La pandémie a changé la trajectoire de nombreux étudiants et membres de la gen Z. Ces derniers délaissent désormais l’université pour des travaux plus manuels, grâce auxquels ils arrivent à bien gagner leur vie.
La pandémie a bouleversé les trajectoires professionnelles de nombreux jeunes, et particulièrement de ceux de la gen Z qui, avant 2020, se considéraient comme des élèves modèles, destinés à suivre le parcours classique américain du collège à l’université. Jacob Palmer, originaire de Concord, en Caroline du Nord, est l’incarnation même de cette évolution. Bercé par la réussite académique et l’engagement dans des activités extrascolaires, il n’a pas anticipé le tournant que prendrait sa vie pendant le confinement. « L’école en ligne ne m’a pas convenu », explique-t-il. Un sentiment partagé par une génération entière qui a exploré de nouvelles voies professionnelles, à commencer par les métiers techniques.
Plutôt que de s’accrocher à ses études universitaires, Palmer a alors opté pour une expérience différente. Après un passage dans un entrepôt FedEx et quelques mois de travail dans une usine, il découvre l'électrotechnique grâce à un électricien passionné qu’il rencontre alors que sa mère faisait installer un jacuzzi. « Il travaillait pour lui-même, et j’aimais bien l’idée de travailler de mes mains », raconte ce membre de la gen Z, qui commence à 18 ans comme apprenti dans une petite entreprise locale payé 15$ de l'heure. À 21 ans, il devient chef d’entreprise avec sa propre société, Palmer Electrical, et génère près de 90 000 dollars de chiffre d’affaires la première année. A 23 ans, il est désormais entièrement indépendant financièrement et libre de toute dette, contrairement à une majorité d'étudiants américains.
La gen Z va-t-elle révolutionner le marché du travail ?
Ce parcours illustre une tendance plus générale : celle de la montée en puissance des métiers manuels et techniques auprès de la gen Z. Selon les dernières données du National Center for Education Statistics, entre 2010 et 2021, l’inscription à l’université a chuté de 15%. Une baisse largement alimentée par la pandémie, mais les jeunes, lassés des dettes et de l’incertitude liées aux diplômes, se tournent de plus en plus vers des alternatives pratiques et rentables. Les métiers comme l’électricité, la plomberie et la climatisation sont alors aujourd’hui perçus par la gen Z non seulement comme des alternatives viables, mais aussi comme des voies vers l’indépendance financière et professionnelle.
« Les étudiants voient désormais les métiers comme une porte d’entrée vers l’entrepreneuriat, loin du chemin traditionnel de l’université. Les réseaux sociaux, avec leurs influenceurs qui partagent leurs parcours dans les métiers techniques, ont fortement contribué à cette évolution. », explique Marlo Loria, directrice de l’éducation professionnelle à Mesa Public Schools en Arizona. Elle ajoute que la gen Z veut comprendre pourquoi elle devrait s'endetter pour un diplôme, alors que des alternatives telles que les écoles de métiers offrent une formation pratique en moins de temps et à un coût considérablement inférieur. En parallèle, des plateformes comme Jobber, dédiée aux entrepreneurs des métiers manuels, publient chaque année des rapports soulignant aussi l’attrait croissant des métiers techniques.

Moins d'études, moins de dettes
Leur dernière enquête montre que de plus en plus de jeunes de la gen Z envisagent des carrières dans ces secteurs, en particulier dans des domaines où la demande est forte. C'est notamment le cas de l’électricité, où la croissance des emplois est estimée à 11% d’ici 2033, bien au-dessus de la moyenne américaine. L’exemple de Palmer n’est isolé. Itzcoatl Aguilar, 19 ans, technicien CVC (Chauffage, ventilation et climatisation) à Los Angeles, suit un parcours similaire. Autodidacte et passionné par son métier, il utilise également les réseaux sociaux pour promouvoir son activité, avec un succès exponentiel.
Sa chaîne YouTube, dédiée à la climatisation et à la ventilation compte aujourd’hui près de 30 000 abonnés, soit des revenus supplémentaires. Si ces jeunes entrepreneurs de la gen Z se détournent du parcours universitaire traditionnel, c’est aussi parce qu’ils recherchent une autonomie qu’offre la gestion de leur propre entreprise. Travailler pour soi, sans les dettes et les incertitudes de l’université... C’est peut-être ça le nouveau rêve américain : gagner rapidement en indépendance financière.
Source : Fortune