine comme ça. 

Le film souffre d'un problème de trop-plein. Trop de choses à raconter, peu de temps pour les expliquer. Ce qui ne l'empêche pas pour autant d'avoir un véritable propos, un message en son sein mais masqué par le bordel ambiant. 

Conclusion :

Sans être l'oeuvre majeure d'un homme, A Dangerous Method est honnête. Le film aurait toutefois mérité un recadrage complet des ambitions et des enjeux pour être véritablement bon. Il serait malhonnête toutefois de dire que le film ne fait pas réfléchir et n'amène pas une certaine réfléxion sur notre personne. 

Cronenberg, tu vas te sortir les doigts des fesses et nous pondre un Cosmopolis qui va mettre tout le monde d'accord. Je veux bien te faire une dernière fois confiance, mais c'est bien parce que c'est toi. Allez, à la prochaine !