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Aujourd'hui, petit retour sur Uncharted 3, et notamment sur un aspect qui, je crois, n'a guère été traité par les médias: ses liens de parenté évidents avec la saga Indiana Jones. J'ai trouvé les références très appuyées dans cet opus...

L'article est tiré du site https://www.dna.fr/loisirs/jeux-videos. Allez y faire un tour de temps en temps, on n'est pas très connus, mais on a le goût du travail bien fait...

L'ombre d'un grand archéologue

Deux opus auront suffi à forger sa légende. A l'image des icônes Mario, Link ou Lara Croft, Nathan Drake est aujourd'hui devenu incontournable dans le vaste panorama de la culture populaire des jeux vidéo. Uncharted 3, dans les bacs depuis quelques jours, ajoute même une nouvelle pierre à l'édifice, en faisant cette fois très clairement le lien avec tout un pan du septième art. Il s'impose comme une référence appuyée au plus cinéphilique des archéologues: Indiana Jones.


L'action prend place dans une salle souterraine cachée des regards humains depuis bien longtemps. Nathan, comme toujours pourchassé par des hordes d'ennemis redoutables, a trouvé quelques instants de répit pour résoudre une énigme vitale en compagnie de ses amis. L'accessoire indispensable pour résoudre le mystère est un bâton surmonté d'un bourdon projetant une lumière un peu particulière... à condition que l'accessoire soit bien placé dans la pièce, et bien orienté. Ca ne vous dit rien? Reprenez le DVD des Aventuriers de l'arche perdue. A Tanis, Indiana Jones est confronté à une énigme rigoureusement similaire à celle que Nathan Drake doit surmonter. La référence au pommeau-médaillon bourdon de Râ est évidente, et elle n'est pas la seule. Pour son troisième opus, Uncharted s'est enfin décidé à faire assumer à son héros son statut de digne hériter du plus baroudeur des aventuriers. Moult hommages cinéphiliques à la clé.

L'action d'Uncharted 3 se construit à travers le monde, comme toujours. Mais si elle passe notamment par la France, s'installe à Londres, elle se concentre surtout en plein Moyen Orient, explorant le Koweit, le Yemen ou le désert le plus aride. Nathan Drake, immuable héros de la saga, y suit les fils d'une intrigue qui fait régulièrement penser au canevas des premier et troisième volets de la trilogie culte de Steven Spielberg (on évitera d'y associer un quatrième opus de triste mémoire). Les clins d'oeil sont légion: ici, Nathan chevauche en compagnie d'un chef de tribu à travers des canyons renvoyant tout droit à "La dernière croisade", là il s'offre une course-poursuite dans un souk qui n'est pas sans rappeler celui où Marcus Brody se fait enlever. Le propos même de l'aventure, à savoir la recherche de "l'Atlantide des sables", renvoie directement à celui du film ayant lancé les aventures de Jones: cinéma et jeu vidéo partagent l'urgence d'arrêter une caste malfaisante en quête d'un pouvoir destructeur.

Ces références servent à alimenter le background par ailleurs très riche d'Uncharted 3. Le jeu se conçoit de plus en plus comme un véritable film interactif, où comptent énormément la psychologie des personnages et les liens qui les unissent. Se mettre dans la peau de Nathan n'est pas un détail: plus qu'un avatar lambda, le personnage contrôlé a son histoire, sa personnalité, des réactions parfois très tranchées. La corollaire est évidente: le joueur prend fait et cause pour certaines des motivations exprimées par le héros, mais peut aussi désapprouver quelques-unes de ses réactions. Surtout, émotionnellement impliqué, il vibre à chaque fois que son baroudeur préféré est en danger.

La recette est mise au service d'un titre qui cultive savamment son caractère cinématographique. Si Drake a toujours besoin de son arme et de ses poings pour vaincre l'adversité -la vue à la troisième personne est plus stable que jamais-, les cinématiques et les séquences faisant appel à des QTE (quick-time event, des séquences dans lesquelles il s'agit d'appuyer au bon moment sur la touche indiquée à l'écran) sont particulièrement bien mises en scène, et interviennent en général pour faire évoluer l'intrigue vers un nouveau niveau. Le rythme de la narration, également, n'est plus totalement celui du jeu vidéo. Le titre, à l'image de son prédécesseur Uncharted 2, ménage des pauses dans l'action, invite à la réflexion, crée même des temps d'attente au fil desquels le héros ose l'introspection. La culture vidéoludique voudrait qu'un jeu aille crescendo vers son épilogue. Ce n'est plus nécessairement le cas ici: Uncharted 3 se construit comme un bon blockbuster des salles obscures, avec son allure en dents de scie -au risque de débuter sur une scène un peu faible, même- et son sens du twist qui relance l'intérêt à intervalles réguliers.

Cette sensation de jouer à un film ne serait pas possible sans une réalisation capable de donner l'illusion du réel, partant. Mais c'est aussi le bénéfice de cette génération ludique que de parvenir désormais à créer l'illusion. Dans Uncharted 3 plus encore qu'ailleurs: la réalisation, souvent superbe, parfois proprement fabuleuse (le désert est l'une des scènes les plus impressionnantes à avoir vu le jour sur PS3), bénéficie d'une 3D impeccable, et d'un sens de l'esthétisme dans la restitution des environnements qui frise le sans-faute. Les personnages, également, semblent vivants, ont perdu en grande partie cet aspect un peu cireux qui gâchait légèrement l'expérience dans un passé pas si lointain.

Uncharted 3 souffre, certes, de quelques faiblesses, retombant notamment dans les travers d'un jeu classique sur ses derniers niveaux, trop consacrés à l'action, ou souffrant ici et là de quelques incohérences scénaristiques risibles. Mais Naughty Dog, qui a développé le titre, a très largement rempli sa mission: celle d'offrir une grande et belle aventure à des joueurs qui, en compagnie de Drake, Sully, Chloé, Helen et Charlie, vibreront à l'unisson... comme s'ils regardaient l'une des aventures d'Harrison Ford à la télévision. La PS3 s'offre ici l'une de ses plus belles exclusivités de la saison.