Préambule

Parmi mes passions il en est une que je ne mets pas assez en avant sur ce blog, et pourtant Dieu qu'elle est importante pour moi, les jeux-vidéos. Ok, il y a un clin d'œil timide de ci-de là avec des fanarts taquins ou des petites news, mais je me rends bien compte que je n'ai pas assez rendu hommage au dixième art.
Réparons tout de suite cet impair et de la plus "patriotique" des manières (enfin, manière de parler hein !)

Here come some new challengers

Watch Dogs, Beyond : two souls et plus récemment Remember me... Trois jeux aux titres anglicisants mais définitivement français (tout du moins de par leurs studios d'origines). Je ne commettrai pas l'affront pour vous et pour eux, de rédiger un article juste pour relever de la paternité gauloise de ces trois titres intriguant car ils sont bien plus qu'une étiquette nationaliste.
Je vais donc tâcher de vous faire passer mon ressenti quant à ces productions qui titillent tant mon intérêt dans un premier temps :

-Watch Dogs : La claque recto-verso de l'E3

Ubisoft fait très très mal ces derniers temps. Non content de conforter la place d'Assassin's Creed en tant que licence majeure de paysage vidéo ludique, l'entreprise se permet de prendre des risques en proposant de nouvelles IP (pour propriété intellectuelle : licences) détonantes comme l'horrifique ZombiU (enfin, il s'agit du come-back de leur premier jeu techniquement).
D'ailleurs, c'est fou comme le terme propriété intellectuelle sied bien à Watch Dogs, tant ses mécaniques de gameplay et son game-design semblent "intelligents". Tout du moins c'est ce que j'ai pensé après avoir visionné cette vidéo de présentation de l'E3 2012 :

Oui, pour l'instant le jeu est plus de l'ordre du fantasme avec sa date de sortie floue et sa réalisation graphique venue du futur, mais la promesse est bien tangible : pour mener vos missions à bien, vous devrez analyser votre environnement et utiliser votre batterie de capacités de hacking pour lui faire adopter les meilleures dispositions à votre égard comme prendre le contrôle des feux de signalisations pour influer sur le trafic routier (pratique en cas de poursuite).

Mais pour moi, c'est la collecte d'informations via les différents devices des PNJ qui donnera toute sa saveur au jeu, en ajoutant en cohérence à la progression et en nous renvoyant l'image d'une société où nos données sont en perpétuelle circulation entre différents supports plus ou moins sécurisés. Supposer des interactions de petits malins avec celles-ci pour les plier à leur volonté est donc tout à fait probable dans un avenir proche. Mais ce n'est pas forcément parce qu'on peut se défiler de l'affrontement comme une fouine 3.0 qu'il faut le faire, et Ubisoft a l'air de nous avoir gâtés en nous proposant des phases d'actions plus traditionnelles, servies par une mise en scène shootée à la "Badassiline" option slow-motion.

 

Ces différences d'approches et la possibilité de les combiner pour parvenir à vos fins peut donner une tout autre dimension à l'idée que l'on se fait d'un GTA-Like. Parce que, oui, le jeu semble être construit pour être arpenté en toute liberté, même si nous pouvons supposer que la structure s'approchera plus d'un Mafia que d'un San Andreas : on sera libre dans ces déplacements, mais pas totalement "livrés à nous même".

En l'état actuel, les éléments montrés sont encourageants (en tout cas pour moi),  mais ne peuvent servir à nous faire un avis définitif, surtout que d'autres éléments de gameplay restent drapés de mystères, comme ce "transfert" d'un personnage à l'autre à la Nomad Soul en toute fin de la vidéo du salon.

Comme nous parlons de Nomad Soul, la transition est toute trouvée vers le prochain jeu de David Cage et de son studio Quantic Dream, toujours dans la thématique des vagabondages de l'âme.

-Beyond : two souls : L'expérience métaphysique

Si on peut dire une chose sur les jeux de David Cage, c'est qu'ils ont un fort potentiel "percutant". Ils ont, comme qui dirait, une capacité à "susciter de vifs sentiments dans la communauté des joueurs (et même au delà) : les jeux Quantic Dream marquent, en bien ou en mal. Comme piste d'explication à ces sentiments extrêmes, on pourrait déjà citer la manière toute particulière dont la "Dream team" de Cage aborde la création vidéo-ludique. On a justement l'impression que la définition de "création" revêt chez David Cage son aspect le plus pur.

