MAJ: Je signale que je consacre un dossier complet au Wonderbook dans mon canard dans son édition du 27/10. Vous le retrouverez à l'adresse www.dna.fr, puisqu'il fait l'ouverture du site. Faite également un saut sur https://www.dna.fr/loisirs/jeux-videos, où vous trouverez rien moins que l'interview des concepteurs d'Assassin's Creed III !

 

Bonsoir à tous,

En attendant l'article que je prévois de partager avec vous concernant ma toute fraîche - et passionnante - rencontre avec Warren Spector, je vous livre ce soir un premier avis étayé sur un titre qui risque fort de marquer les esprits et de faire vendre pas mal de PS3 à la fin de l'année. Ce jeu, c'est Wonderbook : Book of Spells, auquel j'ai d'ores et déjà pu très largement m'essayer. Et je vous le dis de suite : de sceptique, je suis devenu à l'usage l'un des fervents partisans de cette initiative ludique passionnante à plus d'un titre. Le livre interactif, puisque c'est de cela qu'il s'agit, est une petite révolution.

Mais pour commencer, une petite explication de texte pour  que vous puissiez comprendre pourquoi je m'amuse déjà avec la bête alors que sa sortie n'est prévue qu'à la mi-novembre. Il se trouve que Sony, pas peu fier de son bébé, a organisé une journée presse du côté du bois de Boulogne voici quelques jours. A cette occasion, l'un des co-créateurs du jeu, Kevin Mason, était présent, et  il a non seulement été possible de s'essayer au jeu, mais aussi d'en embarquer un sous le bras une fois la visite terminée. Autant vous dire que depuis, je ne me prive pas de lancer le joujou. Book of Spells a beau être destiné aux enfants et aux jeunes adolescents, il parvient  à me captiver, moi, un vieux blasé de 36 ans.

 

Venons-en aux choses sérieuses. Pour ceux qui ne connaissent pas encore le principe de Wonderbook: Book of Spells, qu'ils retiennent que ce nom à rallonge rassemble en fait deux choses bien distinctes. Le Wonderbook, d'abord, est un livre en carton de 12 pages qui n'embarque absolument AUCUNE technologie de pointe. Non, il s'agit simplement d'un accessoire de réalité augmentée constitué d'une succession de pages sur lesquelles figurent des formes géométriques qui permettent à la PS3, via une caméra Eye Toy, de savoir quelle page virtuelle est en train d'être lue, et quel est son angle par rapport à l'écran (ce qui permet de faire tourner les images affichées à l'écran pour voir, par exemple, l'arrière d'une scène surgissant des pages du livre). Des sortes de QR codes, donc, qui présentent un avantage non négligeable : le Wonderbook est réutilisable à volonté par les jeux qui décideront d'y faire appel. Trois sont d'ailleurs d'ores et déjà annoncés pour 2013 (un sur le thème de l'espace, un autre sur le thème des dinosaures et un troisième en forme de roman noir avec enquête et recherche d'indices), et un accord avec Disney aurait été trouvé pour la réutilisation de la technologie dans certains jeux estampillés Mickey. C'est en tout cas ce qu'ont indiqué les RP de Sony présents lors de cette journée.

Ensuite, il y a Book of Spells. Il s'agit du premier livre interactif utilisant la technologie Wonderbook. Et quel livre : J.K. Rowling, la maman d'un certain Harry Potter, s'est chargée d'en élaborer les grandes lignes, et aurait elle-même rédigé les contes qui en jalonnent les chapitres. Des textes inédits prenant place dans l'univers Harry Potter ? J'ose à peine imaginer l'impact potentiel d'une telle communication, à elle seule, sur les ventes de consoles en fin d'année. D'autant que les histoires sont très agréables à suivre, et que l'on s'y plonge avec plaisir que l'on soit petit ou grand.

Book of Spells se joue avec le Wonderbook, mais aussi avec le PS Move. Il s'agit en effet de parcourir le livre des sorts de Miranda Fauconnette, utilisé dans les cours dispensés à Poudlard, et d'en apprendre tous les secrets. La partie interactive, qui alterne avec les contes, se constitue donc d'une phase d'apprentissage - on apprend le geste du sortilège, puis son nom qu'il faudra prononcer à voix haute - puis d'une série d'exercices pratiques au challenge très, très mesuré. Ne vous leurrez pas : il ne s'agit pas d'une mécanique d'apprentissage par l'échec, vous ne pourrez donc pas vraiment rater ce que vous faites, ou alors il faudra le faire vraiment exprès. Mais on s'amuse beaucoup à manier le PS Move comme une baguette magique et à chercher à obtenir le meilleur score possible dans les exercices imposés.

Ce qui fait la force de ce concept, partant, c'est la cohérence de sa réalisation. Destiné à un public familial, il ne parlera certes sans doute pas aux gamers purs et durs, mais il ne laissera personne indifférent malgré tout. Chaque page tournée est une découverte, l'occasion de s'émerveiller d'un univers enchanteur et particulièrement inventif. Les musiques sont douces, enchanteresses, et le mélange à l'écran de décors virtuels et de réalité particulièrement harmonieux, ce qui fait à mon sens de Book of Spells la première expérience de réalité augmentée réellement aboutie. Autant dire que les quelques heures nécessaires pour parcourir les 10 chapitres du jeu (soit 20 sortilèges, chaque chapitre permettant d'en apprendre deux) passeront comme un rien, a fortiori si vous y passez du temps avec votre enfant. Je dirais au passage que celui-ci doit savoir lire pour en profiter idéalement, ce qui place Book of Spells à la portée de tous dès le niveau CE1 ou, plutôt, CE2.

Je terminerai sur un constat plus stratégique : je m'attendais à ce que la Wii U ait le champ libre pour s'imposer dans les foyers a l'occasion des fêtes de fin d'année. Mine de rien, sans faire de vague, Sony s'offre cependant une jolie contre-attaque avec ce Wonderbook, qui a, ma fois, pas mal d'atouts pour devenir un véritable system-seller auprès du public familial. La concurrence risque fort d'être acharnée...