Mini-album pour maxi-plaisir

Avec du gros son mais pas que !

Avec un titre comme ça qu'on croirait sorti d'une pub pour des préservatifs (au passage le week-end dernier c'était le Sidaction alors n'oubliez pas de sortir couverts) de quoi vais-je bien pouvoir vous parler ?  Mais de metal japonais bien sûr ! C'était tellement logique !...

Pour ceux qui me connaissent (bien) ça ne sera pas une surprise mais pour les autres autant que ce soit dit : même si j'écoute à peu près de tout (à peu près j'ai dit) j'ai quand même une très forte inclinaison pour le rock/metal, la country, le jazz, le blues, le classique/symphonique et l'électr...hum... Daft Punk/Kavinsky/Jet Set Radio (non parce que bon en appréciant que ces artistes ou cette BO ce serait un peu présomptueux de se prétendre grand amateur d'électro ^_^) et donc même si mon artiste (solo) préféré est John 5, mon groupe préféré est depuis 2004 DIR EN GREY, un groupe de visual kei/Rock/Metal japonais. Je ne vais pas vous faire un article sur ce groupe : je ne m'en sens pas les épaules et il y en a plein de très biens sur le net. Mais pour en parler vite fait, DIR EN GREY c'est cinq bonshommes maintenant bien ancrés dans la trentaine (voire même proche de la quarantaine pour certains il me semble) qui ont commencé à la fin des années 90 dans le Visual Kei (vous savez ce genre de Rock typiquement japonais où les musiciens sont déguisés, le plus souvent en "femmes", maquillés etc... La version over-the-top-too-much-à-la-japonaise d'un croisement entre les mouvements glam et gothic qu'on a connus en occident très popularisée par les célèbre X-Japan). D'ailleurs à l'époque il étaient produits par le batteur de X-Japan, Yoshiki, et si ma mémoire est bonne sont toujours en relation plus ou moins étroite avec ce mentor DeLuxe. La particularité de DIR EN GREY si je puis dire, c'est qu'à chaque album leur musique évolue. 12 ans après leur formation ils accouchaient de Dum Spiro Spero, leur album le plus sombre, le plus violent et donc musicalement le plus lourd (guitares très saturées, 7 cordes, accordées en Do, Si voire en La... Ceux à qui ça parle voient sûrement le tableau). Leurs thèmes sont souvent très critiques des problèmes de la société japonaise (le mal-être des jeunes, le suicide, les problèmes générationnels etc) et cet album portait lourdement les questionnements d'une société japonaise meurtie par la catastrophe de Fukushima et les mensonges tout autour. Le groupe a d'ailleurs créé un mouvement (associatif et mondiale) pour s'engager contre les autorités et réclamer qu'on dise la vérité sur les évènement de la catastrophe, que les responsables soient réellement désignés et qu'on arrête les conneries avec le nucléaire au Japon. Deux ans plus tard et après un single très sympathique (Rinkaku), DIR EN GREY revient vers ses fans avec un mini-album : THE UNRAVELING.

Mini-album simplement parce qu'il ne contient que 7 pistes (10 dans son édition collector... Mais je n'ai que la normale ^^) et qu'à part 2 inédits, le reste est composé de remasterisations/réenregistrements/remakes (appelez ça comme vous voulez) d'anciens morceaux. Du coup ça fait un peu trompe-l'oeil à première vue mais contrairement à certains éditeurs de jeux vidéo ils ne se contentent pas d'un upscale ! (oui bon, un upscale en son... XD)

