Bonjour à toutes et à tous !

Eh bien ça y est, nous y voilà ! Depuis le 19 septembre dernier, l’équilibre dans la force entre Sony, Microsoft et Nintendo est enfin revenu ! Probablement frustrée de perdre un pognon de dingue en proposant gratuitement un service devenu payant chez la concurrence, la firme de Kyoto a définitivement adopté ce mois-ci le modèle économique visant à nous facturer les services en ligne. Nous nous réjouissons déjà à l'avance pour eux et les immenses profits que va générer cette nouvelle politique. Je me passerai de vous donner mon avis sur la chose dans son ensemble, je l'avais déjà fait ici il y a quelques années maintenant.

 

Je vais juste profiter de cet article pour apporter une petite précision qui manquait peut-être à mon première article sur le sujet, si j'ai un soucis avec le online payant, c'est que celui-ci s'impose sans distinction à tous les joueurs et toutes les joueuses, quelque soit leur degré d'investissement dans le jeu en ligne. Que l'on soit un.e mordu.e d'Overwatch au point d'y passer ses journées ou juste un.e explorateur.trice occasionnel.lle de GTA Online, tout le monde doit passer à la caisse. Et je trouve ça assez injuste de demander aux gros comme aux petits consommateurs entre 8€ et 4€ par mois pour accéder au même service quand leurs habitudes de consommation sont différentes. Pourquoi ne pas rêver à un forfait de 2h gratuites tout les mois et débuter un abonnement payant passé ce délai ? Hein quoi ? Trop tard ? Oh...

 

Mais là n'est plus la question aujourd'hui. Je souhaitais plutôt revenir sur les quelques « avantages » proposés par Nintendo pour justifier l'investissement et qui m'ont un peu turlupinés. Je tiens à préciser d'entrée qu'il s'agit ici d'un billet d'humeur, pas d'un long exposé visant à vous apprendre des choses. Vous êtes prévenu cette fois...

 

Pourquoi Nintendo, Pourquoi ?

 

 

À mon sens, et cela ne regarde que moi bien-sûr, rendre le online payant sur Switch constitue de la part de Nintendo un choix vraiment malheureux. Pas dans le sens où cela leur fera du tord, je suis certain qu'ils vont ainsi pouvoir multiplier leurs profits par soixante-treize et que leur image ne s'en trouvera même pas égratignée d'un iota. Il n'y a qu'à voir comme la chose est passée telle une lettre à la poste, personne ne remettant véritablement ce choix du online payant en cause, le justifiant même par ce vieille adage qui dit que puisque tout le monde le fait, pourquoi se priver d'en faire autant ?

Si la PlayStation 4 sautait d'une falaise, est-ce que toute la compagnie devrait suivre ?

Enfin c'est un autre débat...

 

Je suis un peu déçu par Nintendo, rapport à la philosophie générale de l'entreprise qui a toujours été avant tout le jeu. Quand Sony faisait de ses consoles des centres multimédia à coup de lecteur DVD ou de films sur UMD, Nintendo répondait en concevant des machines uniquement dédiées aux jeux, mais qui le faisaient très bien. Au final, commercialement parlant, ce n'était peut-être pas le choix le plus judicieux mais en terme d'image, c'est une stratégie plutôt bénéfique. Acheter Nintendo, c'est être sûr d'avoir des jeux de qualité, funs et pour toute la famille !

 

Attention, je ne dis pas qu'ils n'ont jamais cherché à faire de l'argent, que c'est une entreprise avec le cœur sur la main, philanthrope et généreuse. Évidemment que non ! Mais il y avait malgré tout toujours chez eux cet amour du jeu et notamment du jeu partagé. Et là, c'est tout un aspect de cette pensée qui s’émiette un peu. Que tout le monde s'amuse ensemble oui, mais moyennant désormais une nouvelle petite compensation. Dommage...

 

Sont également exclus de cet espace de jeu mondial les enfants les moins fortunés ou les plus en froid avec leurs parents. Imaginez un peu la déception sur le visage de cette pauvre petite fille qui ravie d'avoir son nouveau Pokémon Let's Go Evoli sur Switch découvrira avec surprise et consternation qu'il faut, en plus des 200€ déjà déboursés par ses braves parents pour l'achat de la console et du jeu, ajouter un surplus de 20€ pour l'abonnement. Et cela tout les ans !

 

On me répondra que ce sont là des tarifs tout de même très attractifs et je dirai qu'en effet, on est loin de la petite bagatelle que nous demande la concurrence. Mais c'est sur le principe même que j'ai un problème, quelque soit le prix de cette démarche.

 

D'un autre point de vue, un peu beaucoup radical j'en conviens, on pourra arguer que le online n'est de toute façon pas un espace pour les enfants et qu'ils doivent se garder de s'aventurer dans ces contrées pas vertes du tout, où règnent souvent l’intolérance et les insultes aussi gratuites que faciles. Une vraie cour de récré...

