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Les initiatives entreprises par Sony Interactive Entertainment ces dernières années ainsi que des bruits de couloir persistants indiquent que la branche jeu vidéo du géant de l'électronique a tourné le dos à son marché natal, au profit du marché américain où l'herbe est désormais plus verte.

Interrogé à ce sujet par le magazine britannique Edge, Jim Ryan, le président de Sony Interactive Entertainment, affirme qu'il n'en est rien (propos relayés par le site Gamesradar) :

La position officielle de Sony est que le marché japonais reste incroyablement important pour nous. Cela fait très longtemps que nous n'avons pas été autant enthousiasmés par l'engagement de la communauté des développeurs de jeux japonais que nous le sommes maintenant.

Selon le boss de SIE, les développeurs japonais se sont pendant un temps détournés des consoles traditionnelles au profit des téléphones mobiles. Mais il affirme qu'ils sont progressivement revenus au cours des cinq dernières années :

Nous avons noté un plus haut niveau d'engagement des éditeurs japonais au cours de la seconde moitié du cycle de vie de la PS4. Cela se poursuit et se renforce même sur PS5.

Pour Jim Ryan, le fait que la PS5 sorte en même temps aux États-Unis et au Japon est un symbole fort :

Je soulignerais également que nous envoyons un message en sortant la PS5 au Japon le même jour qu'aux États-Unis, ce que nous n'avons pas fait avec la PS4. Je lis les articles. Nombre de ces commentaires sont inexacts. Le Japon, qui est notre deuxième plus gros marché, et la mère patrie de Sony, continue d'être très important pour nous.

Les joueurs européens, pourtant très fidèles à PlayStation, apprécieront au passage la confirmation implicite de leur statut de cinquième roue du carrosse. Le vieux continent a en effet vu la PS5 sortir après les États-Unis et le Japon. Malgré les déclarations de Jim Ryan, cette décision de sortir la console en même temps aux États-Unis et au Japon donne l'impression d'un geste politique effectué pour contenter la maison-mère de SIE et tenter de limiter la casse auprès des consommateurs nippons.

Les deux sons de cloche

Les faits, comme le changement de siège évoqué ci-dessus, la relative rétrogradation de Shuhei Yoshida (qui occupait en début de génération PS4 le poste de responsable des Sony Worldwide Studios désormais occupé par Hermen Hulst) ou encore le fait que le bouton de validation des actions passe du bouton "Rond" au bouton "Croix" sur PS5, même au Japon (la touche "rond" était utilisée au Japon pour valider un choix depuis la première PlayStation), semblent en effet bel et bien montrer la mise au second rang du marché japonais.

Les "commentaires" auxquels Jim Ryan fait ici référence correspondent certainement à l'article récemment publié par Bloomberg dans lequel il est rappelé la situation actuelle de PlayStation au Japon. Selon une source "sénior" au sein du siège de PlayStation en Californie, la branche américaine de SIE aurait été "frustrée" par l'incapacité de l'équipe marketing japonaise de PlayStation à vendre davantage de PS4. Cette dernière,n'a pas encore passé le cap des 10 millions d'exemplaires vendu au Japon, ce que la PS3 avait réussi à faire.

Une punition ?

En réaction à cette frustration, SIE Japon aurait été "mis de côté" lors de la planification du marketing de la PS5 selon plusieurs sources japonaises de Bloomberg. Les employés japonais en seraient réduits à attendre des instructions venues du siège californien. Toujours selon les sources de Bloomberg, les équipes de développement japonaises de Sony auraient vu leurs effectifs sensiblement réduits. Une des raisons à cela serait que la direction américaine estime que PlayStation n'aurait plus besoin de jeux qui marchent bien uniquement au Japon.

Du côté des revendeurs nippons, les sources de Bloomberg affirment ne pas recevoir un soutien particulier de la part de Sony. Même si la PS5 est effectivement sortie en premier au Japon, elles expliquent ne pas avoir bénéficié de quantités de consoles beaucoup plus importantes que celles qu'ils avaient reçues lors du lancement de la PS3. Il est donc clairement possible de voir les choses de deux manières différentes. Et sans tenir compte des déclarations anonymes relayées par la presse, les faits avérés ne semblent pas soutenir la version de Jim Ryan. La génération qui débute à peine permettra certainement d'y voir véritablement plus clair en ce qui concerne la position de SIE vis-à-vis du Japon.

Que pensez-vous de cette situation ? Croyez-vous que Jim Ryan dit vrai ? Ou avez-vous l'impression que Sony Interactive Entertainment tourne progressivement le dos au Japon ? Donnez-nous votre avis dans les commentaires ci-dessous.