South Park, c'est un peu la série quand tu la regardes, tu te revois à 7 ans, rigoler de caca et de pipi. Voilà, je pourrais m'arrêter ici, le jeu reprend très bien le thème et les codes. Sauf que South Park, ce n'est pas que des blagues bas de fond, c'est le deuxième plus long et prolifique cartoon derrière les Simpson. C'est aussi une série complètement corrosive et subversive à l'image des deux créateurs, Matt Stone et Trey Parker, un énorme doigt d'honneur au bon sens et au travers de la société américaine. Bien sûr tout le monde voit midi à sa porte concernant la série, entre cartoon à l'humour puéril douteux pour certains ou critique audacieuse pour d'autres, South Park est un paradoxe idéologique incarné.

Malgré le succès de la série, South Park a été peu reluisant en terme de jeu vidéo a par le Tower defense de 2009 sur le XBLA, la série n'a jamais vraiment été adaptée de façon ambitieuse. Pourtant, ce n'est pas la passion des jeux vidéo qui manque à l'équipe derrière la série, sur les 17 Saisons diffusées, on retrouve un tas de clins d'oeil au jeu vidéo (MGS 5, la Wii, Minecraft, WoW) et à la culture pop en général (LOTR, Game of Thrones, Marvel,). Le Chemin vers les consoles et PC devait se faire et c'est par le biais de Obsidian que nous nous retrouvons ici. Pourtant, le projet nous revient de loin. Au départ, le jeu devait juste être édité et développé par South Park Studios, un petit délire en mode RPG, voyant la manne facile, THQ décide de s'investir dans le projet avec comme aide le studio Obsidian (Neverwinter Nights 2, Alpha Protocol, Fallout New Vegas). Malheureusement, début 2013, THQ ferme l'entreprise pour cause de faillite, mais le développement ne s'arrête pas là, UbiSoft rachète le bébé et continue de financer le travail d'Obsidian et de South Park Studios . Grâce au ciel, le développement s'est passé sans encombre, les seules séquelles du changement d'éditeur vont pour le doublage français qui n' a pas pu être concrétisé, THQ n'avait pas assez d'argent pour financer les acteurs VF (ce qui est bien dommage) et Ubisoft n'a pas donner suite à la localisation. "LA" deuxième grosse séquelle vient des fameuses censures qu'a subies le jeu sur les versions consoles européennes et promis, j'y reviendrais là-dessus.

"Même si l'excellent doublage VF n'est pas dispo, la V.O faîtes par Matt Stone et Trey Parker reste très bonne"

Le Plot se passe après l'épisode "Black friday" de la 17e Saison où nos chères têtes blondes de cette ville atypique du comté du Colorado se sont mis sur la tronche à coup de trahison sur thème de Game of Thrones pour avoir les consoles Next-Gen moins chères que les autres. Après cet épisode ces chers bambins continuent de garder leurs costumes type Dungeons & Dragons pour se battre afin d'avoir le contrôle d'un bout de bois, pas n'importe lequel : Le Bâton de la vérité. Dans ce qui va devenir un conflit mondial, vous arrivez dans cette petite ville en emménageant avec vos parents qui s'inquiètent de votre santé, car ils vous trouvent aussi stoïque qu'un Ryan Gosling jouant dans un film de Nicolas Winding Refn. Préparez vos bières, vos chips, vos potes, éteignez votre portable et tout ce qui vous reste de dignité intellectuelle. Accrochez-vous à votre slip, bienvenue dans South Park.

South Park : Le Bâton de la Vérité, incarne à la perfection le rêve de tout gosse ayant grandit avec la série, vivre et pouvoir faire des conneries épiques avec les personnages irrévercieux que sont Stan, Kyle, Cartman et Kenny. Ce fantasme prend enfin vie d'autant plus que le jeu reprend à la perfection l'ambiance de la série et cette fameuse direction artistique caractéristique du show tout en papier, ciseaux et colle. On commence le jeu par ce qui est la règle N°1 dans tous les RPG modernes, la création de son avatar, et là, on commence la séance nostalgie. À l'époque où créer son personnage South park sur ce site (https://www.sp-studio.de/) c'était à la mode (je vous le rappelle que ça va faire bientôt 10 ans), mais si ! Cette époque chaste sur MSN où t'avais ton propre avatar south park au lieu de ta tronche grasse et boutonneuse afin de draguer ta voisine de classe et montrer au monde comment t'étais un gars trop underground qui comprend les subtilités subversives du show de Matt Stone et Trey Parker, période magique que je regrette éperdument. Anecdocte à part, l'éditeur du personnage fait pâle mine comparée au jeu flash, mais se rattrape facilement sur le contenu, car tous les équipements que vous looterez durant le jeu seront visibles sur votre personnage. Ce qui aura comme effet bizarre de vous retrouver dans les cutscene du jeu avec un accessoire différents sur la trogne, parce que changer d'équipement améliore vos stats comme tout bon RPG. Tiens, je ne vous l'avais pas dit que c'est un RPG ? Mais dans quel monde vit-on sérieusement.

