À l'occasion de la réédition de Final Fantasy VIII sur le PSN le 4 février dernier, une envie de reparler de ce titre m'est irrésistiblement venue. Mais que dire ? Qu'écrire que vous ne sachiez déjà ? Ce huitième volet, comme les légendes urbaines le raconte, est l'épisode le plus controversé de la saga. Chaque mouture estampillée FF amène forcement le débat et que le jeu soit exceptionnel ou non, il soulèvera les foules en bien ou en mal. Mais soyons honnêtes, aucun autre héros n'est aussi détesté ou adoré que Squall, aucun scénario n'est autant critiqué ou adulé que la lutte contre les sorcières et enfin (car je crois que tout le monde a compris) aucun système de combat n'est aussi désapprouvé qu'encensé que celui des G-Force. Après dix ans, j'ai la vague impression que la plupart des détracteurs ont oublié et qu'une certaine doxa répète sans savoir les dires des détracteurs les plus véhéments. Alors aujourd'hui, à l'occasion des 10 ans du titre (ok, c'était en 2009, mais l'arrivée du jeu sur PSN en Europe a été un peu tardive) nous allons ensemble revisiter ces trois points montrés du doigt pour raviver des souvenirs un peu fanés. Cet article contient des informations qui pourraient vous gâcher le plaisir de jeu si vous ne l'avez pas encore terminé. Néanmoins, c'est un papier qui peut vous être utile durant les rixes entre fanboy bouillonnants.

Le but ici n'est pas de vous refaire un topo exhaustif sur le scénario du jeu (bien que ce ne soit pas l'envie qui me manque) mais bien de soulever en quoi les personnages (et plus particulièrement le héros) et l'intrigue de Final Fantasy VIII sont remarquables à plus d'un titre.Commençons tout d'abord par le héros. Squall est un héros brun (tendance châtain) avec une coupe de cheveux plausible, voir réalisable dans la vraie vie (NdCouCou : c'est toi qui le dit !). C'est important car c'est une chose rare dans le monde du RPG japonais et unique dans la saga des FF. On pourrait croire aux premiers abords que c'est un vulgaire détail, ou que je fais partie de la classe des « anti-Nomura » (article que je vous recommande chaudement), mais non, en fait je veux vous emmener sur un terrain bien précis. Pour ce qui est de son caractère, Squall est un héros timide, plutôt pédant et vaniteux. Au début de l'aventure il affirme sans sourciller que ses problèmes personnels sont bien suffisant et trop important pour perdre du temps à s'enquérir de ceux des autres. Il est aussi empli de doutes et se demande sans cesse ce que les gens pensent de lui. C'est intéressant car pour débuter une grande épopée telle que FVIII, Squaresoft (boom un coup de vieux) nous met dans la peau d'un héros finalement très humain. Si ce héros est génial c'est qu'il est l'un des rares à être « humain » sous-entendu avec des défauts. Il a des soucis compréhensibles pour des gens normaux, il doute et finalement évoluera pour être transcendé par l'amour. Bien évidemment, il invoque des chimères, a une épée pistolet, sauve le monde et va dans l'espace, mais les fondations de ce héros ont une approche assez singulière et réaliste. Il va évoluer et trouver en lui la force de revêtir un caractère héroïque, mais au commencement Squall est perfectible, égoïste, taciturne, froid et en réalité beaucoup trop proche de nous. Ou plutôt du "nous" adolescent, âge auquel nous avons pour la plupart entamé ce chapitre. Si Squall a déplu, c'est car il faisait trop écho aux jeunes pré-pubère que nous étions à l'époque. Les gens ont vu en ce héros un vulgaire cliché, mais ceux qui ont continué l'aventure ont découvert qu'il était bien plus que ça et que son comportement cachait un passé douloureux. Je pense de plus que la mémoire collective s'est figée avec ce ressenti adolescent. Comme si les personnes qui avaient fait le titre à l'époque avaient gardé leur avis biaisé d'antan. Je ne vois pas trop d'autres solutions, vue la qualité du scénario et la portée philosophique du jeu. L'amour est traité avec une justesse rarement égalé dans un jeu vidéo, évidemment quand on a un certain âge on a tendance à rire de ce sujet et il est simple de trouver des scènes niaises. Seule une personne trop peu mature pourrait passer à côté du titre à ce point. Enfin, je pense que le duo Squall/Rinoa est le centre névralgique scénaristique et émotionnel de ce FF, à tel point que tous les autres personnages sont relégués au rang de second couteaux plutôt fades et vides. Il est donc logique que si Squall subit un rejet, le reste du titre ne pourra être accepté. En contre exemple, je n'apprécie pas Tidus de FF X. En revanche j'affectionne ce FF dans sa globalité, chose impensable pour FFVIII.

