ATTENTION, CETTE CHRONIQUE CONTIENT DES SPOILERS

Hello tous,

L'an dernier, à la même époque, j'avais le plaisir de vous présenter Person of Interest, une nouvelle série fonctionnant très largement sur le thème du trauma post-11 Septembre et sur le concept d'un "Big Brother" technologique. Je ne m'étais pas trompé: il s'agit bel et bien d'un drama majeur, qu'il serait criminel de ne pas découvrir d'urgence.

Car cette première saison n'aura quasiment jamais déçu. POI a certes très largement fonctionné sur des épisodes one-shot, d'ailleurs d'excellente facture. Mais l'écriture de Jonathan Nolan, comme je le pressentais, a également fait surgir peu à peu des enjeux plus vastes. L'on s'est ainsi retrouvé, petit à petit, à suivre la série sur trois niveaux: l'enquête formant le coeur de l'épisode, le combat contre le bad guy de la saison Elias, et l'intrigue mainstream de la série qui a doucement pris forme. L'enjeu ? la machine elle-même. Elle devient un personnage central, intrigue de plus en plus. Dans les derniers épisodes de la première saison, l'on découvre même qu'elle est douée d'autonomie, capable d'agir comme bon lui semble. Une intelligence articielle totalement aboutie ? Une nouvelle forme de vie ? C'est la question qui commence à se profiler à l'horizon.

La saison s'est bouclée fin mai sur un climax remarquable. Finch (Michael Emerson) a été enlevé par la mystérieuse Root, hackeuse de génie sans la moindre once de sens moral et bien décidée à prendre le contrôle de la machine. Reese (l'excellent Jim Caviezel), lui, entre en contact direct avec la machine dans les dernières images de l'ultime épisode. Un ultimatum, et le spectateur est abandonné bouche bée: la machine semble alors vouloir entrer en contact avec Reese. Pour négocier.

Aller au coeur du complot ?

La saison démarre exactement là où s'arrête la première. Et pose d'emblée une nouvelle orientation pour la série. Désormais, Finch ne fait en effet plus nécessairement l'intermédiaire, ce qui ouvre un champ de possibles intéressant pour la suite. Les deux premiers épisodes de la nouvelle saison explorent d'ailleurs les conséquences de cette nouvelle relation. Reese part à la recherche de Finch avec l'aide de la machine, tandis que l'on découvre, en quelques flashbacks, l'omniscience de cette dernière. Pour l'heure, elle se contente certes d'observer, de surveiller, d'analyser. Mais capable de prendre le contrôle de n'importe quel objet connecté à la toile, elle semble aussi disposer d'un potentiel d'action pour l'heure délibérément bridé. Est-ce à dire que c'est ce pouvoir latent que Root veut libérer ?

A l'inverse de la saison 1 et selon une évolution somme toute logique, la saison 2 semble vouloir s'intéresser de plus près aux conséquences de l'existence d'une telle technologie dans le monde. Dans les épisodes précédents, nous découvrions surtout comment ses facultés étaient exploitées par deux hommes oeuvrant en sous-marin pour venir en aide à des anonymes. Désormais, Person of Interest semble vouloir approfondir la situation mise en place et aborder la question  de la réaction de l'homme face à la révélation d'un tel instrument de prédiction, mais aussi de contrôle des masses. Certains seront prêts à tuer pour en cacher l'existence, d'autres seront prêts à torturer, tuer pour au contraire le mettre au grand jour... ou se l'approprier. Le plus grand nombre, lui, sera hébété devant les implications philosophiques et éthiques de la machine. Car cela aussi, les deux premiers épisodes de la nouvelle saison le dessinent, discrètement, à travers les interactions de Reese avec la machine... devant un témoin incrédule.

Bref, le potentiel est là, et le duo Nolan-Abrams semble bien parti pour l'exploiter comme il se doit. D'autant que, de plus en plus complexe et dense, sans jamais perdre une once de clarté narrative, la série semble également gagné en maturité, ses personnages principaux étant de mieux en mieux caractérisés. La relation Fusco-Carter, ainsi, apporte une ouverture intéressante à l'intrigue générale, sans jamais empiéter cependant sur la place prééminente de la relation Reese-Finch. Les personnages antagonistes échappent également au manichéisme, ce qui achève de faire de la série une sorte de balade en clair-obscur, où tout n'est que nuances de gris. La ravissante mais redoutable Root l'a bien compris...