Au lendemain de résultats financiers en trompe l'oeil, les hauts dirigeants de Sony montent au créneau pour tenter de dissiper les doutes sur les capacités du géant japonais à rebondir. Le timing est parfait. Avant-hier, les pré-annonces associées au décrochage de la Une de Game Informer... Aujourd'hui, une leçon de bonne gestion par le directeur financier. La préparation d'une nouvelle console pèse lourdement sur les comptes d'un constructeur avant que celle-ci puisse dégager de confortables marges bénéficiaires. Spécialement pour le fabricant qui se risque à développer ses propres processeurs. La position quasi-monopolistique de Sony durant deux décennies (PS1/PS2) avait permis de renflouer les énormes dépenses d'investissement en Recherche et Développement (R&D) et ouvertures d'usines d'assemblage.

La perte de son leadership mondial pendant l'ère PlayStation 3 aura coûté cher au groupe japonais : « lorsque nous l'avons lancée sur le marché, explique Masaru Kato, nous avons enregistré une marge négative conséquente sur chaque unité vendue. C'est seulement après quelques années que le coût de production unitaire a entamé un fléchissement, mais l'investissement initial était très élevé car nous avons dû concevoir la puce Cell à partir de zéro ». Le directeur financier parle de « centaines de millions de dollars ». Et cette charge n'est rien en comparaison d'autres postes de dépense : « nous avions dû investir dans le développement de la technologie de fabrication [...] couvrir les dépenses en capital [...] l'ensemble s'est élevé à des milliards de dollars ».

Financièrement pris à la gorge, Sony aura eu toutes les peines du monde à justifier aux yeux du joueur le prix discriminant de la PS3. Ce n'est qu'à la condition express d'un déshabillage de la console (design et disque dur) que l'extrême rigidité du prix à la baisse a été inversée. Pour ne plus revivre une situation aussi étouffante, Sony a modifié « en profondeur sa stratégie » souffle Kato. Désormais, Sony s'équipe sagement auprès des fondeurs et assembleurs en apportant toutefois « notre propre technologie ». Le bénéfice est double pour le groupe japonais. La technologie éprouvée ailleurs est bon marché tandis que les développeurs du monde entier sont familiarisés avec un jeu d'instructions standardisé. Le budget R&D grèvera donc les comptes de la société dans des proportions infiniment moins grandes que le cycle dernier. Une victoire sur elle-même qui aura commencé avec l'éviction de Ken Kutaragi, désigné responsable de ce fiasco financier.

source : PlayStationline.com