Le jeu vidéo japonais est un monde merveilleux, un monde rempli de genres et de sous-genre. Une scène de production rempli autant de chefs-d'oeuvre que de bizarreries en tout genre. Nippon Ichi Software s'est créé une excellente réputation dans la matière de jeu de rôle atypique et hybride de ces deux genres avec notamment l'excellente licence Disgaea. Pour clôturer la semaine spéciale NIS, on va parler de leur dernière édition, Mugen Souls Z. Préparez vos pilules, mettez votre plus belle paire de lunettes étoile et sortez votre plus belle petite culotte rose et lançons nous tous ensemble dans un univers complètement borderline, à la conquête de l'espace.

Imaginez-vous dans une époque lointaine, très très lointaine ou un empire régit par une gosse de 14 ans a pris le contrôle de 7 mondes d'un univers ultracoloré. Avide de pouvoir, cette impératrice d'un nouveau genre veut conquérir l'univers voisin composé de 12 mondes. En partant à l'aventure avec son side-kick pervers, elle se retrouve par un concours de circonstances, réduite et sans superpouvoirs. "Baliverne" se dit-elle, "je vais quand même vous bouffer votre race bande de sagouins". Mugen Souls Z me fait penser à Mass Effect 2, pas par son système de tactical RPG mais plus par son introduction. Comme le Captain "Queutard" Shepard , Chou-Chou se retrouve démuni de ses pouvoirs qu'elle avait accumulés durant la première aventure, et comme le captain Shepard elle se retrouve dans un état déplorable au début du jeu, bon ok, Shepard meurt au début de ME2 explosé dans son vaisseau le Normandy, de façon beaucoup trop stylée par rapport au ridicule rétrécissement de Chou-Chou dans une tombe remplie de saloperies gluantes durant sa première sortie de son vaisseau le G-Castle. L'aventure va vous amener dans différentes planètes avec comme ambition de mettre une pâtée à tous ceux qui résistent à votre troupe.

Avec un synopsis aussi con, vous êtes bien dans une production signée par NIS, dans la grande lignée de cette maison d'édition dont la traduction anglo-saxonne est toujours gérée par NIS America et le jeu reste en version américaine dans nos contrées, voilà pour ceux qui n'aiment pas les RPG, qui ne comprennent rien à l'anglais et qui manquent d'humour au huitième degré, vous pouvez quitter désormais cette page avec honneur et fierté et n'achetez pas ce jeu, vous allez faire des conneries avec. Sincèrement, je ne suis pas un fan du genre, en faîtes je ne m'en considère pas comme un mec qui aime forcément la culture vidéoludique nippone, j'ai peut être perdu la foi il y a bien longtemps, il arrive tout de même de me faire surprendre de temps à autre notamment avec la série des Yakuza qui montrent que le jeu vidéo japonais n'est pas aussi mort qu'on le sous-entends. Bien sûr cette année YS Memories of Celceta et Toukiden redonnent un peu le sourire à cette industrie, mais Mugen Souls Z, je reste encore sceptique, c'est un jeu avec une ambiance trop joyeuse par rapport aux nombreuses choses un poil abruptes et déplacées que le jeu émane. Vous voulez des exemples ? Le jeu a failli se manger un AO aux États-Unis, pour ceux à qui ce sigle ne dit rien, il s'agit de l'abréviation de Adult Only de l'ESRB. Cette apposition interdit toute vente de ce jeu aux mineurs et la disponibilité dans les grandes enseignes, Wallmart étant le carrefour américain et à titre d'information là où se vendent en majorité les jeux vidéo aux Etats-Unis, retire systématiquement la possibilité d'acheter des jeux AO. À titre de comparaison Manhunt 2 et GTA : San Andreas se sont mangés ce classement, l'un pour ultra-violence, l'autre pour l'affaire Hot Coffee (mini jeu porno), et ces deux cas ont coûté extrêmement chère à Rockstar et Take Two.

En quoi le jeu a failli se manger l'AO ? La version japonaise proposait aux joueurs de faire des bains avec les (très jeunes) héroïnes du jeu, rien de bien méchant dans le fond sous couvert de l'esthétique globale du jeu pour couvrir la vulgarité de la chose. Quand bien même, je ne comprends toujours pas l’intérêt de ce mini-jeu, ok les censures ce n'est pas génial, on pensera à Ubisoft pour South Park cette année, mais là merde, des trucs comme ça, ça fout une mauvaise claque dans un secteur où nous joueurs sommes déjà stigmatisés comme le dernier des attardés ou gosses qui n'a jamais voulu grandir. Je me demande des fois si les développeurs ne se posent pas la question que si un homme de pouvoir politique un peu gland s'emparait du jeu, les conséquences désastreuses que ça pourrait porter sur l'image du jeu vidéo mondial ? Simplement pour un truc tout bête qui se veut drôle et potache. Vous vous souvenez de l'histoire du jeu Rule of Rose en 2005, où une rumeur venant d'Italie énonçait qu'il y avait un viol de fillette dans ce jeu, quand l'affaire venait d'être décrédibiliser par les journalistes italiens de jeu vidéo, trois sénateurs UMP complètement à l'ouest, aussi efficaces que des unijambistes dans un concours de coup de pied au cul, se sont emparés de cette fausse affaire pour essayer de bannir les jeux vidéo en France, ce genre de connerie peut partir de vraiment très peu de choses. Mais encore heureux que de une, la chose a été supprimée pour la version internationale, et que de deux le jeu sort dans une confidentialité ultime, bordel, j'ai jamais vu un jeu autant passer sous le radar dans nos contrées, pas de marketing, pas de trailer flamboyant, il n'a même pas de fiche sur Mobygames, LE Imb du jeu vidéo. Pourtant même si le sujet peut paraître complètement allumé et pervers, le jeu mérite son détour, entre NIS, Compilheart et Keiji "jesuispartout" Inafune, on a affaire à un jeu correct.

