Il y a très très longtemps, dans une autre galaxie, je jouais à Starcraft. Me rendant compte très vite que j'étais vraiment trop nul, je ne fis donc aucun effort pour jouer au second (oui, honte sur moi).

Malgré tout, cela ne m'empêcha pas de tomber récemment sur ce site excellent qu'est Starcraft Science, et l'idée de ce dont je vais vous parler aujourd'hui vient essentiellement des génies scientifiques que sont les auteurs de ce site.

J'avoue, j'ai toujours eu un faible pour les Zergs : même si je jouais relativement mal, cela ne m'a pas empêché d'apprécier leur style de jeu, induit directement par leur "écologie". Et tout comme j'ai pu être intéressé par celle des Aliens de Ridley Scott, je l'étais tout autant par celle des Zergs : une espèce conquérante dont la puissance s'appuie uniquement sur des évolutions génétiques et organiques, et jamais technologiques.

On peut alors se demander si une telle espèce pourrait vraiment exister...

Or, l'un des fondements de la puissance Zerg repose sur cette étrange substance qu'est le Mucus, sorte de tissu organique violacé et fibreux généré par les constructions Zergs et qui se répand jusqu'à parasiter complètement tous les environs. Il est donc notoire pour tous les joueurs de Starcraft que la simple vision de mucus dans une zone y trahit directement la présence des Zergs - sauf si vous jouez Zerg, bien sûr, auquel cas vous vous sentirez comme chez vous.

Le mucus, donc, est produit naturellement par les constructions Zergs et se répand peu à peu sur toute la surface disponible. D'après le wiki de Starcraft, le mucus a une structure cellulaire, ce qui signifie que ce n'est pas du simple mucus comme on en trouve chez l'homme et la plupart des créatures vivantes : le mucus Zerg est en effet capable d'absorber les nutriments situés dans le sol et de se propager par le biais de "spores" ou d'être simplement excrété par un certain nombre d'unités Zergs. Mieux encore, c'est le mucus qui nourrit directement les "constructions" organiques Zergs, constituant donc un élément vital de l'écosystème Zerg. Enfin, cerise sur le gâteau, si le mucus craint malheureusement les températures trop élevées, il est toutefois capable non seulement de survivre mais aussi de prospérer sur l'eau et dans l'espace intersidéral (oui, trop fou).

Quand on y réfléchit, connaît-on une quelconque créature vivante de notre bonne vieille Terre ressemblant de près ou de loin à ce qu'est le mucus ?

Aussi incroyable que cela puisse paraître : oui, il y en a. Ce sont les myxomycètes, ou amibes collectives.

Vous en avez certainement déjà aperçu sans savoir ce que c'était : ils ressemblent à des sortes de mousses champignonesques poussant sur les pierres et les branches mortes dans la forêt - très colorés, ils ressemblent vaguement à des champignons sans en être. Certains sont constitués de plusieurs cellules fusionnant pour créer une super-cellule avec un cytoplasme partagé tandis que d'autres naissent sous la forme de cellules individuelles capables ensuite de s'agglutiner pour engendre un organisme pluricellulaire.

Oui, les myxomycètes sont vraiment bizarres...

Et quelles similarités ont-ils donc avec le mucus des Zergs ? Plein, en fait.

Par exemple, ils se propagent par le biais de spores mais peuvent aussi croître et se multiplier lorsqu'ils sont en présence de suffisamment de nutriments, atteignant des tailles respectables, et formant des réseaux de cytoplasmes, permettant ainsi aux différents bouts de myxomycète de ramener les nutriments vers le reste de leur "corps".

Ensuite, lorsque les nutriments commencent à manquer, ils peuvent se transformer et produire des structures appelées sporanges (c'est presque poétique, comme nom), qui se mettent à répandre des spores. Dans le cas de certains myxomycètes, des cellules distincts iront jusqu'à fusionner en une seule "créature" pour pouvoir créer des spores.

Les similarités entre les myxomycètes et le mucus Zerg ne s'arrêtent pas là : ils sont engendrés par des spores mais peuvent aussi se multiplier d'eux-mêmes dans un environnement riche en nutriments. Ils sont capables de transporter des nutriments d'un endroit à un autre de leurs réseaux de cytoplasmes, là où c'est nécessaire. Ils craignent les milieux trop chauds et trop secs.

Mieux encore, les myxomycètes disposent de caractéristiques qu'envieraient les Zergs. Notamment, ils sont capables d'intelligence - du moins, une forme très rudimentaire. En effet, vous ne les verrez certes pas réflêchir sur le sens de l'existence mais ils sont capables d'optimiser le parcours de leur réseau cytoplasmique, optimisant ainsi les circuits de nourritures.

Bon, j'avoue, ce n'est pas une véritable forme d'intelligence, mais simplement une application du même principe d'optimisation qu'utilisent les colonies de fourmis. Observez les diagrammes suivants :

Dans celui de gauche, le myxomycète commence par se répandre de façon égale dans toutes les directions du labyrinthe mais lorsqu'il s'aperçoit dans les diagrammes suivants que les sources principales de nourritures sont aux deux bouts, il se rétracte alors de tous les chemins pour se concentrer sur le plus court, autrement dit le plus efficace.

Ce principe est utilisé à l'identique par les fourmis : elles commencent par explorer une zone au hasard puis lorsque l'une d'elles repère une source de nourriture importante, elles se servent de leurs phéromones pour tracer un chemin au plus court entre la colonie et la nourriture, encourageant les autres fourmis à suivre le même chemin, formant les files indiennes que nous avons l'habitude d'observer.

Du coup, que se passerait-il si le mucus des Zergs était capable de ce niveau rudimentaire d'intelligence ? Eh bien il n'aurait plus à se répandre de façon égale dans toutes les directions mais pourrait se concentrer sur un réseau dense de mucus reliant les différentes constructions Zergs (afin que des quantités plus importantes de nutriments soient distribuées) tandis que des branches plus étroites jaillissant des bordures du mucus se chargeraient d'absorber les nutriments là où ils se trouvent...

Bon, certes, le fait que le mucus se répande également dans toutes les directions a aussi son intérêt (au de-là de servir de frontière visible au territoire Zerg), puisque si l'on part du principe que le mucus est capable d'extraire des nutriments depuis n'importe quel type de terrain, alors ma considération d'optimisation n'a plus aucun intérêt, il n'y aurait de fait aucun avantage particulier à se concentrer en un lieu particulier plutôt que simplement tout recouvrir. De plus, en évitant la densification en branches, le mucus éviterait la faiblesse de pouvoir être simplement "scié" par une quelconque tronçonneuse terran, séparant une structure Zerg du reste du réseau...

Du coup, si vous avez bien suivi jusqu'ici, vous découvrirez comme moi ce paradoxe incongru : si le mucus est effectivement capable d'absorber directement les nutriments dans le sol, pourquoi les Zergs ont-ils besoin d'extraire le minerai comme les Protoss et autres Terrans ? Le mucus pourrait tout simplement recouvrir le minerai et voilà, plus qu'à laisser faire !

D'autant que cela bouleverserait les stratégies classiques Zergs, surtout si une mine une fois recouverte de mucus ne pouvait plus être exploitée par les autres joueurs !

Enfin bon, tout ça pour dire que le mucus Zerg reste quand même du domaine de la fiction - après tout, il est capable de croître dans le vide spatial, que diable ! Et même si des spores réelles étaient capable d'y survivre, il resterait à se demander comment font les Zergs pour résister au froid du vide spatial...

Et vous, avez-vous des idées sur la façon dont ils y parviennent ? Starcraft Science a commencé à ébaucher une réponse.