Nintendo devra-t-il in fine composer avec la justice des 50 États qui font l'Amérique du Nord ? Malgré les excuses estivales du président Shuntaro Furukawa, les affaires se suivent et ne se ressemblent pas forcément : alors qu'un arrangement semble être en négociations concernant l'action de groupe lancée en Californie, ou le troll en règle dans l'État de Washington, c'est une nouvelle fois devant la cour de Seattle qu'une affaire se joue.

L'expert tease

Ce sont évidemment les errements fantomatiques relavant du Joy-Con Drift qui ont une fois de plus conduit les joueurs à former une demande d'action de groupe, personnifiée par Maria Carbajal, contre Nintendo of America.

Le document d'une quarantaine de pages disponible ici-même reprend des éléments de langage des responsables américains et japonais de l'entreprise, vantant à la sortie de la Switch l'apport technologique des Joy-Cons pour mieux les retourner. En plus de rappeler le caractère public et désormais bien connu des dysfonctionnements de la manette bicéphale, l'accusation a pris soin de mandater un expert, et pas de ceux qui viennent témoigner de leur méconnaissance absolue sur les plateaux des chaînes d'informations en continu :

Sur la base d'une analyse menée par l'avocat du demandeur et son expert technique, il semble qu'une des principales causes du Joy-Con Drift relève une usure importante de la surface intérieure du stick. Lorsque les brosses en acier s'y déplacent d'avant en arrière, elles frottent le carbone, ce qui change sa résistance électrique et conduit au phénomène de mouvements incontrôlés. La différence de surface entre la brosse en acier et le tampon de carbone entraîne des débris d'usure excessifs, qui s'accumulent. Cette usure provoque inévitablement la défaillance des manettes.

L'argumentation est soutenue photos à l'appui, et l'on découvre donc l'intérieur du Joy-Con, et ses surfaces incriminées, comme pour couper l'herbe sous le pied des avocats de Nintendo, qui réclamaient récemment "des preuves" du problème, et l'on découvre ainsi les résidus mentionnés dans des photos zoomées très nombreuses qui pourraient donc solidifier le dossier.

Les avocats ne manquent pas de mettre en avant les précédents étrangers, à commencer par l'initiative de l'association UFC Que Choisir, qui a porté plainte auprès du procureur de la République de Nanterre au mois de septembre. Le problème persistant sur la plus récente Switch Lite est également versé au dossier, pour souligner la propension qu'aurait eu le constructeur à ne pas agir pour résoudre ce problème de conception, et explique que certains Joy-Cons des plaignants ont déjà été réparés plusieurs fois, pour un résultat finalement toujours similaire, et donc défectueux.

Nintendo est ainsi accusé de violer des droits des consommateurs, de pratiques déloyales et d'enrichissement devant la Cour de District de Washington à Seattle, qui glisse ainsi une nouvelle aiguille dans la chaussure du constructeur, dont les avocats ne risquent pas de chômer.

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