Préambule : Hier je vous annonçais être victime d'une certaine poisse. Ici vous aurez l'insigne honneur de voir les dernières photos de mon appareil photo numérique. Depuis hier, l'objectif refuse de s'ouvrir depuis pour une raison que je n'arrive pas à déterminer. Monde de merde ! (© Georges Abitbol)

Depuis quelque temps, pour des raisons personnelles, de passion et de projets d'avenir (:) !), je m'intéresse à la question de l'arcade qui est vraiment un sujet passionnant à défricher tant au final les joueurs connaissent si peu ce milieu, et qu'ils ont beaucoup à apprendre sur ces coulisses, son organisation. Ce que je voudrais faire aujourd'hui, c'est d'essayer de montrer à quoi ressemble une salle d'arcade actuelle. Les fainéants qui ne veulent pas lire l'article de façon complète, les photos sont à la fin ;)

Un petit (bas, diagonal, gauche) poing sur la situation de l'arcade actuelle

Il fut un temps que les jeunes de notre temps en France ne peuvent pas connaître. Celle de la salle d'arcade, ou même de la borne qui traînait dans un café empestant la fumée ou dans les fêtes foraines qui passaient dans les villages. Un temps révolu désormais. Ce n'est pas l'ouverture de l'Arcade Street en 2011 ou la résistance de Neo-Arcadia à Toulouse, voire la passion de Game Spirits à Lyon ou la récente rénovation de la Tête dans les nuages qui permettent d'infirmer cette tendance pour citer les quelques salles que j'ai eu la chance de fréquenter.

Vivre uniquement de la borne de jeux est aujourd'hui très difficile. D'ailleurs, généralement quand on trouve des bornes d'arcade une autre activité n'est jamais loin : cinéma, bowling, voire vente de jeux ou restaurants. Les gens ne se déplacent plus vraiment pour aller jouer. Ils ont leur console chez eux. S'ils y vont, c'est pour utiliser des simulateurs qu'ils ne pourraient pas posséder en temps normal, ou parce qu'il y a un tournoi, chose que le VS Fighting et  notamment Street Fighter IV a su lancer dans sa proportion dans nos contrées.

On parle ici de marginaux (même si la Tête dans les nuages se targue d'être la plus grande salle d'Europe). Ce qui se produit ici en France, à savoir des bornes de jeux vidéo qui s'alignent les unes à côté des autres pour uniquement jouer, est un peu une exception (j'ajoute aussi avec le Japon, mais là-bas, le marché demeure très particulier, et n'en connaît pas moins la crise ; en outre les salles d'arcade alignent toujours d'autres types de machines que de la borne vidéo). Vous allez comprendre pourquoi.

Le jeu vidéo en arcade, mort et presque enterré

C'est un triste constat pour nous joueurs, mais un constat qu'il faut faire. Le jeu vidéo en arcade est aujourd'hui une denrée rare. Les nouveautés majeures dans la vidéo se font de moins en moins nombreuses, à tel point qu'un jeu qui sort sur borne d'arcade est un événement en soi. Elle tient lieu d'une considération économique. Fabriquer une plaque logique qui va abriter un jeu revient cher et est un investissement aussi bien pour l'éditeur que pour l'exploitant (celui qui va acheter la plaque et la mettre au service du public). Si on veut que cet investissement soit rentabilisé, il faut qu'il y ait des débouchés. Or la désertion des consommateurs couplée au coût nécessaire pour produire un jeu vidéo et sa maintenance rend la tâche aujourd'hui ardue si ce n'est impossible. S'insère alors un cercle vicieux où disparaissent les salles de jeux et jouer devient difficile.

Observez quand vous êtes dans une salle d'arcade et dites-moi un jeu sorti depuis un an qui s'y trouve. Si vous en trouvez plus d'un, je vous donne un carambar !

L'avenir de l'arcade

C'est bien simple, les éditeurs de contenus ne s'intéressent plus vraiment au jeu vidéo pour les salles de jeu. Il devient de plus en plus difficile de faire de l'argent avec. Jusqu'au début des années 2000, l'arcade avait toujours cet avantage sur les consoles et les PC : des graphismes et des plaisirs de jeux différents, rapides, instantanés, que l'on ne pouvait retrouver tout de suite chez soi, à cause du coût du matériel. Dans les faits, le jeu vidéo en arcade a toujours bâti son business modèle sur cette volonté d'avance et d'impossibilité d'avoir les jeux chez soi, depuis Pong jusqu'à aujourd'hui et les énormes simulateurs.

Néanmoins, cette façon de vendre les choses s'est érodée pour les consommateurs qui ont trouvé au fur et à mesure de l'évolution des machines domestiques des expériences similaires à la maison, sans avoir à se déplacer chez soi, d'autant plus qu'ils possédaient le jeu pour eux-mêmes (cela devient moins vrai quand même avec la dématérialisation ou quand un éditeur vous demande d'être constamment connecté sur le web pour pouvoir jouer et vérifier que vous êtes de gentils joueurs pas vilains pirates). Au final, une partie des gens ne veulent plus venir pour simplement jouer ou s'amuser dans les salles d'arcade. En outre, le coût d'une partie dans nos contrées parait incroyablement prohibitif.