Le grain principal du jeu ressemble à l'autre licence à succès de CompilheartNeptunia. Pour progresser dans cet univers rempli de fleur tueuse et autres peluches psychopathes, vous devez farmer afin de monter votre skill, chose commune dans tout jeu de rôle qui se doit il est vrai. À une exception prêt où vous avez la possibilité de capturer des ennemis en les charmants, afin d'accroître des bonus périodiques durant les combats, sauf que le jeu ne vous laisse pas vous en tirer aussi facilement, il va falloir se travestir (eh oui..) en plusieurs personnalités et faire diverses poses suggestives pour plaire à vos ennemis . Un système plutôt original, pervers certes, mais bien pensé, il permet de se sortir de beaucoup situations où votre équipe est mis à mal par un peu trop d'ennemis. Mais ce que j'ai aimé le plus dans ce jeu, c'est la complexité du gameplay, le jeu s'étoffe et se complexifie de plus en plus que vous avancez dans le jeu, mais déjà au bout de deux heures vous avez des tonnes de subtilités pour sortir du combat indemme, le principe est génial, ça ne permet pas de s'emmerder au cours de l'aventure, la variété a toujours été l'ami du bien. Entre combat et exploration, vous avez la possibilité de vous travestir avec nombre de vêtements afin d'engranger des perks en plus. Il y a aussi des combats dans l'espace entre vaisseaux qui se jouent sur un style pierre-feuille-papier-ciseaux, le jeu déborde d'idée de gameplay de ce genre, complètement con certes, mais agréablement varié.

Mugen Souls Z est un délire complètement assumé, les personnages qui sont généralement des dieux, se balancent des lignes de texte à en plus finir tout autour de blague, de remarque con-con et de sous entendus sexués. C'est peut être l'un des plus gros reproches que je pourrai tirer de ce jeu, il faut prier pour jouer, même sacrifier votre sandwich jambon-beurre dégueulasse pour attendre de casser du méchant, et attention de ne pas perdre, le jeu vous sort le bon Game Over d'antan, une mort et retour au dernier point de sauvegarde. Oui quand même, on peut sauter les dialogues et cutscene mais c'est le genre de jeu qui vous mette des tonnes et des tonnes de dialogue à ne plus en finir pour créer une ambiance, un but, ce qui vous retient de passer cesdites-scènes, si on veut savoir au moins pourquoi on se fout sur la tronche et contre qui. On reproche à Kojima cette tare sur ces productions, les jeux de l'usine NIS sont généralement pires, c'est quand même con qu'un jeu qui mise un paquet sur son système de Tatical RPG complexe se voie bouffer par son autre atout.

On est tous d'accord pour dire que le scénario ne pisse pas bien loin, c'est juste des dieux kawaii qui se foutent sur la turbine durant 40 à 100 heures (ça dépend de l'échelle de l'otakumetrie où vous êtes) pour savoir "kikiçayleplufort" . Si je n'ai pas aimé le parti pris du studio Compil Heart, ça ne veut pas dire que c'est mauvais, c'est une façon de faire louable, c'est chiant comme la mort si on n’accroche pas au délire, mais ça reste cohérent et c'est très efficace en terme de développement et d'attachement envers les personnages. Le personnage de Nao est un exemple d'utilisation de personnage pour prendre appuie sur ce que nous ressentons nous, pauvres joueurs occidentaux, elle balance de nombreux commentaires froids et sarcastiques sur les tenants de la quête où sur ce qui se passe. Par contre, le jeu n'aide pas aux néophytes ou au curieux à accrocher au jeu, l'esthétique étant déjà très flashy, coloré et péter à la pilule bleu, le jeu est moche, pas laid au niveau du coup de crayon, mais moche par son rendu, entre chute de frame rate du pauvre, les décors vides et sans vie, textures peu travaillées et quand bien même vous installeriez les données sur votre disque dur, ça ne changera rien, oui, mesdames et messieurs, ce n'est pas toujours jojo dans ce monde bariolé.

Mugen Souls Z est un jeu loin d'être parfait, je lui reproche outre ça pauvreté 3D, une beaucoup trop mise en avant de l'histoire avec des dialogues qui sont surjoués, pas forcément bien traduit et supporter des blagues sexuées et autres allusions sexuelles, dont le traitement et la façon de faire ne me correspondent pas. Tout de même, le jeu a pour lui une créativité débordante dans le gameplay, c'est complètement con comme ce ne l'a jamais été, mais les idées sont bonnes et en accord avec l'anime géant bourré de fan service certes, mais si on est assez ouvert d'esprit, on a la possibilité de passer un bon moment devant ce soft, et pour un jeu de niche, c'est une performance incroyable.

 

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