Dans la première partie de l'article, j'abordais le déferlement
d'accusations dont le jeu vidéo était la cible, accusations de  multiples
origines et très souvent infondées. L'une des récriminations revenant le plus
souvent est celle consistant à dire que le jeu vidéo est un danger pour les
enfants, notamment par ce qu'il les rend violents. Nombreux sont les parents
qui craignent qu'en jouant trop, le fruit de leurs gamètes ne soit plongé dans
une folie sanguinaire et qu'il décide d'organiser un petit Kill Frenzyde quartier pour "faire comme dans GTA".

 

J'avais déjà répondu à cette accusation, mais
je préfère me répéter afin que le concept devienne aussi limpide que de l'urine
après trois pintes d'une bonne bière blonde. Un enfant qui décide de disséquer
la tête de ses amis avec un objet contendant possède un terrain psychologique
très instable, et apparemment non-détecté ni par ses parents ni par un
professionnel de santé ou d'éducation. Ce terrain n'est pas imputable à sa
pratique du jeu vidéo mais plus probablement au fait que, lorsqu'elle était
enceinte, sa mère ait eu la bonne idée de passer son ventre aux micro-ondes.
Ainsi, lorsque ce pauvre enfant commettra l'irréparable faute de tester la loi
de résistance des matériaux sur le crâne d'autres écoliers,  ses parents
effondrés refuseront de s'avouer leurs manquements en tant que parents et
trouveront un responsable tout indiqué : le jeu vidéo.

Il est clair que certains jeux vidéo violents
ne sont pas à mettre entre toutes les mains et peuvent traumatiser certains
enfants en bas-âge ou certains adolescents à la virilité encore peu affirmée.
Mais, comme pour le cinéma, la télévision, les médicaments, les petits pots
Blédina et les rapports sexués, il existe des normes et recommandations
légales, visibles et facilement compréhensibles par des adultes. Le fait qu'un
enfant de sept ans se retrouve devant un jeu ou le héros arrache les testicules
de ses adversaires à coups de canines est donc à mettre sur le compte, non pas
d'une l'industrie du jeu vidéo trop violente, mais bien à celui des parents ne
sachant pas lire de simples pictogramme (victimes qu'ils sont eux aussi de
l'effet micro-ondes).

D'autre part, et nous en arrivons à notre
sujet principal, affirmer que les jeux vidéo sont un danger pour les enfants
est d'autant plus infondé et stupide que les jeux vidéos sont bénéfiques pour
nos chers bambins, et ce à de multiples enseignes. Petit tour d'horizon.

1) La plupart des parents autorisent leurs
enfants à regarder la télévision sans pour autant leur permettre de jouer à la
console. Pourtant, il est clair qu'un enfant se contentant de s'avachir devant
la télévision, sans activité autre, se transforma en sosie nain de Carlos.

Alors que devant un jeu vidéo, l'intellect et
l'imagination du même enfant travaillent à plein, provoquant ainsi une activité
cérébrale intense, que même celle induite par un cours d'éducation sexuelle de
4ème ne saurait égaler. De plus, avec l'apparition des nouvelles technologies
de contrôle à distance telles le PS Move, la Wii Mote ou bien encore le Kinect,
l'activité cérébrale s'accompagnera également d'une activité physique intense,
qui aura tôt fait d'éliminer le jambon purée ingéré à midi à la cantine
scolaire. Enfin, même si l'enfant n'a à disposition qu'une manette classique,
son utilisation prolongée lui permettra d'acquérir une dextérité manuelle
exceptionnelle, qui lui ouvrira la porte de métiers tels que proctologue ou
guichetier à la Poste (spécialité tournage de pouce).

2) L'enfant apprendra également la
persévérance. Alors que, lorsqu'il regarde la télévision ou lis un livre, le
bambin ne se voit proposer aucun défi, il devra au contraire se montrer
combattif pour progresser dans les différents niveaux du jeu vidéo qu'il
découvre. Certes, il lancera très certainement sa manette dans le tout nouvel
écran 3D de ses parents, enragé qu'il sera d'avoir encore une fois raté le boss
du dernier niveau, mais il réclamera immédiatement un nouveau moyen de
visualisation afin de « finir ce qu'il a commencé », comme on lui a
appris. Il apprendra par la-même la quantité d'énergie en kilojoules dégagée par
l'impact entre une main d'adulte lancée à pleine vitesse et une joue enfantine
prise au dépourvue. Il acquerra dans le même temps ses premières impressions
sur la valeur de l'argent. Rien de plus éducatif que cela !