Facturer l'entrée permettrait ainsi de se retrouver entre adulte (en tout bien tout honneur hein, je vous vois venir) et de tenir les plus jeunes à l'écart de ce triste monde interconnecté.

 

Sauf que si dans le principe l'idée semble louable, jusqu'ici Nintendo avait à mon sens plutôt bien géré cet aspect sans recourire au paiement de droit de connexion. En empêchant par exemple purement et simplement les échanges audios ou écrits avec des inconnus sur certain de ses titres (Mario Kart 7 par exemple), limitant parfois les interactions à quelques emojis et en embêtant tout le monde avec ce maudit système de code ami, Big N avait créé un espace qui, en apparence en tout cas, semblait tout à fait adapté pour accueillir des enfants d'une dizaine d'années par exemple.

 

De plus, toute la procédure à base d'application pour smartphone nécessaire pour dialoguer vocalement sur Switch, n'est t-elle pas déjà une sécurité ?

Après je n'ai pas d'enfant et ça fait des années que je n'en aie pas côtoyé un, ils attendent toujours leurs 12 ans pour avoir leur premier téléphone Mobicarte ? ...

 

Il semble que Nintendo cherche avec la Switch à séduire un public plus mature ou du moins plus âgé et fortuné qu'avec ses dernières consoles. Il n'y a qu'à voir le premier trailer d'annonce de la machine pour s'en rendre compte puisque les personnages mis en scène affichent tous au minimum une vingtaine d'années au compteur. Pas un enfant aux joues roses ni un prépubère au duvet saillant. 

 

  Mince, même dans l'avion il n'y en a pas un qui hurle au fond de son siège !

 

De fait si les consommateurs de la console sont plus vieux, ils ont également, on peut l'imaginer, plus de moyens. Dans ce cas, le service va fonctionner sans problème puisque que le jeune trentenaire dynamique n'a que faire de l'avis de ses parents lorsqu'il souhaite mettre de l'argent dans une chose aussi triviale que les jeux vidéos. Mais une autre part du public va peut-être se retrouver lésé par l'attitude de Nintendo et c'est tout de même fort dommage.

 

Il est vrai que le public de Nintendo n'est pas aussi jeune que ce qu'on pourrait naïvement croire au premier abord, en atteste la moyenne d'âge des joueurs de Pokémon qui se situerait selon Nintendo France autour de 20 ans. Mais certains titres s'adressent tout de même très largement à ce public, les monstres de poche en tête bien-sûr, ou plus récemment Yo Kai Watch. Et lorsqu'ils ne les visent pas directement, ils font tout de même en sorte de pouvoir les accueillir comme il se doit en restant des titres accessibles et tout public, à l'image de Splatoon 2 ou Mario Kart 8.

 

Il aurait pu être judicieux dans ce cas, de proposer un service qui reste gratuit pour certains titres, Pokémon par exemple, et payant pour d'autres parce que... ben parce qu'il faut bien payer maintenant semble t-il...

Malheureusement, il est déjà trop tard pour cela, encore une fois, j'ai envi de dire, dommage...

 

Chers vieux partenaires...

 

Cette quête d'un public, ou peut-être plutôt d'une image moins juvénile va m’amener logiquement au deuxième et troisième point, les jeux « offerts » par le service Nintendo Switch Online et les offres exclusives réservées aux abonnés. Deux aspects de l'abonnement qui surfent allégrement sur la fibre nostalgique. Peut-être trop ?

 

Nous pourrons en effet, le temps de notre abonnement, profiter d'un catalogue de jeux tout simplement immense et incroyablement riche en productions de grande qualité ! Non, vous ne rêvez pas, à vous les parties endiablées de Dr. Mario, Double Dragon ou encore Metroid ! Des jeux sortis initialement sur Nes !

Sur Nes ! Même pas la Super Nes non ! La Nes ! Des jeux qui ont plus de 30 ans pour certains !!?

Un accès complet à l’entièreté du catalogue Nes, Super Nes et N64, admettons, encore qu'il s'agirait à nouveau ici de succès plutôt surannés, mais uniquement la Nes ! Il y a de quoi tomber des nues.

 

Les plus âgés d'entre-vous me rétorqueront que ce sont là de véritables pépites du jeu vidéo, des œuvres majeures, intemporelles et comme je vous crois mes amis bientôt quarantenaires, mais ça ne constitue pas un argument de vente fort ! C’en est un c'est vrai, mais plutôt léger, vraiment léger. Ou plutôt trop orienté sur une cible en particulier.

 

Et cette cible, c'est le consommateur d'âge moyen, bercé depuis sa tendre enfance par Nintendo. Alors c'est gentil pour eux et c'est tout à fait normal de les bichonner après tant d'années de fidélité, mais en attendant, les nouveaux arrivants pourront se sentir un peu oubliés par Big N sur ce coup là.

Je vais revenir encore sur le jeune public, mais que peut bien avoir à faire un enfant de 10 ou 13 ans de Duck Hunt ? Tout aussi bien qu'il soit, ce n'est pas un jeune d'une dixaine d'années que cela va intéresser !