En ce qui concerne le reste de l'équipe, je dois dire qu'il est normal de trouver Zell, Selphie ou Irvine peu charismatiques. Il est aussi malheureusement normal de penser que Adel, Edea et Ultimecia sont des méchants de pacotilles. Mais seulement si on ne pousse pas le jeu dans ces derniers retranchements et si l'on ne fait pas l'effort d'interpréter certains indices laissés par les développeurs. Il est vrai que les intentions des sorcières et plus particulièrement la légitimité et les motivations d'Ultimecia sont loin d'être évidentes. En effet, si FFVII ou IX ne laissent quasi aucune zone d'ombre scénaristique, il en est différemment pour le huitième volet. Peu de choses sont écrite noir sur blanc et pour trouver le fin mot de l'histoire il vous faudra scruter les moindres paroles des personnages importants ou réaliser quelques quêtes annexes. Ainsi, les développeurs vous laisseront supposer que Squall est le fils de Laguna de façon plus qu'évidente, mais jamais un dialogue ne portera une phrase du genre : « je suis ton père ». Comme dit plus haut, il en est de même pour le background d'Ultimecia qui reste pour dans sa globalité assez flous. Plusieurs supputations s'opposent, le journaliste Georges « Jay » Grouard, assez expert sur le sujet, pense que Rinoa n'est qu'une représentation visuelle des trois sorcières Adel, Edea et Ultimecia (je résume très grossièrement, je vous renvoie à Final Fantasy Dream ou au second hors série de Gameplay RPG sur FF où sa théorie est plus amplement expliquée). J'ai aussi pu lire que les trois sorcières seraient la même et unique personne, mais personnellement je pencherai plus pour la possibilité que Rinoa soit Ultimecia dans le futur. Théorie la plus probable, mais néanmoins pas de moi. Final Fantasy VIII est à mon avis l'épisode avec le scénario le plus fouillé et complexe. Suivre et accompagner Squall dans sa quête initiatique, de sa peur de l'oubli (sa jeunesse à l'orphelinat d'Edea) à l'épanouissement via l'amour enfin trouvé, fut un réel bonheur et une expérience marquante. Bien qu'avec l'article du jour je n'ai fait qu'effleurer le terrible potentiel du jeu, je vous assure que l'intrigue est passionnante et d'une extrême richesse (la métaphore des plumes blanches et noires de Rinoa vaut à elle seule un article analyse).

