Face aux tempêtes médiatiques qui l’accablent, Nintendo cède souvent à la tentation de l’autruche... Jusqu’à l’épreuve des conférences financières lui donnant l’occasion de rebondir sur les sujets qui fâchent et de démolir les fausses évidences. Rompu à cet exercice et porté par des résultats positifs, le président Satoru Iwata retrouve du mordant pour tailler en pièces les prophéties de café de commerce.
 
« La situation du marché des plates-formes dédiées au jeu vidéo est exagérément décrite comme désespérée, contrastant avec la popularité écrasante des smartphones » dit-il en préambule de son oral. Les studios spécialisés mobile se targuent en effet d'être les nouveaux rois du marché ludique. Une assertion contestée par l’homme fort de Nintendo qui veut pour preuve les perspectives commerciales solides attendues pour quatre titres 3DS (SSB, Yokai Watch, Monster Hunter 4, Pokémon Ruby/Omega) capables de dépasser largement le seuil des deux millions d’exemplaires à court terme. Un couronnement qu’Iwata résume par une lapalissade : « Les jeux sur consoles sont une terre d’opportunités ».
 
Assez étonnant, la question de la protection régionale des consoles Nintendo a été débattue avec les investisseurs et actionnaires. Le géant japonais entretien son image de société conservatrice à l’heure où la concurrence abandonne ce dispositif jugé passéiste par une frange impatiente de joueurs. Cependant, plus qu’une pratique décidée en haut lieu, ce verrou territorial est une condition de marché s’imposant au constructeur : « Une contingence du département ventes [...] une dérégulation soulèverait diverses problèmes [...] je suis dans l’incapacité de me prononcer sur cette question, (mais) c’est une donnée que nous débattrons dans un proche avenir » élude Iwata.
 
Accompagné de Miyamoto lors de ce débriefing trimestriel, ce dernier s’est attaché à rassurer sur l’élasticité du calendrier de sorties des titres Nintendo. Le passage à la haute définition a redéfini le processus de développement des jeux occasionnant des retards considérables dans l’agenda Wii U. L’année 2013 est à ce sujet la triste illustration de cette réorganisation. Mais c’est de l’histoire ancienne promet le créatif : « Nous avons d’ores et déjà parachevé l’étape d’apprentissage de nouvelles techniques de production » avec en bénéfice « une diminution des délais de développement. » Autre moyen de boucher les trous calendaires, le spin-off ! Les franchises majeures de Nintendo seront déclinées en multiples épisodes parallèles si bien que « nos clients n’attendront pas trois ans pour jouer à certaines franchises. »
 
Enfin, Nintendo a l’intention d’approfondir sa stratégie d’externalisation plutôt que grossir ses propres effectifs. Le but ? « Créer une abondance de jeux » sur consoles appartenant au fabricant.