Ou même une jeune joueuse de vingt trois ans venue sur Switch pour le Mario Kart dont on lui a tant parlé ?

 

Je suis un grand amateur de jeu vidéo, mais je sais aussi reconnaître les défauts du medium et l'un d'entre eux est que malheureusement, les œuvres vidéoludiques vieillissent extrêmement vite et mal et il est difficile de s'amuser sur un titre vieux de 20 ans lorsqu'on ne l'a pas connu à l'époque.

 

Ça ne veut en rien dire qu'il est mauvais, pas du tout, mais il faudra du courage et beaucoup d'abnégation pour terminer un Zelda sur Nes par exemple, quand on sait tout le chemin qui a été parcouru depuis. Et je ne parle ici que du gameplay, les graphismes 8 bits ont quant à eux particulièrement mal vieilli, et le scintillement des sprites pourra en gêner plus d'un. On peut apprécier d'y jouer par curiosité, et même se surprendre à y prendre goût, mais force est de constater que le retro gaming est un passe temps de passionnés, d'initiés et /ou de curieux et que remonter si loin dans l'Histoire du média vidéoludique est bien compliqué pour le commun des mortels.

 

 

Pour le coup, les jeux mis à disposition le temps de l'abonnement par Nintendo dans son offre s'apparentent bien plus à un bonus qu'à un véritable argument de vente. À vous de me dire ce que vous en pensez, chacun est juge après tout.

Certains seront probablement curieux et ravis de découvrir ou redécouvrir la Nes, une console sortie en 1983, quand d'autres se moqueront comme d'une guigne de poser leurs pattes sur ces précieux fossiles

 

Et puis...

 

 

J'ai le sentiment qu'il n'est plus de bon ton d'en parler maintenant que presque tout les constructeurs proposent de racheter en dématérialisé les vieux succès de leurs anciennes machines mais ces titres Nes sont tous disponibles GRATUITEMENT en 4 clics avec l'émulation !

 

Alors je sais, c'est pas très bien et il règne autour de cette pratique un flou juridique qu'il faudra tôt ou tard éclaircir (et ça ne risque certainement pas d'être en faveur des émulateurs), mais il n'en reste pas moins que c'est possible et beaucoup plus intéressant pour celles et ceux qui n'ont pas connu la Nes et qui ne trouveront de toute façon à ces gloires d’antan que peu d’intérêt au bout de quelques minutes ! Payer un abonnement Nintendo Online pour passer 1 minutes 48 montre en main sur Donkey Donk, ça n'est pas forcement un bon plan, même à ce prix là. Bon point pour Nintendo cela dit, la possibilité de jouer en multijoueur via internet à ces vieux jeux qui ne permettaient évidemment pas cela à l'époque.

 

Et dans la continuité de l'exploitation de ce formidable filon qu'est la nostalgie, Nintendo a annoncé la première de ses offres exclusives réservées aux abonnés, un accessoire pour la Switch, une paire de manette reprise de la Nes... Encore...

 

À savoir qu'elles ne seront compatibles qu'avec les jeux Nes disponibles sur Switch via l'abonnement, (c'est qu'il manque quelques boutons pour Zelda Breath of the Wild...) et vendues au prix fort de 60€ !

L'idée de lier cette offre dématérialisée qu'est l'abonnement en ligne à des avantages matériels est selon moi loin d'être mauvaise et permet d'une certaine manière de donner le sentiment au consommateur de faire parti d'une sorte de Club Nintendo. Pourquoi pas, il y a là de l'idée...

 

Voilà, je crois avoir fait le tour de ces petits détails de l'abonnement qui m'ont quelque peu étonné lors de l'annonce. Alors je sais, tout ça n'est pas si grave, ce n'est que du bonus quelque part, une sorte de cadeau pour justifier un peu plus le prix de l'abonnement (qui je le redis est très, très abordable chez Nintendo et devrait donner des idées à d'autres).

Ce qui m'ennuie c'est qu'au milieu de ça, c'est le jeu en ligne qu'on prend en otage. Et s'il ne s'agissait que d'une composante anecdotique de nos jeux vidéos alors peu importe. Mais plus le temps passe et plus elle prend de l'importance ! Échanger des Pokémons avec le monde entier est un moyen très efficace, voir indispensable, de remplir son Pokédex, goûter une fois aux courses en ligne de Mario Kart c'est se demander sans cesse pourquoi diable continuer de jouer contre l'ordinateur, quant à Splatoon l’intérêt du jeu en solo est proche du néant...

 

 

Nintendo propose ici une offre résolument tournée vers sa vieille et fidèle fan base, ce qui se comprend. Peut-être constitue t-elle la majorité des consommateurs de leurs produits. Mais en attendant, sont laissés sur le bord de la route celles et ceux qui n'ont que faire de la Nes et de ses succès d’antan et qui attendent de vrai initiatives nouvelles de la part de Nintendo.