Fiche technique
Réalisateur : Ben Affleck
Avec : Ben Affleck, Rebecca Hall, Jon Hamm, Jeremy Renner
The Town
Policier, U.s.a (2010), 123 minutes
Sortie le 15/09/2010

Synopsis

Doug MacRay est un criminel impénitent, le leader de facto d'une impitoyable bande de braqueurs de banque qui
s'ennorgueillit de voler à leur gré sans se faire prendre. Sans attaches particulières, Doug ne craint jamais la perte d'un être cher. Mais tout va changer le jour où, lors du dernier casse de la bande, ils prennent
en otage la directrice de la banque, Claire Keesey.
Bien qu'ils l'aient relâchée indemne, Claire est nerveuse car elle
sait que les voleurs connaissent son nom... et savent où elle habite.
Mais elle baisse la garde le jour où elle rencontre un homme discret et
plutôt charmant du nom de Doug....ne réalisant pas qu'il est celui qui,
quelques jours plus tôt, l'avait terrorisée. L'attraction instantanée
entre eux va se transformer graduellement en une romance passionnée qui
menacera de les entraîner tous deux sur un chemin dangereux et
potentiellement mortel.

Intro :
Après avoir réalisé l'adaptation de l'excellent « Gone baby gone »
tiré du livre de Dennis Lehane au cinéma, Ben Affleck ancienne cible des tabloïds et considéré par beaucoup de ses détracteurs comme étant un
comédien de seconde zone nous revient avec « The Town ». Seulement
depuis qu'il est passé à la réalisation en 2007, Ben Affleck dévoile
petit à petit un visage que l'on n'aurait jamais deviné il y a quelques
années, celui d'être un excellent réalisateur de cinéma.
Il dit lui-même avoir eu le déclic après avoir brillamment incarné
Georges Reeves dans le très bon Hollywoodland. Jouant un personnage fort émotionnellement dans un registre dramatique, Hollywoodland réalisé par Allen Coulter lui a valu d'être nommé en tant que meilleur
interprétation masculine à la 63ème Mostra de Venise. C'est une voie que l'acteur décide donc de suivre en passant derrière la caméra avec «
Gone Baby Gone » où il dit avoir décidé d'affronter « le mal absolu » à
travers le rapt d'enfants mais aussi les thèmes forts de la
maltraitance. Malgré un succès critique plus que public il nous tardait
de savoir se que valait Ben Affleck surtout lorsque l'on a apprit en
2008 que son prochain projet lui fera porter la double casquette
d'acteur et de metteur en scène.

Ma ville, mon sang :
Entièrement tourné à Boston au coeur du quartier de Charlestown
(ville au record mondiale de braquage à main armé), Ben Affleck se sent
alors comme à la maison. Le réalisateur immortalise après « Gone baby
gone » se qu'il connaît le mieux, sa ville, ces habitants et ses
bas-fonds. En réalité « The Town » fait parti de ces films qui
n'existent plus sans l'ambiance que peut apporter une ville au sein d'un récit. Une mise en image pleine de vie, où le réalisateur filme chaque
rues, chaque figurants hommes femmes et enfants avec justesse. On sent
Ben Affleck particulièrement attentionné, portant énormément d'affection à travers ces différents portraits à l'image de l'introduction de «
Gone Baby gone », tout juste sublime !