D'abord les deux morceaux originaux. The Unraveling ouvre l'album avec des riffs dans la lignée du single Rinkaku. C'est rythmé, y a de jolies mélodies et de belles disconances. Un bon morceau qui sera sûrement sympa en live (ils passent sur Paris l'été prochain^^). Le morceau suivant, Karma, commence par un riff à la limite du jazzy pour vite s'élancer dans un bon gros morceau bien gras digne de Dum Spiro Spero. Kyo, le chanteur, gueule comme à son habitude (ce qui rassurera les fans qui s'inquiétaient quant à sa maladie aux cordes vocales) tandis que Kaoru et Die, les deux guitaristes, jouent à faire des solos (soli...) assez marrants dans leurs sons. Y a un côté bruitages de cartoon dedans je trouve. La morceau d'après, le remaster de Kasumi, constitue pour moi la première pépite du disque. On retrouve l'essence de cette sublime valse metal de 2004 (sortie sur l'album Vulgar) mais en version boostée, transcendée par un accordage plus bas (sûrement de la 7 cordes là aussi... J'ai en fait l'impression que le groupe migre de façon définitive vers ce type de guitares). Y a pas grand chose à ajouter, c'est beau, c'est propre, c'est classe. Suivi par Karasu (2003, Kisou) dont le remaster est plus subtile. Quand on réécoute derrière la version originale on a l'impression que cette dernière n'était qu'une démo et que notre version 2013 en est la version finale. Encore une fois ça fonctionne très bien et c'est un chouette morceau. Derrière ça on a le remaster le plus travaillé de cet album. The Bottom of The Valley of Death (2003, Kisou) est quasiment méconnaissable dans sa nouvelle mouture 2013. On sent d'ailleurs que cette version c'est la cour de récré de Toshiya, le bassiste. Il a même droit à un peu de solo histoire de se faire plaisir. Pour le reste, s'il n'y avait pas le texte j'aurais eu du mal à reconnaitre le morceau. Même si c'est hyper propre et qu'en l'état c'est encore une fois un bon morceau qui me plait beaucoup, j'avoue que pour le coup je préfère la version d'origine de 2003. Elle était plus "punk", plus rythmée.

Unkown.Despair.Lost, le morceau suivant, c'est un peu l'ovni de l'album. Pour beaucoup c'est un inédit, alors qu'en réalité il s'agit d'un morceau jusque là joué uniquement en live (comme au concert de 2007 au Zénith de Paris... Même que c'était vachement bien !^_^) et présent sur les éditions collector de certains DVD réservés aux membres aKnot (le fan club du groupe...). Le morceau commence par un petit moment acoustique très joli qui colle bien avec l'ambiance et le texte (je ne parle évidemment pas japonais mais les morceaux sont traduits en anglais dans le booklet du CD hein) pour après nous envoyer dans la gueule un morceau de metal très "à l'occidental" dans ses riffs avec la patte DIR EN GREY, évidemment. Des harmoniques sifflées, des choeur, des effets dans la voix du chanteur dont il a le secret (moi personnellement, faire aussi aigu je peux pas...). Encore une fois on a aussi droit à un solo de gratte renforcé à grand coup de pédale Wah-Wah du plus belle effet. Décidemment, c'est classe aussi ! La longueur du morceau et sa structure font un peu penser à Vinushka (Urorobos, 2009).

 

Let's put an end The Final

Le dernier morceau, qui porte bien son nom d'ailleurs, est le remaster de The Final (Withering to Death, 2005). C'est un morceau très populaire du groupe parce qu'il a un refrein hyper entrainant, qu'il bouge bien et puis aussi parce que pour beaucoup (dont moi) c'est le morceau qui a fait découvrir le groupe (car en 2005 il figurait dans le CD d'un numéro de feu le magazine Rock Sound au milieu de moultes artistes occidentaux... DIR EN GREY s'exportait enfin officiellement chez nous !). Et évidemment, cette nouvelle version de la chanson, c'est bigger, stronger, more badass dans ta tête ! Pour être franc la seule chose qui me manque dessus c'est le gros cri bien dégueulasse qu'il y avait dans l'original (oui bon ok il me manque aussi le riff additionnel qu'ils avaient ajouté pour les lives).

Verdict

Au final, c'est un super album car tous les morceaux ont quelque chose. Ils me paraissent tous être bons même si évidemment certains ont ma préférence (The Final et Kasumi). C'est donc du tout bon pour qui voudrait se lancer dans la découverte du groupe avec un album pas trop compliqué à aborder (car si c'est très metal, ça reste des sonorités et des structures musicales proches de la culture occidentale contrairement à leur premier album beaucoup plus punk/pop/metal acidulé très très visual kei)... Le seul hic c'est qu'il m'a coûté environ 20€ sur CDJapan (2500 Yen). Pour "seulement" 7 morceaux, c'est raide. D'autant que les deux autres éditions (une collector et une collector + mieux mieux XD) sont vachement plus cher (45 à 60€) et n'apportent que 3 morceaux en plus (mais ils sont supers, on peut les entendre sur YouTube) et des DVD de l'enregistrement et de quelques extraits live. Bref, c'est un album CHER, trop pour la quantité surtout quand on compare aux tarifs du dématérialisé (je ne sais absolument pas si il est dispo sur iTunes et compagnie ceci dit). Donc au final (ahah The Final ahah blague ahah nulle) malgré le fait qu'il soit excellent je ne le conseillerais avant tout aux fans car il y a d'autres disques plus abordables financièrement (genre deux best-of, très bien ça pour découvrir le groupe !).