Faillite de THQ et d'Atari/Infogrammes, échec de la PS Vita et ventes décevantes de la Nintendo Wii U, retards à répétition pour GTA5 et Tomb Raider... les derniers mois ont été particulièrement éprouvants pour l'industrie du jeu vidéo, et beaucoup se demandent comment on en est on arrivé là, dans un secteur il y a encore peu générateur d'emplois et de PIB.
La réponse a peut-être été trouvée par
Michel Gérard, célèbre économiste qui vient de sortir un passionnant ouvrage aux éditions Ankama : « Le Piratage ou la mort des jeux vidéo »

Tout au long de la centaine de pages illustrées de nombreux graphiques, M. Gérard démonte avec lucidité les dérives d'une pratique qui conduit aujourd'hui les plus grands de l'informatique à la misère et des millions de programmeurs au chômage tout en enrichissant les caisses des réseaux mafieux d'Europe de l'Est et les terroristes de Al Qaida.

Le chapitre dédié à l'histoire du piratage informatique est particulièrement intéressant : des copies de cassettes qui circulaient dans les cartables de la génération Amstrad/Commodore, aux cartouches de jeu made in Hong Kong qui auront précipité la fin de carrière de la Famicom de Nintendo. L'accès grand-public aux graveurs de CD à la fin des années 90 qui tua la Playstation et ruina des centaines d'éditeurs, et aujourd'hui, les fameuses cartouches R4 responsables de l'échec mondial de la Nintendo DS.
On apprendra avec intérêt que le piratage est responsable de la disparition des salles d'arcade et du format DVD, qu'il incite à la prostitution des mineurs et provoquerait chaque année
autant de morts que l'usage du cannabis au volant.

michel gérard

Michel Gérard, économiste

Devant ce bilan apocalyptique, M. Gérard propose des solutions : durcir les législations, prononcer des peines de prison ferme, couper l'accès internet à vie pour les fraudeurs et surtout, revenir à un modèle économique de jeux de type « game and watch », lorsque le ludiciel était vendu en même temps que son support. Des solutions « étudiées attentivement en ce moment même » par les grands acteurs survivants de ce monde en crise, selon l'auteur.

(« Le Piratage ou la mort des jeux vidéo » par Michel Gérard, éditions Ankama, 103 pages, 47,99€)