C'est simple, il n'a de cesse de tordre les "postulats" du jeu vidéo pour les remodeler (de manière contre-nature pour certains ou génialissime pour d'autres). Qu'il ait été établi qu'un QTE est un élément ponctuel dans un jeu apportant un semblant d'interactivité dans des scènes normalement statiques, vous verrez notre homme en faire la clé de voute d'un de ses softs (Heavy rain).  Behind : two souls n'a pas l'air de déroger à cette règle comme nous l'annonce David Cage en personne lors d'une interview menée par le très zen Julo :

Interview David Cage - Beyond : Two Souls - par Gameblog

Présenté comme cela, ça a l'air obscur, mais tout n'a pas été montré et d'après une vidéo de l'E3 leakant plusieurs phases de gameplay, l'insertion de cette feature n'est pas si illégitime que ça dans la progression de notre héroïne. Nous incarnons en effet Jodie Holmes, une jeune fille traquée par les forces spéciales, sûrement pour ses capacités peu orthodoxes sur une tranche de vie s'étendant sur...15 ans !!! Dans les faits nous alternerons des phases de fuites désespérées mixant QTE et gameplay traditionnel (ça m'a fait un peu penser aux jeux Walking Dead en plus punchy) sous les traits de la juvénile Ellen Page, motion-capturée pour l'occasion et d'autres désincarnées durant lesquelles l'environnement sera à la merci de notre sixaxis... et de nos pulsions destructrices.
J'entends déjà les cliquetis des armes des défenseurs et détracteurs de cette originalité s'entrechoquant sur les forums à la sortie du jeu. Mais bon, le jeu vidéo c'est avant tout une histoire de passion, et si le travail de créateurs réussit à déchainer les passions, quelle que soit leurs orientations, le pari n'est-il pas déjà un peu remporté en un sens ?

Prenons l'exemple d'Heavy Rain, le jeu a connu un réel succès médiatique (mise en avant dans des shows de grande audience comme le grand journal, critiques élogieuses de journaux dits sérieux etc.), mais aujourd'hui encore, nombreux sont ceux qui n'ont pas été happés par cette expérience si particulière et qui adoptent une position méfiante face à la vision du jeu vidéo du sieur Cage.

Ce que personne ne peut lui reprocher en revanche (quoique, j'ai entendu 2-3 remarques assassines de ci-de là), c'est le soin porté à la réalisation graphique de ses bébés : chacune de ses créations en son temps a tenté de marquer les esprits par son "âme", mais aussi par son "enveloppe charnelle" alléchante,  notamment par une recherche constante de la modélisation faciale la plus poussée possible. Heh, ne dis-t-on pas que le visage est le miroir de l'âme ?
Tout cela additionné au sens de la narration de David Cage présage un fort  potentiel émotionnel de cette fuite désespérée en avant d'une femme qui a de fortes chance de finir brisée aussi bien physiquement que mentalement.
Pour ma part, j'attends ce Beyond : Two Souls avec une impatience non feinte, ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de flirter avec de la métaphysique vidéoludique !

-Remember me :

Présenté timidement il y a plusieurs mois de cela sous le nom de projet "Adrift" ("à la dérive" dans la langue de Barney Stinson), le jeu du studio parisien Dontnod a signé lors de la dernière Gamescom un retour remarqué avec de nombreux médias et un éditeur dans la foulée, et pas des moindres, Capcom. Je ne vais pas m'épancher sur le passif du projet et de l'exclusivité abandonnée par Sony (pour des raisons plus conjoncturelle que par choix affectif), mais j'ai envie de dire "bien joué messieurs de chez Capcom". Bien sûr, je ne m'avancerai pas en disant qu'ils ont décroché un jeu qui marquera l'histoire vidéo ludique (je suis trop lâche prudent  pour cela). Ce que je salue, c'est le fait d'avoir donné la possibilité à un projet en gestation depuis un petit moment (2007) de voir le jour, après à Dontnod de transformer l'essai. Mais présentons un peu de l'essai en question :

