Lancée en fin d'année 1987 au Japon, la PC Engine n'est arrivée que deux ans plus tard en France... et encore, il n'a jamais été question pour NEC de la commercialiser lui-même. Ainsi, dans l'Hexagone, le Japonais s'est-il reposé sur une société tierce, le Breton Sodipeng. Malgré un énorme succès dans son archipel d'origine, la PC Engine / TurboGrafx-16 - deux noms pour ses deux principaux marchés - n'a jamais vraiment décollé. Après quelques années et quelques produits aux objectifs pour le moins douteux - SuperGrafx, PC-FX - NEC a préféré se retirer d'une course écrasée par le mastodonte Sony et sa PlayStation. Avec la PC Engine Mini, Konami tente de faire connaître la bête à un plus large public tout en faisant plaisir aux nostalgiques que nous sommes.

Design et fonctionnalités de base

À l'époque, la PC Engine était - et de loin - la console de salon la plus compacte. Aujourd'hui encore, aucune machine « standard » ne peut prétendre rivaliser avec ses dimensions réduites et sa version mini n'est donc finalement pas beaucoup plus compacte. Ainsi, au sortir du carton, nous découvrons une machine presque carrée de 120 x 115 x 35 millimètres alors que l'on aboutissait à 140 x 135 x 40 mm. pour l'originale. Elle est en revanche beaucoup plus légère que son ainée à tout juste 160 grammes contre environ 350 g. pour la machine des années 80. Il est d'ailleurs intéressant de noter que la console mini est finalement à peine plus lourde que la manette qui l'accompagne (140 g.).

D'apparence, la console mini est pratiquement identique à son modèle. On retrouve le bouton vert de mise sous tension ainsi que l'emplacement pour brancher la manette : alors que la console originale n'avait qu'un seul port, on dispose ici de deux connecteurs, au format USB. On remarque aussi le même « décrochage » qui permettait d'insérer les fameuses HuCARD. Sur la version mini, le décrochage est purement cosmétique : il n'est bien sûr pas possible d'insérer les cartes d'époque. Enfin, au dos de la console, on retrouve le même cache plastique : à l'époque, il servait pour le connecteur du CD-ROM, il est maintenant utilisé pour masquer les ports HDMI et d'alimentation (microUSB).

Notons au passage que Konami livre avec la console un câble HDMI (2 mètres) et un câble microUSB-USB (2 m.), mais aucune alimentation n'accompagne la PC Engine Mini. Pour lui fournir le jus nécessaire, il est indispensable de disposer de ports USB sur la télévision / l'écran ou d'une brique externe (5 volts / 2 ampères). Sur le principe, c'est très bien de ne pas multiplier les adaptateurs secteur sachant que beaucoup en ont déjà ou brancheront sur la télévision. En revanche, compte tenu de la présence d'une seule manette, cela ne fait que renforcer l'impression d'une mini payée au prix fort, plus ou moins 110 euros en fonction des revendeurs.

Curieux de nature, nous avons évidemment ouvert la bête pour nous retrouver en face d'une carte mère fabriquée par Hori pour le compte de Konami. Dessus, on note la présence d'une puce bien connue des amateurs de consoles mini, le CPU est un AllWinner Zuiki Z7213, le même que sur Megadrive Mini. Il dispose de quatre coeurs ARM Cortex A7 cadencés à 1,3 GHz, d'une solution graphique Mali 400 et se trouve épaulé par ce qui semble être une puce mémoire de 4 Go. Enfin, ultime remarque pour relever une bizarrerie : Konami n'a effectivement pas jugé bon de mettre en place un témoin lumineux d'alimentation.

La meilleure ludothèque, quelques absences de marque

Au moment de lancer nos premiers jeux, il nous faut d'abord souligner le travail réalisé par Konami à ce niveau. La PC Engine Mini est incontestablement la machine la mieux dotée. D'abord parce qu'elle dispose tout de même d'un catalogue de plus de 50 titres, quelques unités de plus que la SNES Classic Mini par exemple. Mais aussi et surtout parce que qualité et variété sont clairement au rendez-vous. Dans sa version européenne - celle que nous avons testée - on peut ainsi compter sur 32 jeux PC Engine en version japonaise et 25 jeux TurboGrafx-16 en version anglaise. Notez bien que la question de la langue est toujours un problème sur PC Engine dans la mesure où aucun jeu n'a été officiellement distribué en France, il n'y a aucun titre dans la langue de Molière.

De manière assez logique, Konami a tenté de retrouver l'essence même de la console originelle au travers de sa sélection. C'est donc sans surprise que l'on retrouve un large choix de shoot them up avec du Blazing Lazers (le fameux Gunhed) bien sûr, mais aussi R-Type, Super Star Soldier, Star Parodia, Spriggan ou encore les Gradius I et II et autres Dragon Spirit ou Air Zonk. On regrette que Dragon Saber ou Final Soldier soient absents. L'action et la plateforme sont bien représentés avec l'inévitable Ghouls'n Ghosts (version SuperGrafx) et l'excellentissime Ninja Spirit. On retrouve aussi le non moins excellent Castlevania : Rondo of Blood ou Parasol Stars, Nectaris, Neutopia I et II.

Et en Multi ?

