Nous entrons dans la dernière ligne droite.
En ce lundi, voici une chanson qui apporte gaieté et longue vie à quiconque l’écoutera.
Ou pas.

Nous sommes en 1976 et ce que vous voyez en ce moment même, ce sont des anglais qui vont gagner l’Eurovision.

Avec un groupe baptisé "Brotherhood of Man", le Royaume-Uni nous offre un magnifique exemple de néo-colonialisme qui préfigure légèrement en avance l’Angleterre peu engageante de Margaret Tatcher.

En se présentant comme la "Fraternité de l’Humanité" (traduction du nom du groupe), représentée par deux hommes et deux femmes aux tronches plus anglaises que le jeu d’acteur gigotant de Matt Smith, Brotherhood of Man  nous annonce dans une prophétie Nostradamusienne, que "all your bases are belong to us"  et qu’il est vain de lutter contre la patrie du démoniaque Benedict Cumberbiacht qui naîtra en juillet de la même année (ça ne s’invente pas).

Avec un cynisme consommé et une ironie plus mordante que le dentier de Christopher Lee du temps où il jouait pour la Hammer, Brotherhood of Man  nous demande de "garder nos baisers" (save your kisses for me)  et nous dit "bye bye", préfigurant par la même l’extinction de toutes les cultures pour les plonger sous le cruel règne du Commonwealth (la  dangerosité de la mondialisation par les anglais a été parfaitement démontrée par  Code Geass, oeuvre visionnaire si il en est).

Leur chorégraphie primesautière achève le spectacle de la moquerie:
Cette gigue, équivalent pudique à un montrage fessier dans la plus pure tradition de William Wallace, est le dernier camouflet que nous inflige cette perfide Albion. 

Véritable démonstration de force à l’impact politique redoutable, l’Eurovision de 1976 est la preuve que le Royaume-Uni est prêt à  réformer ses structures étatiques par le biais d'un ultra-libéralisme brutal et par la même à reprendre sa conquête du monde.
Préfigurant la prise de pouvoir de Tatcher, la Guerre des Malouines, la naissance de l’AntechristSave your kisses  nous envoi un message digne des cruels supplices de Edward Longshanks.

Il faudra toute la puissance du pack et des arrières français, l’année suivante, pour stopper les velléités britanniques sur notre sol lors d’un Tournoi des Cinq Nations d’anthologie qui se terminera par un Grand Chelem français.

On a échappé de peu à la fin du monde. L’Eurovision nous avait prévenu…