A cette époque, je voyais arriver les consoles avec surprise. Seuls les magazines possédaient l'information, et il fallait attendre un mois, survivre à des rumeurs improbables largement réalimentées par les camarades de classes, pour enfin connaître la vérité sur l'actualité, et surtout le futur, vidéoludique. Impensable de nos jours, avec le net, où un site qui ose publier une news avec deux heures de retard se fait lyncher sur la place publique.

A cette époque, on comptait encore en bits. L'architectures des consoles le permettait. L'ère des 16 bits, avec la Super Nintendo et la Megadrive, puis celle des 32 bits, l'arrivée des premiers vrais jeux 3D, avec la Playstation et la Saturn. Je voyais déjà se profiler à l'horizon la Nintendo 64 et son lot de promesses. L'évolution était aussi simple qu'une multiplication par deux. Aucun doute que la génération d'après verrait le règne des 128 bits, puis ainsi de suite.

Pour prendre de l'avance, et me laisser le temps de rêver, j'avais imaginé une console improbable, de la génération des 512 bits. Pourtant, depuis, de l'eau a passé sous les ponts, et on ne compte plus vraiment comme ça les avancés techniques des consoles, trop complexes pour être mesurées uniquement en bits. Mais, j'ai envie d'y croire encore. Allez. PS2, XBOX et Gamecube, c'était des 128 bits assumées, 360 et PS3, on dira que ce sont des 256 boostées... et on arrivera bientôt à cette ère rêvée. Cette époque que j'imaginais lointaine et qui pointe déjà la bout de son nez numérique. Et alors ? Est-ce que le présent d'aujourd'hui correspond au futur d'hier ? Mes rêves se sont-ils réalisés ?

 

A l'époque, j'étais jeune, je n'avais pas encore toutes les données en main. S'il y a un truc que j'avais déjà réalisé, c'était le potentiel du jeu en ligne. Ma grande déception est d'ailleurs de voir qu'aucun MMORPG ne se soit imposé de façon nette et précise sur console. Peut-être aussi parce que le format s'y prête moins facilement que sur PC. Enfin bref... A l'époque, j'avais imaginé une sorte de méta-jeu. Un univers persistant énorme (oui, bon, j'avoue, basé sur l'univers de Secret of Mana, je suis toujours pas sevré !) où chaque joueur aurait eu sa place. Hardcore, Core et Casuel Gamers. Tout simplement parce que ce jeu aurait proposé plusieurs gameplays. Il aurait été possible, pour le joueur occasionnel, de se contenter de cultiver son lopin de terre et de gérer sa maison, à la Sims, ou, encore plus simple, un peu comme les petits jeux pourritos sur Facebook. Pour le joueur plus rodé, un petit jeu d'aventure se serait mis en place, avec différentes quêtes. Et pour le joueur confirmé, la possibilité de parcourir le monde, en aventurier, ou d'intégrer une milice ou une armée. Le jeu aurait pu prendre en compte des données géopolitiques en temps réel, faire interragir les gens de différentes villes, pays, etc... Une douce utopie, bien entendu.

Niveau plateforme, j'imaginais un Mario avec plein de personnages jouables. J'avais prévu le multi, les joueurs en même temps, mais j'étais plus intéressé par le côté "aventure épique" que par le fun absolu et le gameplay. Pourtant, il faut bien avouer que des jeux comme New Super Mario Bros comblent en partie cette attente.

J'imaginais aussi une évolution dans les jeux de football, mais pas forcément comme elle a eu lieu, offrant un combat de simulation ultra poussée entre Fifa et PES. Au contraire, j'étais persuadé qu'un jeu de foot un peu manga, du type Captain Tsubasa allait perdurer, et s'imposer comme la référence de foot arcade. Certes, on a eu des jeux rigolos, Mario Striker, etc, mais rien qui puisse apporter le panache et l'intérêt de, ce qui pour moi était la référence à l'époque : Super Sidekicks. Dommage, car il y avait, pour moi, un intérêt réel à développer une alternative marrante mais également technique et avec du chalenge. Aujourd'hui, j'aime beaucoup les PES et Fifa... mais parfois, je m'y ennuie un peu.

Ce ne sont que des exemples, et je pourrais rajouter plein de jeux dont je rêvais à l'époque. Certains sont arriver, d'autres non... enfin, certains rêves se sont à moitié réalisés, pas vraiment dans la forme que j'imaginais. Des jeux de bastons Dragon Ball Z à foison... mais ultra nerveux, et en 2D... Un Mario Kart ultime, avec des milliers de courses ultra longues... Ce que je pensais, surtout, c'était qu'il y aura un jeu de chaque sorte pour chaque grande catégorie et qu'il serait génialissime, qu'il s'imposerait comme une référence ultime. Je pensais naïvement que les jeux continueraient toujours de nous surprendre, mais le futur n'est pas aussi resplandissant. Les suites se succèdent, souvent de qualité, mais c'est surtout du côté des petits développeurs, du PSN Store et du Xbox Live qu'arrivent les vraies pépites.

 

Des pépites qui nous surprennent encore, car elles viennent de nulle part, un peu comme à cette époque où un rien nous étonnait. Cependant, je reste quand même optimiste. Le jeu vidéo n'a jamais été aussi énorme, et le choix s'en ressent aussi. Peut-être qu'en grandissant j'ai perdu cette faculté qui me permettait d'être véritablement transporté par un jeu. Pourtant, quelques fois, un ou deux softs me transcendent encore. C'est plus rare, plus ténu, mais je ne perds pas espoir, et j'espère toujours que le jeu vidéo continuera à me faire vibrer.

Ce que j'ai perdu par contre, ce sont des rêves pour le futur. Maintenant, je me contente d'attendre. Quoique...