Le jeu vidéo n'est plus l'avenir de l'arcade. Cette phrase peut sembler à la plupart des joueurs contradictoires tant jeux vidéo et arcade étaient devenus des notions synonymes ; l'apparition des premiers avait supplanté toute machine automatique s'y trouvant, à tel point qu'il en était devenu le roi des salles de jeu et des cafés. D'ailleurs, j'avais été surpris l'hiver dernier en observant des gens dans un bowling s'affronter pour savoir qui avait le plus de force ou qui tapait le plus fort avec un marteau. Pas un seul n'est allé tâter une des bornes de jeu présentes dans la salle (et il y avait du beau entre Rambo et Dance Dance Révolution) Aujourd'hui, ce qui ferait venir les gens dans les salles de jeux, c'est le... ticket !

Un ticket et une peluche SVP !

Attention, je ne dis pas n'importe quel ticket. En fait, il s'agit de collecter des coupons pour gagner un éventuel lot (peluche, porte-clef). Toutes les bornes y passent. Cette réalité, je ne la connaissais pas du tout jusqu'à un entretien que j'ai eu avec une ancienne ponte du milieu arcade en France en janvier dernier. Quand il m'a montré les diverses photos des catalogues étrangers, je me suis montré assez dubitatif. Je me trouve actuellement en Egypte et sur ce que j'ai vu, je dois dire qu'il avait vraiment raison.

Bon, vous me direz que l'Egypte n'est pas un pays comme la France, la majorité de sa population est pauvre et n'a pas forcément accès aux divers besoins de la vie courante. J'ai été très étonné moi-même de trouver une salle d'arcade là-bas (je viendrai sur les façons qu'on a pour jouer aux jeux vidéo, c'est un peu étonnant pour nous  occidentaux !). Mais cette salle d'arcade était la description exacte que m'en avait fait la personne que j'avais rencontrée en janvier à savoir :

- Des tickets omniprésents

- Assez peu de bornes et plutôt en général des gros simulateurs qui prennent beaucoup de place
- Une prépondérance des jeux mécaniques, entre UFO catcher, des "jeux vidéo" à l'interface simplifiée (un bouton en général), des jeux où il faut montrer sa force en frappant avec un marteau ou son adresse, en marquant des paniers.

En France, on a simplement du mal à se rendre de la réalité du ticket, simplement parce que la pratique du jeu à gain est interdite par une loi de 1984, à l'exception des fêtes foraines...

Bref, suivez le guide !  

 

Vue d'ensemble de la salle d'arcade que j'ai rencontrée en Egypte. Les photos sont pris un peu à la volée...

Parmi les bornes jeux vidéo, j'ai compté Ford racing, un Time Crisis 4 dans sa version double écran, un House of Dead 4 tout riquiqui, et une simulation de moto (photos ci-dessous)

Il y avait aussi quelques jeux au gameplay plus simplifiés et qui étaient construit sur la remise du ticket en fonction du score effectué :

Et voici l'indécrottable Frogger dans une version parue en 2011 je crois. Rien que pour AHL, je ferai un test tien :p Notez en haut à gauche de la photo combien de tickets vous pouvez gagner avec cette borne. 

Enfin on trouve les bornes électro-mécaniques que j'avais évoqué plus haut :

Avec le marteau, il faut une sacré force pour gravir les sommets ! Notez l'UFO catcher et la machine où il faut pousser des pièces pour gagner en arrière-plan.

Et un petit Air Hockey pour la route. Bon pas de ticket à gagner quand même, mais je trouve ce jeu toujours fun à jouer et il est encore aujourd'hui l'un des plus faciles à rentabiliser pour une salle de jeu. Ce qui est loin d'être le cas pour un jeu vidéo. 

Bref, je ne pense pas qu'on voit arriver pour l'instant ce genre de bornes à tickets en France, sur un marché qui est en train de mourir. Les débouchés de l'arcade sont les pays émergents, là où les gens ne peuvent pas posséder chez eux de consoles de jeux. L'apparition de tels tickets vient tout de même changer l'esprit du pourquoi on va dans une salle d'arcade : plus s'amuser, plus par pur jeu de faire péter le hi-score, mais gagner un gain. 

Je conclus par une anecdote amusante. J'ai eu le temps de tester un seul jeu musical, où il fallait appuyer sur des gros boutons (j'arrive plus à mettre le nom sur le jeu japonais à l'origine du concept :/) pas vraiment folichon. Et là, d'un coup le jeu s'est arrêté. Et toutes les bornes ont fait de même. La salle s'est assombrie. C'était midi, l'heure de la prière O_O