Trois fois plus fou

Le premier opus de Saints Row se voulait plutôt sérieux et premier degré, même s'il développait un côté parodique et satyrique emprunté a GTA, dont il s'inspirait librement et ouvertement. L'univers gangsta et hip hop était, quant à lui, directement pompé sur l'épisode San Andreas de la série de Rockstar. Avec Saints Row 2, on sentait que l'ambiance devenait plus légère. On y voyait se multiplier les situations loufoques comme les activités annexes ou les options de customisation de persos et de véhicules. Le ton était donné, il fallait plus de fun ! Et c'est ainsi que Saints Row II est devenu l'un des plus dignes représentants de ce que l'on appelle les jeux "bac à sable". Avec Saints Row 3, on peut dire que le studio Volition n'y est pas allé avec le manche de la batte et s'est enfoncé encore plus profondément dans la brèche pour nous offrir une surenchère de délires en tous genres et de missions improbables.

Ca fait pouffer Poufy

Pour savoir ce que nous réserve cette nouvelle mouture, il suffit d'entrer dans l'un des modes de jeu inédits, le Whored Mode, dont je me dispenserai de vous traduire la signification... Il s'agit d'un mode PvP initialement prévu pour le live, également jouable en solo. Le principe consiste à affronter des hordes d'ennemis, sous certaines conditions, dans des maps tirées du jeu. Et là attention, âmes sensibles s'abstenir ! La première épreuve consiste à éliminer un gang de prostituées en étant armé de la fameuse épée-godemichet nommée Penetrator (cf. SR3 : Nos impressions)... Ah, je vous avais prévenus, on nage dans la finesse et la subtilité ! Mais le but du jeu est de nous divertir et ça marche plutôt bien. Alors au diable le bon goût et les bien-pensants, laissons ça à Familles de France ! D'autant que la suite ne va pas aller en s'arrangeant, car juste après il nous faut affronter, à mains nues, une armée de soldats SM, façon Zed dans Pulp Fiction, équipés de Penetrators... Ensuite, il faudra en découdre à la tronçonneuse avec une cinquantaine de zombies survitaminés dans un niveau nommé "Pas d'herbe ici". Viendra alors le moment du choc, avec un affrontement contre deux géants très spéciaux... Heu, comment les décrire ? Si vous connaissez Final Fight, imaginez Andore habillé en Poison et c'est... Exactement ça ! Si vous ne voyez toujours pas, imaginez un transsexuel de trois mètres, taillé comme Hulk et habillé en string-mini-jupe ! Ca donne envie , hein ? Demandez à Poufy ! S'en suivront des combats contres des mini canettes d'energy drink, des peluches géantes, ou encore des grosses bouteilles de bière qu'il faudra dégommer au bazooka en étant complètement bourré. Chacune de ces épreuves est truffée de clins d'oeil et de références au monde du jeu vidéo. Un mode déjanté et prometteur qui nous permet d'apprécier le ton, les armes et le type d'ennemis auxquels nous allons être confrontés au cours de l'aventure principale.

T'es qui toi ?

Après cette mise en bouche plutôt surprenante, il est temps de voir ce que le mode principal du jeu nous réserve et cela passe d'abord par l'habituelle phase de création de notre héros. Là on remarque instantanément que les graphismes ont été légèrement affinés, mais que le système de création n'a pas beaucoup évolué, à quelques options près, dont celle du sex-appeal qui permet de faire grossir la poitrine chez les femmes et la bosse du slip pour les messieurs... Ca a avait commencé dans le graveleux, on y reste ! On remarque également la présence d'une galerie de portraits en ligne, qui n'était évidemment pas encore accessible, mais l'on peut imaginer qu'il sera possible d'enregistrer ses avatars et de les partager avec d'autres joueurs. Cela reste à confirmer. Signalons d'ailleurs que le mode création est déjà accessible, via les services en ligne dédiés, aux joueurs qui avaient réservé leur exemplaire de Red Faction Armageddon. Les autres pourront le télécharger gratuitement très prochainement et ainsi créer tranquillement leur perso avant la sortie du jeu. Une bonne idée pour tous ceux qui prennent cette étape très au sérieux et passent leurs trois premières heures de jeu dans les limbes des paramètres de création.