3) L'on dit aussi souvent que le jeu vidéo est
un loisir solitaire qui désocialise l'enfant. En bref, enfant + jeu vidéo =
Rainman. Mais à l'heure du multi-joueurs online illimité et à l'heure où toutes
les consoles permettent de brancher quatre manettes simultanément, peut-on
continuer à laisser dire de telles inepties ? Il est au contraire fort
probable que l'enfant suppliera ses géniteurs d'inviter ses amis à jouer à la
maison et qu'on le retrouvera sur le canapé, baignant dans le Nutella et
hurlant de joie à chaque fois qu'il précipitera l'un de ses amis dans le ravin
de l'un des circuits de Mario Kart. Cette ambiance amicale, franche et
motivante développera à n'en pas douter l'esprit de compétition de notre chère
tête blonde, ce qui ne pourra que lui être bénéfique dans la lutte acharnée qui
se livre à chaque étage de l'ascenseur social de nos sociétés modernes. Là
encore, les limites à imposer à l'esprit de compétition des enfants sont à la
charge de leurs parents, et bien mal leur en prendra de ne pas punir leur
mouflet lorsqu'il versera 3 cachets de Xanax dans le Coca-Cola de ses amis
avant une partie de Mario Party.

4) D'autre part, les univers, les situations,
les challenges proposés par le jeu vidéo sont d'une variété extraordinaire et
inépuisable. L'enfant pourra un jour incarner un Elfe de la Nuit homosexuel à
la recherche de son père ornithorynque transgenre et le lendemain prendre part
à une bataille épique entre une race d'aliens mono-testiculés et une version
futuriste d'humains qui se sustente désormais par l'anus (pour ne pas tâcher
sur sa chemise, c'est ça l'évolution). Tant de merveilles à découvrir ne
manqueront pas de développer son imagination au plus haut point. Cela
développera sa créativité et sa capacité à parler de choses qui n'existent pas.
Il pourra donc très facilement faire carrière dans le marketing ou en tant que
vendeur de tapis. Cette diversité lui apprendra également l'ouverture et la
tolérance, qualité ô combien nécessaires dans une société qui traite si mal ses
ornithorynques transgenre.

5) D'un autre côté, il est important de noter
que beaucoup de jeux vidéo sont basés sur des faits historiques, humains et
économiques réels. Y jouer permettra donc au chérubin de développer ses
connaissances dans ces domaines et d'acquérir une culture certaine plus
facilement et plus ludiquement que s'il l'avait fait au travers d'un livre trop
souvent austère et rébarbatif. Il retiendra donc mieux ces informations et
pourra ainsi impressionner ses professeurs et ses camarades par des phrases
telles que "J'aurais trop aimé être un Nazi.  Ils ont les meilleurs
fusils dans Battlefield 1942". Ceci faisant référence à l'avance
technologique que possédait la Wehrmacht sur les Alliés en termes de
technologie militaire pendant la première partie de la seconde guerre mondiale.

6) Enfin, si beaucoup de jeux vidéo peuvent
paraître basiques, ne consistant qu'à tirer sur des cibles mouvantes pendant
des heures, une grande partie d'entre eux nécessite réflexion et planification.
Les jeux de stratégie et de gestion font appel aux capacités de raisonnement et
de concentration de l'enfant. Il lui faudra donc améliorer en permanence ses
capacités intellectuelles pour progresser dans le jeu. Le bénéfice pour lui est
ici extrêmement clair. Cependant, là encore, les parents devront trouver le bon
équilibre, et verser par exemple un fond de calvados dans le chocolat de leur
enfant tous les matins si celui-ci se révélait devenir plus intelligent qu'eux.
En effet, cela pourrait nuire de façon importante à l'image de l'autorité parentale
dans les sociétés occidentales.

Certes, cette seconde partie de mon article
est enrobée d'ironie et d'autodérision. Le message, qui je l'espère en est plus
facilement transmis, reste le même. Accuser les jeux vidéo d'être dangereux
pour les enfants est aussi facile et stupide que les jeux vidéo sont bénéfiques
pour les enfants.

La preuve en a été faite, tout au moins je le souhaite, dans les paragraphes
précédents.

Dans la prochaine partie de l'article, nous
nous intéresserons aux effets de cette vindicte sur la créativité et la liberté
d'expression dans notre divertissement préféré.

Vidéoludiquement,

Arthur