Les années ont passé depuis la fin d'Into the Nexus, en jeu comme dans la vraie vie, et c'est au cours d'une fête « à l'américaine », façon parade sur la Cinquième Avenue que nos deux héros se voient mis à l'honneur, avec ballons cartoonesques et tutti quanti. Mais la célébration est évidemment de courte durée, puisque le Dr Nefarious est de retour pour leur jouer un mauvais tour et sème immédiatement la pagaille, envoyant valdinguer les chars volants dans le décor, histoire de montrer que le jeu sait rester fluide en toutes circonstances. La mécanique s'emballe rapidement, et voilà nos héros lancés à la poursuite de leur indécrottable Némésis, qui entraîne le cortège de plateformes improvisées à travers la ville.

Si la démonstration de force reste solide, le gameplay se limite encore à sa portion congrue, et pour cause : nous voici lancés dans le tutoriel du jeu. Étonnante proposition de la part de Sony, qui nous laisse évidemment penser que cette démo se voulait un temps être jouable, surtout au vu de l'imminence de la sortie.

Nuts and Bolts

Tant pis, la séquence qui fait défiler l'environnement urbain à toute berzingue nous donne au moins l'occasion de constater que si Ratchet semble avoir pris un peu de plomb dans la cervelle, on peut toujours compter sur le très flegmatique Clank pour nous ramener à la raison. Le directeur créatif Marcus Smith en profite pour le confirmer, cet épisode se concentre des luttes plus internes aux personnages :

Ratchet est devenu plus adulte, moins impulsif que par le passé. Clank a eu le temps de mettre au point un appareil pour tenter de le réunir avec d'autres Lombax. Into the Nexus avait laissé quelques questions en suspens, mais il est temps d'y répondre. Rivet de son côté, a vécu toute seule : elle a du lutter dans l'ombre et c'est qui a contribué à en faire le personnage que vous allez découvrir. Elle est indépendante, jamais cynique.

Cela tombe plutôt bien, puisque la belle prend justement le lead, et l'on comprend au vu du petit robot qui reflète la lumière sur son dos que Clank et Ratchet ont été séparés. Nous voici sur Torren IV que nous avions déjà pu apercevoir dans sa version Rift Apart, et qui permet d'apprécier une belle profondeur de champ. Toujours soucieux de vanter la plastique de son bébé, Insomniac offre à notre regard un désert bien fichu, qui profite des teintes ocre, jaunes et grises pour conserver une belle lisibilité durant les phases de combat.

Et une bouteille de rhum

Justement, voilà Rivet aux prises avec la vermine locale : des robots à l'accent franchouillard qui servent une version décalée de ce bon vieux Rusty Pete. Voilà l'occasion de faire feu de tout bois, et il faut dire que la panoplie d'armes se révèle immédiatement très... conséquente ! Trop ? Il aurait fallu pouvoir juger manette en main. Heureusement, le directeur de la programmation Adam Noonchester tente de combler ce manque :

Les armes délirantes ont toujours fait partie de l'ADN de la série. Nous les avons classés en trois catégories : les spectaculaires, les stratégiques, et les humoristiques.

La bonne nouvelle, c'est que les nombreuses améliorations débloquées en cours de partie seront communes à nos deux Lombax, et il ne faudra donc pas trop regarder à la dépense. Les balles fusent, et semblent avoir plus d'impact que lors de la scène d'ouverture, un peu molle. Rivet passe avec une dextérité qui demande sans doute un peu de doigté d'une arme à l'autre, dévoilant les possibilités du Negaton Collider, une arme à charge dont on peut annuler ou conserver le tir grâce aux gâchettes haptiques de la DualSense.

Au-delà de la promesse d'un fusil à deux canons qui laissera le choix le déclencher un ou deux tirs et le Ricochet aux munitions bondissantes et colorées, c'est sans aucun doute celle qui transforme les ennemis en broussaille qui nous aura le plus marqué, puisqu'elle permet d'enchaîner avec quelques scies circulaires pour achever les pirates du dimanche. Comme la série nous y a habitués, les ennemis laissent derrière eux quantité de loot dans un effet de particules, histoire d'en rajouter un peu. Visiblement, Insomniac veut vraiment nous en mettre plein les yeux.

Gabriel Faille

Et il faut bien l'avouer : la tentative est plutôt réussie, puisque Ratchet & Clank Rift Apart s'annonce pour le moment comme une petite vitrine technologique à lui tout seul : entre le détail qui habille chaque texture, la frénésie de l'action, le choix des couleurs qui rend les affrontements toujours lisibles et une pléthore d'armes aussi étonnantes que grotesques, il y a évidemment de quoi ravir les yeux de ceux qui ne jurent que par la plastique, celle qui est fantastique.

Malgré l'alternance de phases de combat, d'exploration et quelques inserts grand spectacle automatique à la Uncharted, espérons que le fond ne se résume pas à une simple débauche pyrotechnique. Fort heureusement, l'humour omniprésent dans la série fait toujours mouche, et la promesse d'épaissir les personnages nous laisse un espoir de ne pas résumer ce fat come back à l'enrobage.

Et si certains s'étonnent de ne pas nous voir insister sur la mécanique des failles, dont certains chantent sans s'interroger les louanges, c'est parce qu'elle ne révolutionne pour le moment pas grand chose. Au-delà de se téléporter comme dans bien des jeux (surtout en réalité virtuelle), elles servent parfois de simples démarcation, dissimulant une zone bonus comme n'importe quelle porte digne de ce nom. La zone explorée par Rivet nous aura bien plus saisi par le jeu de couleurs, oscillant entre le violet, le noir et le gris, que par la faille qui lui sert d'entrée.

Access Rose

Achevons ce petit tour du propriétaire par le souci de rendre Rift Apart accessible à tous les joueurs : conformément à la philosophie d'accessibilité qui fait désormais des émules dans l'industrie, Insomniac inclut d'office de nombreuses options de personnalisation qui vont bien au-delà de la gestion des couleurs :

Nous avons pensé à ceux qui auraient des difficultés avec la dextérité que réclament certaines phases, et nous avons ajouté un raccourci qui permet de ralentir le temps. À l'inverse, les joueurs qui recherchent plus de challenge n'auront qu'à modifier la difficulté dans les options et continuer leur partie, sans avoir à la recharger.

Sachant que les capacités passives des nombreuses pièces d'armure pourront se cumuler sans avoir à les cumuler, nous avons sur le papier la promesse d'un titre pensé pour le plus grand nombre, avec tous les risques que cela implique...

ON ATTEND... D'Y JOUER VRAIMENT !
Difficile de ne pas trouver dans Ratchet & Clank Rift Apart une raison de vouloir se lancer. Beau comme un camion et profitant d'une sympathique direction artistique, la nouvelle vitrine d'Insomniac s'annonce comme une expérience grand spectacle aux possibilités multiples. Mais malgré les innombrables promesses des développeurs, difficile de juger d'un jeu, aussi ambitieux soit-il, sans même avoir pu y toucher. Il serait tout de même grand temps, puisque sa sortie reste calée au 11 juin prochain, sur PlayStation 5.