Peu de temps après un remake particulièrement bullshiteux de Total recall, je comprendrai ceux parmi vous qui auront serré les fesses à la fin de la vidéo par méfiance de l'objet qu'on tente de leur insérer. Mais avouez que le concept, encore une fois, sort des sentiers battus. Après, de l'aveu même des parents du jeu, il a fallu faire des choix et rester humble face au reste de la production (et aux réactions potentielles des joueurs sûrement). Il n'y aura pas un éventail ahurissant de choix moraux ni d'embranchements scénaristiques sinueux dans Remember me. Et alors ? Il n'y en avait pas dans les classiques du jeu vidéo sur lesquels les plus vieux d'entre nous se sont aiguisés les pouces. Ce qu'il y avait en revanche, c'était de la passion et de l'inspiration, deux qualités dont les gars de Dontnod ne semblent pas manquer, à commencer par leur illustrateur, Aleksi Briclot (Spawn les architectes de la peur, illustrations pour les cartes Magic...).

Il aura su nous bâtir une ville de Paris futuriste, oppressante dans sa grandeur et par ses gênantes réalités. Ses réalités, c'est la digitalisation et la chosification des souvenirs : votre mémoire peut-être échangée grâce au service de Memoreyes, l'entreprise dominant la scène économique en 2084.
La mémoire devient un bien comme un autre et peut-être de ce fait volée ou ré-agencée. Ces interactions, éthiquement discutables, sont réalisées par des chasseurs de mémoire, Nilin, l'héroïne que les joueurs incarneront, fait partie de l'élite de ce corps.

"Le clou qui dépasse se fait taper sur la tête". Une énième fois, cet adage se vérifie : à être trop bonne (je parle de ses capacités, pas de sa plastique...quoique...), Nilin finit par effrayer Memoreyes qui lui appliquera le même traitement qu'à ses cibles habituelles. C'est donc dans la peau d'une femme amnésique et passablement énervée de s'être fait poignarder dans le dos que nous débuteront le thriller mémoriel Remember me. La ligne directrice du jeu sera la récupération de la mémoire de Nilin et pour ce faire il va falloir casser pas mal de bouches grâce aux capacités martiales de Nilin, mais surtout grâce à sa capacité à pénétrer dans la tête des PNJ et à pouvoir remixer leurs souvenirs.
Illustration tout de suite avec une vidéo de gameplay :

Wait and see...

Etat des lieux :

Watch Dogs est prévu pour 2013 (sans date fixe) sur PC et  sur les consoles Sony et Microsoft.

Beyond : Two souls n'a pas encore de date de sortie officielle et sera exclusif à la PS3.

Remember Me est prévu sur PS3, Xbox360 et PC pour mai 2013.

"En France on n'a pas de pétrole, mais on a des idées !"

Derrière cette citation forte en chauvinisme se cache une certaine vérité, pas propre aux descendants des gaulois, mais propre aux passionnés qui ont des idées à revendre et ce, peu importe les moyens qui leurs sont octroyés. Les trois jeux présentés ne sont pas simplement des jeux estampillés NF ou plutôt "Le-game", ce sont des jeux d'esprits en ébulitions, nourris par une multiplicité d'œuvres culturelles issues d'un métissage de consommation.

C'est ce fait qui ramène à une caractéristique dont la France peut être fière : l'accès à la culture. Cet accès qui permet un contact basique avec la culture via l'éducation nationale et des mesures et infrastructures publiques est comme la braise qui, si elle est attisée dans l'âtre de notre esprit, donnera naissance à un feu créatif qui bénéficiera à tous. Hugo et Carey dans leur logique de "don contre don", stipulent que l'auteur est redevable à la société de son invention car c'est elle qui lui a donné les "armes" pour créer (après ils partent dans un délire autour de la restitution à la collectivité de cet emprunt qui dérange un peu mon côté de sale libéral). 

To Be Continued...

oui, je m'arrête comme ça, brusquement, parce que ça commence à faire long, même si vous lisez par à-coups. Je vous proposerai la suite du dossier dans les prochaines semaines, en attendant, merci de m'avoir lu.

P.S : Je n'ai pas parlé de ZombiU car Ubisoft avait déjà son représentant avec Watch Dogs, mais on n'est pas à l'abri d'une thématique spéciale dessus.