"Le Jeu vous laisse la possbiblité d'intérargir avec vos pouvoirs sur le décor."

Sauf que dans ce monde, on est en face à un mauvais RPG, même s’il essaye à sa manière de rendre hommage aux plus grands J-RPG de la Playhistoire (Chrono Trigger ou Final Fantasy). On reste du moins à un jeu dont les mécaniques sont ultrasimplifiées et répétitives au possible que ce soit dans la gestion de notre avatar ou dans les phases de combat. Oui de la part d'un studio qui en a fait son fond de commerce, ça le fout mal dès le début. Les combats sous forme de tour par tour old-school sont assez minimalistes, il n'y a pas beaucoup de choix d'attaque ni de magie ou invocation, bref c'est le système D. On a tout de même un système qui permet de contre l'attaque des ennemis pour dynamiser un peu les combats, mais ça rend le tout vraiment facile (même en mode expert), et redondant une fois qu'on a trouvé les aptitudes qui permettent de gagner à coup sûr. L'écran de Game Over vous apparaîtra 4 à 6 fois durant l'aventure, c'est tout. Entre les missions principales qui ressemblent à s'y méprendre à celles de Mass Effect 3 (Réunnissons-nous pour battre un ennemi commun). Obsidian nous laisse la possibilité de faire le tour de la ville, l'exploration, ce studio sait y faire en nous incorporant diverses mécaniques qui poussent à la collectïonite aigüe tout en farfouillant dans tous les recoins de la bourgade, plusieurs fois même. Ils avaient réussi ce tour de force dans Fallout New Vegas d'ailleurs, où moi-même je me prenais au jeu du farfouillage intensif dans toutes les villes afin de trouver le meilleur stuff où prendre tout le bazar qui s'y trouve. On passe d'une heure de jeu à huit heures sans faire avancer le schmilblick. Vous me direz que ça existe depuis la nuit des temps des jeux de rôle, mais ce Fallout est le seul à m'avoir poussé à faire ce genre de passe-temps morbide et addictif. Mais je reste bien heureux de pouvoir le refaire dans South Park.

Malgré que ce soit dans l'ensemble un jeu de rôle très classique. On a affaire avec selon moi l'une des adaptations de licence les plus réussies. Je suis un grand fan de la série, j'ai grandi avec le show, j'ai vu les 17 saisons et de revoir un jeu vidéo recracher l'ensemble des saisons sans que soit un dégueulis de clin d'oeil sans cohérence, je trouve ça majestueux. L'ensemble de l'oeuvre reste cohérente avec le ton de la série, même si le classicisme est vraiment tuant au niveau du gameplay, finalement, ça reste plausible par rapport à la vision de la série. The Stick of Truth est une parodie des jeux de rôles, donc tous les éléments de gameplay malgré leurs défauts restent relativement dans le ton humoristique, ce qui rend quasiment tous les choix de game-design justifiés. Le jeu est court également pour un RPG, ou du moins, c'est ce qu'on lui reproche. D'un autre côté quand vous voyez le matériau de base qui dure 20 à 25 minutes par épisode ou 1 heure grand maximum pour des épisodes comme "Immagination Land" ou "Black Friday", je ne vois pas comment l'équipe de développement aurait pu tenir encore plus longtemps et justement, ça leur donne un crédit de lucidité exemplaire. S’ils avaient réussi à prolonger le jeu, pour avoir en résultat une perte de cohérence globale et de grosse lacune de rythme.

"Les Invocations chient la classe, ça change du Bahamut et ressort."

Par contre, il est vrai que grâce au ton parodique, on peut lui pardonner beaucoup de choses, mais certaines caractéristiques ne passent pas. Notamment les censures purement Marketing de la part d'UbiSoft. Deux niveaux sont charcutés à outrance, les sondes annales et les avortements sont prohibés sur console (a par la master race des Pcistes). Pourquoi la censure sur console ? La raison reste un mystère absolu. Les versions consoles ont aussi un autre problème, du moins, la version PS3. Le jeu est vraiment mal optimisé sur console, on se retrouve non seulement avec des censures, mais aussi avec des problèmes de Frame Rate instable, des chargements trop présents et quelques freezes ou bug de script. Ce n'est plus vraiment surprenant de la part d'un studio dont les défauts sont une marque de fabrique, on peut se dire que c'est le prix à payer pour passer enfin un bon moment vidéoludique bourré de clin d'oeil et de vannes salaces.

The Stick of Truth est une des meilleures adaptations de licence en jeu vidéo, un jeu fan service qui ne plaira qu'aux fans de la série et habitué au ton parodique, tout est parfait pour vous plonger dans un épisode de 10 à 12 heures, drôle, bourré de clins d'oeil et complètement foutraque comme le show de Trey Parker et Matt Stone. Il est malheureusement trop simple et mal optimisé côté console, malgré tout, si vous êtes un habitué des productions Obsidian et que vous aimez leurs défauts et les qualités inhérentes, vous allez passer un excellent moment et prendre joie à vous plonger dans cet univers.

"David Hasselhoff approuve cette critique"