Quand Kyle Hyde, ex-flic New Yorkais reconverti en représentant pour une pauvre entreprise, arrive à l'Hôtel Dusk le 28 décembre 1979, il est loin de s'imaginer ce qui l'attend. Il ne sait même pas ce qu'il vient y faire d'ailleurs, son patron l'a juste envoyé sur place pour remplir une mystérieuse mission "spéciale", comme ça lui arrive de temps à autre. Dans tous les cas, dès sa première conversation avec le tôlier, il comprend vite que ça ne va pas être un séjour comme les autres. L'Hôtel Dusk n'a rien du palace où l'on vient se la couler douce, comme à Miami. Entre les occupants des diverses chambres et le mystère qui plane autour de celle qu'on lui a attribué, la 215 donc, il va passer la journée la plus étrange de sa vie. Il devra affronter ses démons du passé, qui ont fait de lui le pauvre erre torturé et bouffé par les remords qu'il est devenu, depuis qu'il a quitté la police il y a trois ans.

Une sombre aventure

Développé par CING, à qui l'on doit Another Code, Hotel Dusk est un jeu d'aventure comme on n'en voit plus assez à mon goût. Dès les premières minutes de jeu, on se doute que l'on va être embarqué dans une histoire digne d'un thriller. Autant prévenir les rétissants de la parlotte : Kyle est un bavard qui passe beaucoup de temps à jaqueter. Du coup, les dialogues sont vraiment nombreux, mais heureusement c'est assez bien écrit pour que l'on se laisse embarquer dans l'histoire. Bien sûr, il y a tout de même des longueurs par moment, mais globalement ça passe très bien. En fait, la force du titre vient surtout de son aspect graphique. La représentation des personnages en noir et blanc, façon BD, incrustés dans le décor, donne l'impression d'être dans le clip de Take on Me de A-ha. Souvenez-vous, formidable. Mais c'est sans aucun doute cette particularité qui apporte la vraie touche "film noir" au jeu. Ce mélange de scénario bien ficelé, de personnages certes assez caricaturaux mais tout de même creusés et d'esthétique originale donnent le crédit nécessaire à un jeu qui mérite que l'on se rue dessus. La moitié du boulot est donc faite, maintenant il faut juste que l'interface du jeu et les mécanismes de gameplay fonctionnent pour faire de Hotel Dusk un hit.

C'est dans les vieux pots...

CING a décidé de faire dans l'original jusqu'au bout en nous faisant tenir la DS comme un livre, façon Programme d'Entraînement Cérébral du Professeur Mawashigéri (coup de pied circulaire). L'écran tactile servant à diriger le perso alors que l'autre affiche le décor en 3D. C'est simple et efficace, et l'utilisation du stylet donne un côté point'n'click qui me remémore une tonne de bons souvenirs. Le déroulement du jeu est finalement assez classique des titres du genre : on se balade, on discute avec les occupants pour récolter des infos, on récupère des objets pour les utiliser ou les donner, etc. Pas la peine de s'étaler donc, vous avez compris le topo, Lino. De toute façon c'est difficile de réinventer un style dans lequel tout a déjà été fait, mais au moins, Hotel Dusk reprend bien tous les codes du genre... Jusque dans ses défauts d'ailleurs. Le jeu est en effet dirigiste et on peut rester bloqué pendant des heures comme un idiot juste pour un bout de craie qu'on n'arrive pas à trouver. La haine, Brigitte !

Simplicité, efficacité, top crédibilité...

Néanmoins, malgré ce service minimum en termes de gameplay, la sauce prend à mort. On avance tout au long du jeu en espérant en savoir plus sur tous les personnages et sur le passé de Kyle, les énigmes sont bien ficelées et les mini-jeux bien amenés... Bref, sans être le jeu d'aventure de la décennie qui redonnera vie à un genre quasiment mort, Hotel Dusk, par son esthétisme sans faille, sa qualité d'écriture (à noter que le test à été fait sur une version US, alors faites un tour sur nos forums pour vous assurer de la bonne qualité de la traduction française) et son ambiance de film noir qui s'en dégage est un excellent jeu qui ravira les fans du genre, mais aussi les autres, les gens ordinaires et tristes. Le type de jeu que l'on n'arrive pas à lâcher avant de l'avoir terminé... et dieu sait si de nos jours, c'est rare.