La Nature dans le Jeu Vidéo

 

INTRODUCTION

Nous voilà au beau milieu du printemps ! Les bourgeons fleurissent, les ballades en forêt et en campagne se font plus fréquentes, et l'on renoue enfin comme chaque année avec les bienfaits et la beauté de la nature. Le hasard fait bien les choses, car cette saison si particulière m'est apparue comme une inspiration de premier choix pour remplir les colonnes de Gameblog. « La nature ! Voilà un thème que le jeu vidéo a le potentiel d'explorer avec justesse et profondeur ! », me suis-je dis. C'est vrai qu'après tout, qu'y aurait-il de plus dense, ludique et donc propice à l'interactivité, que les écosystèmes floraux, fauniques et climatiques dont est faite la nature ? De par leur caractère aléatoire et illogique, peu ordonné et en mouvance constante, ils ne cesseraient de surprendre, d'immerger et d'émerveiller le joueur ! Sans compter qu'en plus de cela, la nature est bien souvent synonyme d'esthétisme visuel comme sonore; esthétisme qu'il serait peu pertinent de narguer, lorsqu'en tant que créateur de jeu vidéo, on cherche à donner vie à un univers dans lequel le joueur se plongera des heures durant, et duquel il ne pourra sortir satisfait que s'il aura pris du plaisir à le parcourir...

Hélas, cette vérité n'est néanmoins encore qu'une simple supputation, car force est de constater que le monde du jeu vidéo est en majorité dominé par des créations très urbaines, fermées, aux décors ternes et sans vie tels que des usines, des bureaux, des buildings, j'en passe et des meilleurs. Le plus fâcheux à mon sens, demeurant que les histoires que l'on nous y raconte, ont véritablement du mal à dépasser ce contexte résolument humanisé dans lequel on baigne pourtant déjà dans notre vraie vie, qui ne sait mettre en scène que des problématique de société, que des narrations parlées et dialoguées, que des cadres spatiotemporels familiers, et encore une fois, que des personnages humains ou du moins humanoïdes. Ce que je veux dire par là, c'est que le jeu vidéo, tout comme le cinéma et la littérature, ne rêve pas assez et n'ose pas encore s'aventurer dans une narration moins personnifiée, qui pourrait se faire plus muette et plus abstraite, quitte à être moins accessible au premier abord. Contrôler le souffle du vent comme dans Flower, ou suivre l'histoire insensée d'un pneu comme dans le film Rubber, voilà les seuls contre-exemples solides qui me viennent en tête, quand il s'agit de se départir de toute forme d'humanité dans la narration. C'est bien trop peu...

Ce « monde physique en dehors de l'homme et de ses réalisations », cet « ensemble de tous les éléments qui composent l'univers, et qui n'ont pas été modifiés par l'intervention de l'homme », bref cette nature comme elle est définie officiellement, est incontestablement une voie qu'il serait passionnant d'emprunter plus en détail pour le jeu vidéo. Bien sûr, quelques titres et auteurs ont déjà eu l'idée de s'intéresser à la nature à travers ce média, et certains concepts ont malgré tout su augurer du meilleur, en allant au-delà du simple « mon jeu se déroule en pleine nature, parce que ça fait bon genre ». Mais la route reste encore longue avant d'arriver à un résultat pleinement mature et convaincant, et des réflexions s'imposent toujours, si l'on veut espérer voir un jour le bout du tunnel. C'est pourquoi je tenterai par le biais de cet article, au fil de divers exemples que je pense pertinents, d'étudier comment la nature et ses entités peuvent servir une immersion et une émotion dans le jeu vidéo, mais aussi raconter une histoire d'une manière radicalement singulière... Allons prendre un peu l'air...

SOMMAIRE :

O Dame Nature, dessine-moi un gameplay !

-La nature, c'est l'aventure !
-Survie en milieu hostile
-Chasse, pêche et tradition

O Dame Nature, offre-moi un monde vaste, vivant et indépendant !

-I'm free !
-Logique d'un écosystème
-Au programme : étude des formules chimiques et tectonique des plaques

O Dame Nature, raconte-moi une histoire !

-Récits sauvages
-Rien que pour tes beaux yeux
-Quand la nature nous conte...