Voilà l'une des rares critiques de jeu vidéo qui tend à réfléchir autrement qu'à penser "jeu vidéo". Edge l'a faite. C'est à ce moment qu'il devient évident que le jeu vidéo ne se limite pas à un vulgaire média ou divertissement. Comme le cinéma, la littérature ou la musique, il fait passer des messages.

Je n'achète pas l'argument comme quoi nous ne devrions pas attendre une histoire sophistiquée de la part d'un Call Of Duty. Tout comme je ne pense pas qu'il y ait encore matière à clamer que "c'est seulement un jeu". Call Of Duty est la plus grande propriété intellectuelle du monde du divertissement, avec une histoire et un message qui touchent des dizaines de millions de personnes, chez eux et au-delà. Cela implique une part de responsabilité. Les parties qui constituent la campagne de Ghosts - rebondir dans l'espace, sauter entre les wagons d'un train, éviter des requins - sont divertissantes en soi, isolées du reste. Mais prises en compte au sein de l'ensemble, Call Of Duty dépeint un tableau propagandiste effrayant et de plus en plus plat pour ses joueurs, avec lequel nous ne saurions être à l'aise.

Edge

Rappelons-nous également qu'il est un acte militant d'acheter un jeu vidéo comme c'est le cas pour ce que je viens de citer précédemment. Oui, on touche alors au culturel, sans grand ménagement. Vous n'êtes donc pas innocent en achetant un jeu neuf, même si vous faites l'impasse sur son univers, vous financez le prochain.

Nous prenons l'exemple de Call of Duty, mais nous pourrions penser la même chose de Battlefield 3 et 4.

Pour allonger la sauce, on peut également se souvenir d'un certain Crysis 3 qui légitimait la violence gratuite à travers... une faune vivante et inutile. Qu'aurait-on pensé si on avait remplacé cette faune par des enfants ? Quel rapport ? On inclut des représentations vivantes innocentes avec lesquelles il n'existe aucun moyen d'interaction autre que le shooting dans un univers sérieux. C'est toute la différence avec un univers décalé qui rendra la chose si débile qu'elle contrastera avec un comportement sain.

Maintenant, plaçons ces jeux dans les mains d'un gamin de 12 ans, sera-t-il capable d'émettre un regard critique devant des jeux qui n'en émettent aucun et dirigent tant le joueur ?

Si on pense que le jeu vidéo en est encore à son adolescence, le FPS a redoublé plusieurs classes du collège.