Luis von Ahn, fondateur et PDG de Duolingo, n’y va pas par quatre chemins. Pour lui, il n’existe quasiment aucune matière qu’un ordinateur ne puisse enseigner. Invité du podcast No Priors, il a expliqué pourquoi l’IA pourrait transformer l’éducation dans les prochaines décennies.

L’IA, une réponse au manque de suivi personnalisé

Dans une classe traditionnelle, un professeur doit gérer une trentaine d’élèves. Impossible donc d’adapter son enseignement aux besoins précis de chacun. L’IA, au contraire, peut analyser en détail les progrès d’un étudiant, identifier ses points faibles et ajuster les exercices en temps réel. C’est cette capacité d’individualisation qui, selon von Ahn, rend la technologie plus efficace qu’un humain dans de nombreux cas.

Faut-il pour autant dire adieu aux écoles ? Pas vraiment. Le PDG de Duolingo le rappelle : un établissement scolaire, ce n’est pas seulement un lieu d’apprentissage. C’est aussi un espace de socialisation et un service de garde. “Les écoles ne vont pas disparaître, car vous aurez toujours besoin d’un encadrement pour les enfants”, explique-t-il. Même si l’IA comme ChatGPT prend de plus en plus de place, le rôle de l'humain reste essentiel.

Les limites actuelles

L’IA a encore ses faiblesses. Le modèle de Duolingo, basé sur des quiz et des petits exercices, fonctionne très bien pour l’apprentissage des langues. Mais pour des matières comme l’Histoire, qui nécessitent plus de contexte et de narration, l’IA montre encore ses limites. Pour von Ahn, cela ne change rien au constat : l’avantage de l’IA reste sa capacité à toucher des millions d’apprenants en même temps. Et ça, aucun humain ne peut réellement le faire ou alors avec beaucoup de limites.

Avec ses 116 millions d’utilisateurs mensuels, Duolingo possède une quantité impressionnante de données sur la façon dont les gens apprennent. L’entreprise a mené l’équivalent de 16 000 tests différents pour trouver les meilleures méthodes. Grâce à ces données, l’IA intégrée à l’application peut prédire les résultats d’un test, envoyer un rappel au bon moment ou proposer un exercice pile au bon niveau de difficulté.

Et ce futur n’est pas si lointain. Certaines écoles privées aux États-Unis testent déjà une approche où l’IA assure la majorité de l’enseignement. Les professeurs, rebaptisés “guides”, se concentrent alors sur la motivation et le soutien moral. Cette méthode reste coûteuse, mais elle montre que l’IA éducative n’est plus une idée théorique : elle s’installe déjà dans certaines salles de classe.

Source : No Priors podcast