Salut, avant ma prochaine mise à jour présentant mon travail d'etudiant je voulais partager un texte de "diktacratie" qui ne touche pas directement le sujet des forums mais on pourrait l'y rattacher par analogie.

Je vous laisse juger, ou pas, de la pertinance de la comparaison dans un effort de dialogue, bonne lecture.

 

Une des choses qui fait que l'on trouve si peu de gens qui paraissent raisonnables et agréables dans la conversation, c'est qu'il n'y a presque personne qui ne pense plutôt à ce qu'il veut dire qu'à répondre précisément à ce qu'on lui dit. Les plus habiles et les plus complaisants se contentent de montrer seulement une mine attentive, au même temps que l'on voit dans leur yeux et dans leur esprit un égarement pour ce qu'on leur dit, et une précipitation pour retourner à ce qu'ils veulent dire ; au lieu de considérer que c'est un mauvais moyen de plaire aux autres ou de les persuader, que de chercher si fort à se plaire à soi-même, et que bien écouter et bien répondre est une des plus grandes perfections qu'on puisse avoir dans la conversation. »-La Rochefoucauld

Et que si y en a des qui ont une plume au chapeau, y en a des qui ont une plume dans le derrière ! » -Jacques Brel

Il a bon dos le débat démocratique, quand il ne fait qu'empiler le narcissisme des uns sur l'égocentrisme des autres. Le «dialogue» bien compris devrait être pétri d'écoute, de réflexion et d'humilité. C'est l'essence même du mieux vivre ensemble, pour s'épanouir dans l'égalité, loin de tout ressentiment. De la confiture pour les cochons, oui !

L'égalité, c'est l'intérêt commun. Or, bien trop souvent, dans un dialogue, c'est l'orgueil qui prend le dessus. Ce qui revient à dire, pour ceux qui n'auraient pas compris, qu'il est bien plus facile d'exiger la démocratie en aboyant que de se plier à ses prérequis.

Il y a peu, nous discutions avec un dissident de la vielle école, un ancien punk ! On conversait sur Chavez qui venait de mourir. Notre camarade, rouge brun désaccordé, accablait le guide vénézuélien d'une série de crimes politiques doublée d'une fortune obscure, à l'image d'un vulgaire dictateur de république bananière. Tout son raisonnement reposait sur le «vu à la télé». Nous avions beau argumenter et prouver, chiffres à l'appui, que leVenezuela souffrait surtout de la propagande atlantiste, il ne voulait rien entendre et il eut tôt fait de nous taxer de «complotisme».

Nous ne lui demandions pas d'être automatiquement d'accord avec notre propos. Nous lui suggérions de l'entendre, ne serait-ce que pour en parler, librement. À force de confiance dans l'amitié qui nous réunissait ce jour-là, notre ami est parvenu à cet effort. Mais sur le nombre, pareil sauvetage demeure tellement rare et inespéré. Dialoguer avec autrui, c'est écouter. Et non pas s'écouter soi-même !

Un «musicien», c'est ainsi qu'il se présentait, nous vantait quelque supériorité nichée dans la pureté dogmatique de son art. Nous lui rappelions rapidement que tous les artistes médiatisés, ce qui inclut aussi les contestataires, demeuraient les «idiots utiles» d'une certaine bourgeoisie aux commandes de notre société-spectacle. Nous lui montrions même un masque africain traînant par là, une œuvre dépourvue de toute signature, dont le créateur était donc un parfait anonyme. Histoire de pénétrer l'essence de l'art pour...l'art !

Si la beauté du fétiche apaisa notre vision des choses, le troubadour, lui, dénigra toute qualité artistique à l'objet, à propos duquel il avoua même sa parfaite indifférence ! En définitive, jugeant mal les hommes pour mieux sauver les artistes, il trouva dès lors notre morale à contre courant plus que douteuse, et il nous signifia son refus de poursuive son show, estimant que nous n'étions pas dignes de sa sensibilité prestigieuse !

Puis, quand il n'eut vraiment plus rien à dire, en fin de compte assez vite dans la «discussion», il utilisa le mot magique. Ce mot qui offre la garantie aux abrutis de ne surtout pas modifier leur condition. «Facho !». Cet anathème de l'esclave qui se croit maître.

Reste la perle finale, un jeune capilliculteur pour dames finissantes qui nous clamait, il y a encore un mois, son désintérêt pour le mariage, qu'il fût pour quelques-uns ou pour tous. Homo, au désir souvent frivole et varié, il ne voyait en rien dans la formule contractuelle et monogamique de quoi satisfaire ses lubies.

Quelques semaines plus tard, il se découvrit l'envie de revendiquer le mariage avec ses pairs, parce qu'il venait de se sentir pousser un désir de paternité ! Nous lui expliquions qu'un tel désir ne nécessitait pas forcément un passage par le mariage et qu'il ne fallait pas amalgamer cela à un  caprice... identitaire ! Mais voilà, notre camarade ne tentait plus de dialoguer avec nous. Il cherchait dans nos propos le mot litigieux qui  nous révélerait comme «homophobes refoulés».

L'affaire était donc réglée, une nouvelle fois. En nous traitant ainsi de fachos ou d'homophobes, ils ne faisaient que stigmatiser notre surdité à leur intolérance.

source: https://diktacratie.com/complotistes-fascistes-et-homophobes/