Malgré son unique port manette, la PC Engine était réputée pour ses jeux à plusieurs. Hélas, à ce niveau, c'est un peu la soupe à la grimace. Il y a certes deux versions de Bomberman, Dungeon Explorer et le premier Moto Roader, mais... c'est tout. Autant vous dire qu'il faudra y réfléchir à deux fois pour investir dans le multitap 5 ports vendu en option à 30 euros. D'autant plus y réfléchir que seules les manettes PC Engine Mini sont reconnues par la console. Nous en avons essayé de nombreuses pour vérifier et aucune n'a fonctionnée. Notez qu'en revanche, la manette USB fournie par Konami était, elle, parfaitement reconnue par notre PC sous Windows 10.

Soulignons à ce niveau que, identique à la manette originale, elle est sur la version française de la mini console - la CoreGrafx Mini donc - dans sa déclinaison deux boutons avec tir automatique ce qui n'est pas le cas sur la mouture japonaise. Le manque de jeux multitap est le premier écueil de cette sélection qui en compte deux autres. Tout d'abord, aucun jeu de sport exception faite du Moto Roader déjà cité. N'espérez par exemple pas jouer en double sur Final Match Tennis ou retrouver les joies de Super Volley Ball. L'autre reproche est plus général : malgré plusieurs exceptions, Konami semble surtout s'être penché sur les débuts de la PC Engine, oubliant certains titres plus « récents ».

Nous pourrions encore critiquer très longtemps la logithèque de cette PC Engine Mini et c'est vrai que se limiter à 50 jeux quand on pourrait aisément en proposer le double ou le triple est toujours regrettable. Reste que Konami se montre plus généreux que ses concurrents et qu'il y a déjà de quoi faire sur cette machine... d'autant que la qualité d'émulation est remarquable. Nous n'avons pour ainsi dire aucune critique à formuler sur les rendus graphiques ou sonores et c'est un vrai bonheur de « vieux con » que de retrouver ainsi ces merveilles à l'identique. Notons à ce niveau que l'éditeur a mis en place plusieurs options afin d'adapter l'affichage à nos convenances / notre matériel. Il est par exemple possible de choisir entre plusieurs formats d'image.

Pas de jeu en français

L'inévitable pixel perfect est évidemment au menu, mais on peut aussi demander un affichage 4:3, un 4:3 élargi ou un mode plein écran. Ce dernier déforme évidemment l'image. Notons aussi la présence d'un mode PC Engine GT qui émule l'écran de la portable de NEC : amusant, mais peu praticable... comme à l'époque ? Un filtre CRT peut aussi être appliqué et si vous optez pour un mode qui n'occupe pas toute la surface d'affichage, vous pourrez sélectionner divers fonds pour « remplir ». L'upscaling a toutefois ses limites et l'affichage se contente du 720p, tout à fait correct malgré tout, même pour l'interface. Celle-ci est d'ailleurs un modèle du genre : elle permet de basculer entre mode PC Engine (clair) et mode CoreGrafx (sombre)... preuve que les modes « nuit » ne datent pas d'aujourd'hui.

Sur PC Engine, en plus des HuCARD, on pouvait aussi posséder un CD-ROM - la console était la pionnière dans le domaine - et donc des jeux CD, mais aussi l'Arcade Card capable d'enrichir encore les capacités. Le shoot them up Sapphire exploite ce module pour des effets graphiques épatants compte tenu de la technologie de base de la console, une 8-bit rappelons-le. Notons qu'il est possible de sauvegarder à tout moment sa progression via la combinaison « run + select ». Ultime remarque avant d'aborder la conclusion de ce test de l'excellente PC Engine Mini : nous l'avons dit, aucun jeu n'est en français et, un peu plus gênant encore, certains titres japonais sont injouables pour qui ne maîtrise pas la langue. Konami n'y est pour rien, mais il faut le savoir malgré tout.

EN RÉSUMÉ

UN PEU CHÈRE, MAIS TELLEMENT RÉUSSIE !

Avec la PC Engine Mini, Konami a visiblement cherché à ne pas reproduire les erreurs de ses concurrents. Ainsi, la console bénéficie de la ludothèque la plus complète de toutes les machines commercialisées depuis la mode des « mini ». Elle est aussi l'une des plus intéressantes, même s'il manque forcément quelques titres majeurs et que tout le monde regrettera l'absence de tel ou tel jeu... nostalgie oblige. On peut toutefois souligner l'étonnante impasse faite sur les jeux de sport, mais ce qui est le plus gênant est évidemment la présence d'une seule manette. Certes, c'était aussi le cas avec la machine originelle, mais tout de même. Soulignons également l'absence d'adaptateur secteur - plutôt une bonne chose sur le principe - pour critiquer le tarif trop élevé de cette mini. Reste que pour environ 110 euros, on profite d'une émulation d'excellente facture et de toutes les options dont on pourrait rêver... pour (re)plonger avec bonheur dans le monde PC Engine.

ON A AIMÉ : ON N'A PAS AIMÉ :
  • Belle réplique miniature, jolies finitions.
  • Ludothèque la plus fournie des Mini.
  • Émulation de haut niveaux, quelques options sympas.
  • Très jolie interface, complète, fonctionnelle.
  • Système de sauvegarde pratique, accessible.
  • 2 mètres de câble pour jouer sans inquiétude.
  • Plutôt chère et une seule manette/ Pas d'adaptateur secteur.
  • Ludothèque imparfaite. Où sont les jeux de Sport ? (NDTraz : Pas de Final Match Tennis !!!).
  • Les jeux japonais typés "aventure" non traduits.
FICHE TECHNIQUE :
  • Où acheter ? : Amazon (110 € environ)