Imaginez un manuscrit capable de révolutionner la science… puis effacé par des moines pour écrire des prières. C’est l’incroyable destin d’un texte d’Archimède, perdu pendant des siècles et redécouvert bien trop tard.
On parle souvent de découvertes perdues ou de savoirs oubliés. Mais peu d’histoires illustrent aussi bien ce drame que celle du manuscrit scientifique d’Archimède, effacé par des moines au Moyen Âge. Un geste banal à l’époque, mais qui aurait privé le monde de plusieurs siècles d’avancées scientifiques.
Un génie bien en avance sur son temps, un vrai scientifique
Archimède, né au IIIᵉ siècle avant notre ère, était sans doute l’un des plus grands esprits de l’Antiquité. Physicien, inventeur, mathématicien, scientifique, il posait déjà les bases de ce que deviendraient bien plus tard la mécanique, le calcul intégral et la géométrie moderne. Ses écrits, notamment La Méthode des théorèmes mécaniques, contenaient des intuitions que Newton et Leibniz ne formuleront qu’au XVIIᵉ siècle. En d’autres termes, Archimède avait plusieurs siècles d’avance sur les plus grands savants de l’époque moderne.
Mais l’histoire a ses ironies. Au XIIIᵉ siècle, dans un monastère byzantin, des moines ont effacé le texte original d’Archimède pour réutiliser le parchemin et y recopier… des prières. À l’époque, le support d’écriture coûtait cher, et il était courant de gratter les anciens manuscrits pour les recycler. Ce type de document réécrit s’appelle un palimpseste.
Résultat, les travaux d’un des plus grands scientifiques de l’histoire ont été recouverts de textes religieux, et sont restés invisibles pendant des siècles.

Une redécouverte miraculeuse
Il faut attendre 1906 pour que le philologue danois Johan Ludvig Heiberg redécouvre ce manuscrit perdu dans une bibliothèque de Constantinople. Il remarque des traces d’un texte ancien sous les prières médiévales et comprend qu’il s’agit de fragments d’Archimède. Mais ce n’est qu’à la fin du XXᵉ siècle, grâce aux rayons ultraviolets et infrarouges, que les scientifiques parviennent enfin à lire le texte caché. Ce qu’ils y trouvent est stupéfiant, des calculs combinatoires et géométriques qui anticipent des principes mathématiques utilisés aujourd’hui en physique, en ingénierie, et même dans les algorithmes modernes.
Si cette découverte scientifique a bouleversé les historiens des sciences, elle soulève aussi une question vertigineuse : combien d’autres trésors intellectuels ont disparu dans les monastères, les guerres ou les incendies ?
L’effacement du manuscrit d’Archimède n’était pas un acte de sabotage, mais une pratique courante dans un monde où la connaissance circulait peu et où la religion dominait la culture écrite. Pourtant, ce simple geste a sans doute retardé de plusieurs siècles certaines avancées majeures de la science occidentale.
Source: thearchaeologist