Max Payne, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est un jeu 100% action, fusillades après fusillades, porté par un personnage noir, tourmenté, flic borderline psycho, et une narration façon comic book pour plus de 18 ans à grands renforts de voix off, celle de Max lui-même. Ce sont aussi certains passages en plein délire de Max, quand il perd tout sens des réalités et revit ses cauchemars. Alors, quand pour la première fois nous avons vu un Max Payne relooké en John McLane, des murmures de doute ont commencé à s'élever chez les fans...

De New York à Sao Paulo

Nous reprenons l'histoire de Max 8 ans après la fin du second épisode. Le début du jeu nous permet de renouer avec ce personnage, à New York, version avec des cheveux et une gabardine comme à l'époque ; et un verre de scotch à la main. Car, nous garantit Rockstar, il est toujours torturé, alcolo, et fidèle au caractère qu'on lui connaît, avec Remedy, son créateur, en consultant. Mais son histoire aussi évolue, et alors qu'il est devenu dépendant aux anti-douleurs, il quitte New York pour s'installer à Sao Paulo, et travailler dans la sécurité sur les conseils de son ami Passos. Pas forcément très motivé au départ, Max trouve une bonne raison de lever les voiles lorsque débarque, tous flingues dehors, un boss de la mafia qui cherche vengeance pour la mort de son fils : Anthony DeMarco. Après une première scène de fusillade, Max parvient à s'échapper, puis se retrouve ainsi au Brésil. Il se met alors à travailler pour la riche famille Branco, et ses trois frères. Rodrigo, l'homme d'affaires ayant fait fortune dans l'immobilier, Victor, le politicien local accompli, et Marcelo, le play-boy qui claque sa thune et vit la nuit façon Paris Hilton. Mais bien entendu, Max va vite se retrouver impliqué dans une affaire qui le dépasse, lorsque la femme de Rodrigo, Fabiana, est kidnappée par le gang Comando Sombra.

Le même gameplay, en mieux

Le postulat de la série était de jouer sur le côté cinématique à la John Woo des fusillades. Rien n'a changé de ce côté là, si ce n'est le raffinement visuel des techniques d'aujourd'hui. Usant du moteur Rage maison, et s'appuyant sur le moteur d'animation déjà utilisé dans GTA IV et Red Dead Redemption (un Euphoria modifié), Max Payne 3 semble gommer les imperfections du bullet time d'époque, et proposer une version d'autant plus crédible du gameplay d'alors. Le bullet-time est donc bien entendu de retour, avec sa jauge se construisant au fur et à mesure des tirs, ceux à la tête en rapportant plus. La silhouette indiquant la santé de Max est de retour également, et les intégristes de l'original seront heureux d'apprendre qu'elle ne se regénère pas toute seule, mais seulement lorsque Max prend des anti-douleurs répartis dans les niveaux. De petites modifications au système ont tout de même modernisé un peu tout ça : par exemple, les caméras cinématiques ne se déclenchent plus que sur le dernier tué, indiquant qu'on a éliminé toutes les menaces, et les joueurs pourront jouer avec la vitesse des ralentis sur les balles. Max pourra trimbaler trois armes à tout moment, deux à une main, combinables à volonté, et une à deux mains. Mais le plus important, c'est l'apparition d'un véritable système de couverture, qui reste facultatif pour les amateurs de run-and-gun pur, mais apporte une approche plus tactique aux autres. Voilà pour le coeur du gameplay, qui reste donc assez simple, mais s'appuie sur une réalisation d'aujourd'hui. Notons, enfin, qu'un multijoueurs est également prévu, mais rien n'a filtré à ce sujet pour l'instant.

Payne 3.0

Outre les graphismes, et l'animation véritablement impressionnante qui donne à chaque mouvement de Max et des autres personnages une réalité confondante dans les tirs, les phases de bullet time, ou les esquives instinctives, les décors s'enrichissent de multiples éléments destructibles. Qu'il s'agisse des couvertures volant en éclats ou d'une station à essence qui explose pour mieux liquider des ennemis malchanceux, ça pète dans tous les sens. L'utilisation du bullet-time, qui ralentit donc l'image et permet d'apprécier au passage la modélisation de chaque balle, permet d'apprécier tout particulièrement les réactions crédibles des cibles touchées et des conséquences des fusillades furieuses sur l'environnement. Max lui-même voit ses vêtements s'humidifier de transpiration et de sang, et l'ensemble offre véritablement le degré supplémentaire de réalisation qui fait toute la différence dans une formule aussi simple. Reste donc le point fort historique de la série : la narration, et le scénario. Les développeurs se sont fortement documentés sur l'univers de Sao Paulo, bien sûr, et la violence de sa pègre, citant comme références des films comme Favella Rising, City of Gods ou encore Man on Fire. Le changement de ton dans l'image est effectif, mais les liens avec les précédents aussi...

Changement de D.A.

Exit les cinématiques façon BD. Si le découpage de l'image, renforcé d'une voix-off, est toujours présent, Max Payne 3 fait cette fois usage du moteur même du jeu pour générer les images des différentes cases de chaque cinématique. C'est un peu regrettable, d'autant que dans le genre gros tueurs de l'illustration, y'a ce qu'il faut chez Rockstar, mais c'est ainsi. En revanche, on appréciera grandement le retour de James McCaffrey non seulement à la voix de Max Payne, mais aussi dans son apparence et certains de ses mouvements, directement capturés de l'acteur qui a contribué à donner vie au personnage. De ce qu'on en a vu, sur les deux niveaux dévoilés (celui à New York et l'autre dans un dépôt de bus de Sao Paulo), l'histoire et sa narration semblent partis pour conserver malgré tout le côté intimiste, comme si le joueur était dans la tête d'un Max en pleine descente aux enfers.

Ce premier avant-goût concrétise ce qu'on en attendait : beaucoup de l'original se retrouve dans ce nouveau Max Payne, mais il s'écarte aussi, sur bien des points, des deux premiers. Max Payne n'est plus le même qu'il y a huit ans, ce qui est normal, mais il faudra qu'on ait l'occasion de faire bien plus ample connaissance avec lui avant de savoir si on l'apprécie toujours autant.