Rare bouffée d’oxygène récréative appartenant au codex uniforme d’Hideo Kojima (dominé par MGS), la série Boktaï semble désintéresser (ou du moins le feint-il, on ne sait jamais sur quel pied danser avec cet as de la com’) le game designer le plus en vue de la planète. C’est à l’occasion d’une session d’informations promotionnelles appelée Kojima Station dans laquelle il répond notamment aux questions de ses fans, que l’homme a plus ou moins écarté l’idée de réaliser une suite dans l’immédiat. Mais si une de ses équipes est partante pour reprendre le développement sur une console indéterminée, le créatif ne s’y opposerait pas.  
 
Toute petite par sa taille, car destinée à la Gameboy Advance, le premier volet de Boktai: the sun is in your hand a été commercialisé en 2003 avec succès. Comme à son habitude, ce titre servit de prétexte à Kojima d’expérimenter les multiples points d’entrée de la GBA avec l’environnement du joueur afin d’en transcender l’aspect ludique. Et pour me paraphraser, voici quelques extraits de l’article qui lui est consacré dans le spécial Hideo Kojima en cours de réédition chez Nintenboy Editions :
 

 

Hideo Kojima a souvent signé ses jeux un peu à la manière d'un cinéphile qui récite ses films fétiches avec un penchant prononcé pour l'infiltration. Chez lui, ses franchises riment avec bouillonnement métaphysique jusqu'à se perdre parfois. Alors quand ce surdoué se met au défi de dépoussiérer l'action-rpg sur console de poche, on plonge dans l'intrigue d'un créateur définitivement insaisissable : « La conception d'un titre sur format portatif exige de vous une manière différente de travailler » déclare-t-il évasif au magazine Edge. Mais c'est assez pour titiller la curiosité des fans.

Un concept qui ne ressemble à rien de connu nourrie d'une mise en scène vivante sans toutefois chercher le spectaculaire. Ainsi, le joueur est accompagné du gazouillis des oiseaux s'il joue le matin, doit éviter une trop longue exposition au soleil afin de se préserver de la surchauffe de son arme (et par conséquent d'écarter tout risque d'insolation bien réelle cette fois). Un fourmillement d'idées inédites prenant une consistance particulière à la faveur de fréquents croisements de références que Kojima affectionnent (les exclamations des monstres semblables à celles des soldats de MGS, certaines cartes aperçues dans MGS Acid...) évitant ainsi l'exercice de style et ses artifices discutables.

On reconnaît volontiers à Kojima son incroyable talent et sa divine facilité à croquer des concepts ludiques traversés par ses multiples autres créations déjà bien installées. « S'essayer à un nouveau genre n'est pas chose aisée, l'expérimentation permanente est la règle d'or pour concrétiser mes projets » confie le volubile créatif au magazine Nintendo Power. Avec cette gestion du soleil, il imprègne à Boktaï un supplément d'âme, quelque chose d'organique à sa chose programmatique.