Rambo... Dans l'imaginaire collectif on pense tout de suite au soldat ricain ultra nationaliste, réactionnaire et stupide. Le genre de mec qui voue sa vie à son M16, et à dégommer le plus de vietnamiens/communistes dans la jungle. Rambo est le symbole des gros films d'action des années 80 : de la violence sans limite et gratuite... Sérieusement, tu y crois ?
 
Et bah t'as tous faux ! Allez zou au lit, tu l'as mérité ta claque ! En fait, Rambo n'a rien à voir avec tout ça. Oubliez tout ce qu'on vous a dit, le film est bien plus malin. Sous prétexte d'un survivor à l'ancienne, le film raconte un passage de l'histoire américaine peu évoqué à l'époque : celui du retour au pays des soldat US après la guerre du Vietnam. Bon, je ne vous cache pas que les suites sont bel et bien l'image d'un Rambo bourrin et crétin.
 
Rambo, véritable machine de guerre, est brisé par ce conflit. le souvenir de ses camarades morts dans d'atroces souffrances le hante. Le retour au pays aurait dut être un moment de paix pour cette homme. Mais comment se reconnaître dans cette société qui vous répudie lorsque vous revenez.





Condamné à errer dans ce pays, John Rambo va faire face à une population hostile au vagabondage. Les flics de la ville où il a échoué vont s'acharner sur lui. Le refus de s'intégrer se paye au prix fort... Les bâtards. Et là, ça dérape. Rambo, fallait pas l'emmerder d'abord. Il s'échappe du poste de police après avoir amoché quelques flics un peu trop aimable.

Obligé de fuir dans la forêt, il est poursuivit par les autorités, puis par des réservistes de l'armée. Tout ce beau monde considère que faire la guerre est une vaste partie de chasse... Comme quoi, certains sujets sont toujours d'actualités 30 ans après.

Le film entre alors dans sa forme survivor. Rambo essaye de résister aux attaques répétés de ceux qui le traquent. Le général qui a formé Rambo prévient tout le monde : derrière cet être se cache une bête. Rien n'y fait, chacun veut la peau de Rambo. Ils vont bientôt regretter de chasser cet ancien soldat. Rambo va montrer qu'un ancien béret vert ne se laisse pas attraper aussi facilement. Ils vont en chier !
 
Film bien troussé, les scènes d'actions sont très bien orchestrées. Le rythme est très  soutenu et le réalisateur évite les longueurs d'un survivor (on s'emmerde pas en gros). La mise en scène est fluide, et le fait de filmer ces séquences de chasse dans les bois renvoie au côté bestial de Rambo. Personnage, qui est magistralement joué par un Stalone qui est en feu. Capable de passer d'un état de bête sauvage à celui d'un être mélancolique, on est bluffé par ses performances. Il porte le film sur ses épaules et retranscrit bien ce personnage détruit par sa vie passé.





Rambo, ancien du Vietnam, livre un combat contre sa propre nation, contre le dédain et le rejet de celle-ci envers tous ces anciens soldats. Film d'action, il n'oublie pas de souligner un message politique fort. Ne légitimant aucunement cette guerre qui n'aura apporté que la mort, le réalisateur nous livre pourtant un plaidoyer sur ces soldats traumatisés. Soldats entraînés dans une guerre, appelés à protéger une nation et qui sont laissé tomber par ce même pays. On peut faire un parallèle avec Taxi Driver qui adopte les mêmes thématiques, de la difficulté de la réinsertion dans la vie civile. Sur ce, je vous laisse avec le pitch de fin de Rambo, M16 à la main, lorsque le général lui demande de se rendre... Rien qu'à lire, j'ai les yeux qui se mouillent... Putain de guerre !
 
"C'est terminé !
- Rien n'est terminé! Rien ! Tout continue à cause de vous. C'était pas ma guerre. C'est vous qui m'avez appelé, pas moi ! J'ai fait ce qui fallait pour gagner, mais on n'a pas voulu nous laisser gagner.
Et je suis revenu dans le monde. Et j'ai vu ces larves m'attendre à l'aéroport, me conspuer comme un criminel. Ils m'ont traité de toutes les saloperies, ils m'ont appelé le boucher. Mais qui sont ils pour me faire des reproches ! Qui sont ils. Est-ce qu'ils étaient à ma place en pleine jungle ? Ils nous jugent mais ils ne savent pas de quoi ils parlent !....
- C'était un moment dur pour tout le monde, Rambo. Tout ça c'est du passé maintenant.
- Pour vous ! Pour moi, la vie civile, c'est rien. Au combat, on avait un code d'honneur. Tu couvres mes arrières, je couvre les tiennes. Mais ici il n'y a plus rien !...
- Tu es le dernier d'un groupe d'élite. Ne finis pas comme ça.
- Là bas je pilotais un avion de chasse, je pouvais conduire un tank. J'avais en charge un million de dollars de matériel. Mais ici j'arrive pas avoir un boulot ! Gardien de parking !! ... Où ils sont tous... Où ils sont. Mes amis, les Delta Force. J'avais tous les gars avec moi, là-bas. Là-bas j'étais toujours avec les autres. C'étaient mes amis. Ici j'ai plus rien. Vous vous souvenez de Dan Forest ? Quand j'ai vu cette publicité, j'ai pris un marqueur fluorescent. J'ai écris « à renvoyer à Las Vegas », parce qu'on passait notre temps à parler de Las Vegas, avec cette putain de bagnole. Cette Chevrolet 58 décapotable, il en parlait tout le temps. Il disait qu'on roulerait jusqu'à s'en faire crever les pneus...
Cette baraque où on était, il y a un gosse qui s'est pointé. Ce gosse, il avait une boite pour cirer les pompes. Il a dit « chaussures s'il vous plaît, chaussures », moi j'ai dit non, puis il continue a demander, alors Joe a dit oui. J'suis allé chercher 2 petites bières. Et la boite est piégée. Il ouvre la boîte, son corps explose en morceaux dans toute la pièce. Il est étendu, il hurle à la mort, j'ai des bouts de chair partout sur moi. Comme ça. J'ai dû enlever les morceaux vous savez, ma veste était couverte de mon ami ! Du sang et tout, et j'essayais de remettre tout en place, et son ventre s'ouvrait, ses entrailles me tombent dessus. Et il y avait personne pour nous aider ! J'étais perdu, et il se met a crier : « Je veux rentrer chez moi, je veux rentrer chez moi ». Il s'arrêtait plus de crier. « Je veux rentrer chez moi, je veux conduire ma Chevrolet 58 ». J'arrivais pas à trouver ses jambes. J'arrive pas à trouver ses jambes. Je peux pas sortir ça de ma tête. Ça fait pourtant 7 ans. Chaque jour j'y pense. Je me réveille et je sais plus où je suis. Je parle plus a personne. Des fois toute une journée. Toute une semaine... J'arrive pas à oublier..."