Réalisation/Interprétation:
Après les premières photos et la diffusion des bandes annonces, la
presse vend le film comme étant le nouveau « Heat » réalisé par Michael
Mann en 1995 que l'on ne présente plus. Pourtant en ressortant de la
projection on constate que ce n'est définitivement pas le cas. Une
étiquette de comparaison que le film va devoir malgré lui trainer
pendant un moment car oui « The Town » ce présente effectivement comme
un film policier qui raconte une histoire de braqueurs saupoudré d'une
love story, mais les intentions de Ben Affleck sont ici clairement
différentes. Le réalisateur préfère en effet situer son histoire dans un contexte sociologique intimiste à travers le portrait d'une communauté. C'est ici que Ben Affleck est intelligent car il évite déjà de se
prendre pour ce qu'il n'est pas et par la même occasion il évite surtout de tomber dans les sentiers banalisés du genre. Prenant effectivement
pour file rouge les codes des films de braquages, laissant très vite
place au vrai coeur de « The Town » qui en réalité, se pose davantage
plus comme un drame familial et humaniste.
En ce qui concerne la réalisation, il est intéressant de voir la
nette évolution du jeune réalisateur. Toujours avec un certain sens du
détail, la mise en scène de Ben Affleck s'avère sobre mais efficace dans la droite ligné de « Gone Baby Gone ». Les trois grosses séquences
d'actions sont toutes de très bonnes factures car lisible, bien découpé
servit par une incroyable intensité (l'introduction fou littéralement
une claque en pleine tronche). De même que la séquence de braquages où
nos antihéros sont déguisés en bonne-soeur, une scène impressionnante
par sa qualité et son sens du rythme avec une chute absolument géniale
car complètement inattendu et drôle en même temps. Pour une deuxième
réalisation, Ben Affleck livre avec « The Town » une copie presque sans
failles, montrant une réelle maitrise de l'espace, de la narration et du rythme car les 2h filent vraiment à toute berzingue !

En prenant soin de sa réalisation, Ben Affleck prend aussi soin de
sa direction d'acteur. Après avoir été nominé dans « Démineurs », Jeremy Renner profite une fois de plus de son physique de type « sympa, bonne
gueule » pour jouer les durs à cuire. A travers James Coughlin (frère de coeur du héro), Jeremy Renner rappel assez bien l'un des thèmes chères à Ben Affleck et Matt Daemon que l'on peut retrouver dans Will Hunting à
savoir le thème de l'amitié viril. Deuxième point d'orgue du film, la
relation entre ces deux personnages est juste poignante. Il y a ensuite
la magnifique Rebecca Hall. Dans le registre classique de la femme
traumatisée, elle s'en sort plutôt bien en évitant d'en faire des
caisses mention spéciale à la scène du café. La sublime Black Lively
livre elle aussi une superbe prestation, un personnage au destin
complètement anéanti que l'on regrette de ne pas voir plus souvent dans
le métrage. Jon Hamm de la série « Mad Men » en flic prêt à tout jusqu'à la manipulation pour épingler la bande de Doug. Classique dans le
registre du policier contemporain de cinéma mais n'éprouvant néanmoins
absolument aucune compassion pour nos petit bambins braqueurs. Et enfin
Doug MacRay, héro en quête de rédemption brillamment joué par Ben
Affleck car transpirant d'authenticité. L'acteur/réalisateur livre une
belle interprétation connaissant à la perfection l'univers et le
contexte dans lesquels évolue son personnage se qui le rend encore plus
crédible.

Conclusion :
Après « Gone Baby gone », Ben Affleck vient confirmer avec « The
Town » tout le bien que l'on pensait de lui en tant que réalisateur.
Même si le métrage utilise des ressorts scénaristiques et dramatiques «
déjà-vu » on ne cesse de trouver au film un cachet unique, lié en grande partie à Ben Affleck qui a lui-même grandi à Cambridge ville voisine de Boston. Au finale « The Town » est plus une peinture de la ville dans
laquelle a grandit le réalisateur. Comme M.Night Shyamalan (6ème sens,
Incassable...) et ses histoires fantastiques ancrées dans son
Philadelphie, Ben Affleck sera dorénavant indissociable de sa petite
ville ouvrière de Boston.
Passionnant à défaut d'être parfait à l'image d'une fin peut-être un peu conventionnelle, l'acteur/réalisateur raconte une histoire de
Cinéma simple, sans prétention, honnête mais foutrement bien réalisé. A
travers sa personnalité le jeune metteur en scène nous présente les rues et ces habitants qu'il a vu grandir et à qui il rend hommage lors de
son générique de fin. Dressant une esquisse à la fois magnifique mais
tragique de sa communauté prisonnière d'une ville ou la loi du silence
règne, Ben Affleck touche en plein coeur !

Rédigé par Vincent N.Van du groupe Madealone