Rappelons pour ceux qui auraient eu la bonne idée de passer à côté que le boss de Typhoon Studios s'est exprimé ce week-end sur sa vision du petit monde des streamers et du partage de la propriété intellectuelle, espérant ainsi jeter un pavé dans la mare :

Plutôt que de s'inquiéter de voir leur contenu supprimé après avoir utilisé des musiques dont ils ne possèdent pas les droits, les streamers devraient plutôt se préoccuper du fait qu'ils diffusent des jeux sur lesquels ils ne payent rien non plus. À la seconde où les éditeurs feront valoir leurs droits d'auteur, tout sera terminé pour eux.

La vérité est que les streamers devraient payer les développeurs et les éditeurs pour les jeux qu'ils diffusent. Ils devraient posséder une licence, comme dans n'importe quelle industrie, et payer pour le contenu dont ils profitent.

Si le débat autour de la gratuité du streaming refait de temps en temps débat depuis quelques années, la saillie de Hutchinson intervient après une vague de suppressions intervenue sur la plateforme Twitch sur la base du Digitl Millenium Copyright Act, déjà bien connu des vidéastes de YouTube, parfaitement conscient de ce que peut désormais leur coûter l'utilisation d'un titre protégé.

Dommages collatéraux

Problème : cette sortie publique arrive au moment ou la plateforme Stadia, encore bien à la peine, tente de se rappeler au bon souvenir des joueurs en surfant sur l'exclusivité de quelques démos jouables, parmi lesquelles on trouve Immortals Fenyx Rising ou le très récemment annoncé Pac-Man Mega Tunnel Battle.

Mais si selon les bons mots du docteur en mathématiques, "les chiffres sont comme les gens : si on les torture assez, on peut leur faire dire n'importe quoi", la déclaration n'a pas été du goût de Google, puisque le tweet de Hutchinson aura plus été commenté que les annonces concernant la plateforme de jeu à la demande. Le géant américain s'est ainsi rapidement désolidarisé :

Les récents gazouillis d'Alex Hutchinson n'engagent pas l'opinion de Stadia, YouTube ou Google.

Le sujet aura ainsi été abondamment commenté durant tout le weekend, mais nos confrères de Gamespot ont à juste titre retenu la contribution de Michael Hartman, PDG (et commentateur volubile de la politique américaine) du studio indépendant Frogdice et professeur d'université :

Gérer le marketing d'un jeu est extrêmement difficile : environ 10.000 jeux sortent chaque année rien que sur Steam, et il ne faut négliger aucune piste pour qu'un jeu se fasse connaître. On peut toujours espérer devenir l'un de ces titres qui deviennent viraux grâce au streaming, mais il faut pour ça bien plus que la chance.

En dehors de quelques exemples, le streaming ne fait pas vendre. Je ne dis pas que les streamers devraient payer des royalties, mais je ne dis pas que l'idée est ridicule. Elle pose de vraies questions sur le plan du droit : acheter un jeu ne vous octroie pas forcément le droit de le diffuser.

Voilà qui aura au moins le mérite de relancer un débat stratégique dans le milieu, une semaine après le carton historique du ZEvent 2020. Nous vous laisserons bien évidemment nous faire de vos arguments et de vos avis en toute bienséance dans les commentaires ci-dessous.