Derrière son sourire presqu'aussi célèbre que les mascottes qu'il a créé, le creative fellow de chez Nintendo s'est comme vous le savez prêté à l'exercice de l'interview-fleuve auprès de l'hebdomadaire The New Yorker. Et parmi les nombreux sujets abordés, son rôle de responsable a fait l'objet d'un contrôle en règle, et semble avoir plutôt joué la carte de l'honnêteté. Est-ce là le fameux privilège de l'âge ? Interrogé sur le sujet, notre vénérable Trazom a fait mine de ne pas avoir changé les piles de son sonotone.

Like a boss

Devenu (entre autre) célèbre pour ses maximes sur la qualité potentielle d'un jeu repoussé, Miyamoto a ainsi confirmé le grand écart qu'il peut exister entre l'image publique, et le reste !

Quand les gens me regardent, je pense qu'ils imaginent probablement que je suis très gentil [NdlR : et modeste avec ça.]. Mais si vous posez la question aux gens avec qui je travaille en première ligne, ceux qui sont réellement à mes côtés, ils vous diront que je suis très pointilleux, et que je commente toujours leur travail. Lorsque j'étais petit, j'avais la chance d'être souvent complimenté, mais je suis conscient que les personnes qui travaillent avec moi ne reçoivent pas forcément les éloges adéquats...

Et puisque l'on parlait de formule toutes faites, l'intéressé est passé au grill de la question la plus éculée des entretiens d'embauche, à savoir... quel est son plus grand défaut ? Réponse :

Dans ce milieu où l'on créé des produits, il faut savoir tenir un planning. Je pense que ma force est de pouvoir visualiser les grandes lignes d'un projet tout en restant préoccupé par ses détails. Du coup, les gens me voient comme une personne négative lorsque je rentre dans les détails, mais très positive dès lors qu'il s'agit d'avoir une vision plus large. Je pense également qu'il ne faut se réjouir qu'après avoir laissé les joueurs s'emparer d'un jeu. Avant cette étape, je ressemble plutôt à un méchant patron, qui essaye de conduire son équipe à travers la tempête. Mais je pense que c'est ce qui permet d'être un bon leader.

Ça te va ça, les décideurs ?

Et parce que le sexagénaire a eu plus d'une occasion de se réjouir du bon accueil réservé à ses productions dans le monde entier, il aurait évidemment pu prendre le melon, celui qui germe bien vite chez eux qui profitent d'une certaine exposition. Mais à l'écouter, il n'en est rien :

J'ai conscience de la vulnérabilité qui s'empare de mes collègues lorsqu'ils viennent me soumettre une idée ou un concept. J'essaye de ne pas interrompre la présentation, et d'écouter ce qu'ils veulent me dire. La seule chose qui me préoccupe est de m'assurer que les gens essaient de créer de nouvelles expériences. Ce genre de concentration empêche tout le monde, moi y compris, de nous installer trop confortablement.

Si ces confessions rassureront les défenseurs du créatif, il faudrait évidemment les compléter avec une interview des collègues ici mentionnés, pour nous assurer que le vénérable japonais passe toujours sans mal l'encadrement qui mène à son bureau. En attendant, son sourire donnera quand même le change. Sacré Miyamoto.