The Expendables

Dans cette nouvelle aventure, les Saints ne sont plus de simples gangsters, ils sont devenus des stars mondiales, adulées et respectées... Enfin, jusqu'à ce que le Syndicat ne décide de faire main basse sur Stillwater et toutes ses ressources illicites, obligeant nos Saints à reprendre le chemin de la guerre. Après une intro parodiant Star Wars et Street Fighter, la première mission donne le rythme illico avec un braquage très spectaculaire qui se finit dans le ciel, sur un bout d'immeuble tracté par un hélico. On se dit que c'est le prologue, qu'il fallait en mettre plein la vue et on entame donc la deuxième mission un peu sceptique... Et là, re-belotte ! On se retrouve pris dans une fusillade à bord d'un avion, qui se termine par une chute libre lors de laquelle il faut éliminer les ennemis en évitant les débris qui tombent du ciel... Franchement grandiose ! C'est sûr, le jeu n'en impose pas graphiquement comme les dernières grosses prods, mais c'est propre, super rythmé, parodique, plein de fun, de décalage... On est littéralement happé par l'action ! Suivront ensuite une séquence d'escorte en hélico façon Modern Warfare 2, puis un assaut sur une penthouse en pleine effervescence... De quoi gagner quelques points d'expérience qui nous permettront d'améliorer les nombreuses capacités et performances du héros, de ses armes et véhicules.

La rue est à nous

Une fois ces premiers exploits réalisés, il sera temps de prendre réellement contact avec votre terrain de jeu : Stillwater. La ville a considérablement changé, si on reconnait certains endroits, d'autres sont totalement nouveaux ou ont disparu. L'architecture de Stillwater est quasiment identique, mais dans le détail, la ville à mué. Les couleurs ont également beaucoup changé, les décors sont plus flashy, plus tape-à-l'oeil. Comparé à des titres plus récents comme un GTA IV, le terrain de jeu parait petit, voire limité. Mais au contraire, on est dans un environnement dense, que l'on maitrise et reconnait, et non pas dans une succession de rues et avenues anodines et vides de sens ludique. C'est un peu comme comparer Disneyland et la Foire du Trône. L'un est beau, grand et cher, mais ne propose qu'une attraction tous les kilomètres. L'autre est plus kitch, plus populaire, mais offre une activité tous les dix mètres ! Cette sensation est également renforcée par le fait que de nombreux éléments sont immédiatement mis en place. Outre les nombreuses activités disponibles d'emblée, le joueur pourra faire le tour de la ville sans restriction et visiter les différents magasins, qui proposent directement l'intégralité de leur stock.

Tout, tout de suite... Ou presque !

De nombreux raccourcis ont également été mis en place dans le gameplay. Ainsi vous pouvez consulter votre garde robe et changer de vêtement depuis n'importe quel magasin, customiser vos voitures depuis le garage, gérer votre crib et votre gang depuis n'importe quel pièce de la maison. De même, les chapelles Forgive & Forget ont disparu. Lorsque vous êtes repéré par les gangs ou la police, il suffit d'entrer dans l'un de vos magasins ou propriétés pour faire baisser votre indice de recherche. Pour évoluer avec aisance dans cet univers, le jeu propose des véhicules beaucoup plus rapides et une conduite plus souple qu'avant. Un nouveau GPS fait également son apparition et offre encore plus de confort. Désormais, à chaque intersection, de grosses flèches vertes apparaissent sur le bord de la route pour vous indiquer le chemin à suivre. Il devient alors possible de conduire sans même jeter un oeil sur le GPS. Bien entendu il faudra toujours trouver soi-même les raccourcis et autres passages secrets avant que ceux-ci ne soient assimilés par le GPS... Encore une fois on comprend que le but des éditeurs était de simplifier les aspects routiniers du jeu, sans l'amputer de quoi que ce soit, pour offrir encore plus de fun, très vite. Ainsi, dès le début de l'aventure, il est possible de passer des heures à fouiller la ville et réaliser des activités sans nécessairement faire avancer l'histoire... Au risque de faire progresser son personnage trop vite et de se décaler par rapport à la difficulté des missions principales ou même de l'ambiance du jeu, qui a besoin de son scénario pour prendre corps.

Encore plus déjanté, plus varié, plus scabreux, plus accessible et plus fun, Saints Row : The Third s'annonce comme le jeu "bac à sable" par excellence. Reste à espérer que, sur la longueur, le scénario reste consistant et que les phases de jeu soient toutes aussi rythmées, variées, et spectaculaires. Faute de quoi on risque de se retrouver devant un fourre-tout sans réel intérêt, un défouloir sans âme... Mais que les fans se rassurent, ce n'est pas du tout l'impression avec laquelle on ressort de ces premières heures passées à Stillwater ! A confirmer le mois prochain !