Comme promis nous allons conclure par le système de combat et plus particulièrement le principe d'invocation rebaptisé pour l'occasion : Guardian Force (GF). À l'instar de FF VII ce ne sont pas les materias qu'il faudra manipuler pour gérer les capacités des héros mais bel et bien les relations entre nos personnages et nos invocations. Ce système baptisé "Jonction" consiste à associer une Guardian Force à un protagoniste. Au fur et à mesure de l'aventure, les GF engrangeront de l'expérience (point de capacité) ; grâce à ces points le héros, auquel elles sont affiliées, peut obtenir de nouveaux talents. Les personnages deviennent ainsi très malléables et il sera possible de faire de Squall un puissant mage ou de Quistis une grosse guerrière. Un système d'optimisation automatique des capacités est disponible, mais fera perdre son intérêt principal au soft. Les invocations ont vraiment un rôle central dans ce FF, peut-être trop, car elles constituent le système de jeu : des capacités (comme on vient de le voir) à la puissance d'attaque. Fini l'immense dépense de MP pour invoquer une chimère. Dans FF VIII c'est illimité et c'est l'utilisation de la magie qui en pâtit. Tout d'abord l'obtention de cette mana ne se fait plus par l'attribution de materias ou par le passage au niveau supérieur des mages. Il faut les voler directement aux ennemis (ou plus rarement faire le plein dans des fontaines de magie disséminées dans le jeu). Une part de stratégie (petite) rentre donc en jeu. Il va falloir chasser les monstres pour les points d'expérience, mais aussi courir après eux pour leur soustraire leurs sorts. Pour cela il faudra utiliser la fonction "Voler", qui, comme son nom l'indique, permet de subtiliser le sort de l'adversaire en échange d'un tour de jeu. À la manière des talents d'ennemis de FF VII ce système va obliger le joueur à guetter chaque opposant pour savoir si celui-ci possède la magie qui va bien. L'usage des sorts est donc réduit à un stock et non plus à un nombre de points de magie, mais cet approvisionnement est très important car c'est lui qui va dicter l'influence d'une magie sur un perso. Comme pour la "Jonction" des GF, vous pourrez équiper vos magies avec vos aptitudes. Ce système a un effet pervers puisqu'il vaut mieux conserver sa magie associée plutôt que de la consommer, car en réduisant sa réserve vous réduisez l'influence des sorts sur les aptitudes et comme dit plus haut c'est l'abus de consommation de GF qui constituera l'essentiel des combats. Ceux-ci ce dérouleront le plus basiquement du monde : trois héros sur le plateau, ATB et Limit Break. Petite particularité tout de même, les Limits ne se déclencheront qu'à partir d'un nombre critique de point de vie, et à compter de là, seront totalement illimitées (jusqu'au regain de vie). Seule entorse possible pour en bénéficier sans voir sa jauge de vie dans le rouge : l'utilisation d'un item ou l'envoi d'un sort.

Mais revenons à nos GF. Au moment de leur invocation, elles prendront la place du personnage (grosse nouveauté qui sera reprise dans d'autre FF en plus poussée) ; celle-ci protégera donc son "maître" des attaques ennemies. Attention tout de même, les GF ne sont pas invulnérables et sont aussi soumises au système de HP. Mais elles ne seront pas là qu'en tant que boucliers, elles auront bien sûr jouer un rôle destructeur. Pour ce faire, une jauge (comparable à celle de l'ATB) devra se charger avant. Sachez que plus la GF en question est liée au personnage, plus son affinité augmente et donc fera réduire ce temps d'attente avant les attaques. Petite originalité, pendant les actions des GF vous ne serez pas (que) spectateur, un petit carré apparaîtra en bas de l'écran et pour décupler la puissance de l'assaut. Vous devrez matraquer le bouton indiqué au bon moment (façon Track & Field). Un procédé rigolo au début, mais finalement assez lourd et contraignant.

FF VIII arbore un système de combat finalement assez basique dans sa construction, mais suffisamment original dans l'optimisation des personnages pour dire qu'il est une vraie réussite. D'autant plus qu'il a instauré quelques classiques qui réapparaîtront dans d'autres FF à suivre, comme l'incarnation des invocations à la place des persos (utilisé dans le tout prochain FF XIII). À l'image du système de combat, le jeu est presque à deux vitesses, seuls les joueurs les plus impliqués et consciencieux pourront entrevoir les subtilités scénaristiques et du gameplay.

Mon introduction est sincère, j'avais vraiment envie de vous parler de FF VIII presque gratuitement, seulement avec passion. Et si ce texte s'avère plus être un plaidoyer "pro FF" qu'une profonde analyse, c'est parce que je tombe sans cesse (et encore plus récemment avec la réédition du titre sur PSN) sur des phrases complètement « connes », infondées et gratuites qui ont un peu tendance à me révolter (je tolère les différences de goût, c'est plus la forme qui me dérange). Alors, oui j'aime les FF et je n'ai que faire de la mode qui est de dénigrer les sagas devenues mainstream. Ce qui ne veut pas dire que je défendrai envers et contre tout chaque volet, mais quand je lis des phrases comme « À vous de voir si vous allez ou non craquer pour ce volet tant décrié (ndlr : en parlant de la réédition PSN) et c'est vrai que pour l'avoir fait à l'époque, il affichait non seulement un système de jeu un peu pauvre, mais également une bande de persos à peu près aussi charismatique qu'un banc de moules... », je me dis que...(censure), au moins à CS on avance des arguments.

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