La saga Xehanort initiée avec le premier opus s'est enfin achevée avec la sortie de Kingdom Hearts III début 2019. La parution du DLC Re:Mind cette année a été l'occasion de revisiter certains pans de l'intrigue de l'épisode susnommé, mais également d'ouvrir la voie à un tout nouveau chapitre de l'histoire de la série. Quelle n'a pas été notre surprise de découvrir que l'épisode inaugural de ce deuxième cycle serait un jeu de rythme ! Et pas un simple mini-jeu consistant à empiler les boules de glace à la manière de Rifi, Fifi et Loulou dans Kingdom Hearts Birth by Sleep, non. Car, tenez-vous bien, Melody of Memory comportera pas moins de 140 morceaux composés par la génialissime Yoko Shimomura pour les différents épisodes.

Bien conscient que nombre de joueurs pourraient faire l'impasse sur ce titre qui s'apparente très clairement à un spin-off, Tetsuya Nomura, le grand manitou de la série, nous invite également à découvrir une intrigue totalement inédite tournant autour du personnage de Kairi. Le filou n'en est pas à son premier coup d'essai, chaque épisode, même très mineur, permettant d'éclaircir certaines zones d'ombre de la nébuleuse Kingdom Hearts. Hélas, il faudra attendre la sortie du jeu pour en apprendre davantage (ou de probables trailers d'ici là) car la démo ne laisse à voir que deux modes de jeu, exclusivement axés sur le gameplay.

Mickey 3D

Tradition oblige, la démo débute par un tutoriel qui nous entraîne dans les abîmes du Palier de l'Eveil. Les choeurs de Destati résonnent, les frissons, déjà. Contrairement aux épisodes Theatrhythm qui proposaient un gameplay en side-scrolling, avec un défilement de droite à gauche, Melody of Memory prend le parti de la profondeur. Nos personnages évoluent donc sur une sorte de rail effectuant divers virages, à la manière d'une montagne russe, tandis que les décors des jeux se déploient autour d'eux.

Contrôlant à la fois Sora et ses deux compagnons Donald et Dingo, le joueur doit se défaire des ennemis qui se présentent sur leur route. Au rythme de la musique, selon qu'un ennemi se trouve sur la gauche, au milieu ou à droite de cette route, il lui faudra appuyer respectivement sur L1, X ou R1 (version PS4 testée) au bon moment. Le jeu se veut assez permissif puisqu'une pression de la touche X, qui représente les coups portés par Sora au centre, permet tout de même d'atteindre un ennemi sur la gauche ou la droite ; en revanche, impossible pour Donald d'atteindre un ennemi sur la ligne de Dingo et vice versa.

Par ailleurs, la touche triangle permet à certains moment d'abattre plusieurs Sans-coeur à la fois quand d'autres d'entre eux, plus coriaces, nécessiteront que l'on s'y prenne à plusieurs fois (avec L1, X et/ou R1) pour les vaincre, le nombre de coups à porter étant mentionné sur la créature. Enfin, à certains moments, Sora devra sauter pour esquiver un obstacle ou maintenir la touche de saut pour planer sur une série de notes rapportant des points. Sachant que chaque coup loupé fait perdre des HP au personnage, le morceau s'arrêtant net lorsque la barre de vie s'est totalement vidée. La démo ne permettait pas d'utiliser des objets mais on imagine qu'il sera possible de se soigner en cours de progression.

Le sens du rythme

A chaque personnage est affiliée sa propre touche d'attaque, ce qui complexifie un poil les choses par rapport à Theatrhythm. Le temps d'adaptation se veut ainsi plus long que sur un jeu où il suffit seulement d'identifier la couleur d'une touche sur la gauche de l'écran pour anticiper. Melody of Memory propose une expérience hybride, un mix entre l'identification de symboles et une attention portée sur le positionnement des ennemis. D'autant que ces coquins se déplacent aussi entre les différentes lignes de la route ou se dépassent entre eux. D'ailleurs, et on pouvait le craindre, malgré le nombre moindre de touches sur lesquelles appuyer, le jeu souffre d'un certain manque de lisibilité dû à la surcharge - à la superposition presque - d'éléments présents à l'écran, surtout dans les difficultés les plus élevées. A voir comment cela se goupille avec une pratique de plusieurs dizaines d'heures de jeu.

Une fois le tutoriel passé, le joueur peut accéder au mode Morceaux au choix. Là, quatre compositions s'offrent à lui : Welcome to Wonderland et Hand in Hand issus de Kingdom Hearts, The Rustling Forest entendu dans Birth by Sleep et Wave of Darkness tiré de l'épisode A fragmentary passage. Quatre ambiance différentes proposées, mais dont le système de progression est le même - contrairement à Theatrhythm qui séparait les morceaux de combat et d'exploration. En revanche, ces morceaux disposent d'un indicateur de difficulté, qui augmente selon que l'on s'essaie à la version Débutant, Standard ou Expert du morceau. Outre ces niveaux de difficulté, il est également possible de changer de "style" de jeu et de basculer en Simplifié, avec des notes similaires pour se concentrer uniquement sur le rythme, ou en Virtuose, qui rajoute des notes supplémentaires pour le challenge.

Un bon carnet de notes

La filiation à Theatrhythm se ressent surtout dans la dimension très scoring du jeu. A la fin de chaque morceau, le joueur accède à un tableau de statistiques qui lui présente le nombre de notes passées en Excellent, Bien ou Raté, la chaîne de notes réussies, le score global et le rang qui en découle, allant de F à SSS. Le tableau précise également le nombre d'essais tentés ainsi que la date de réussite du meilleur essai. Enfin, un diagramme permet d'identifier où exactement dans le morceau ça a péché pour pouvoir s'améliorer par la suite. Dernier clin d'oeil à la série Theatrhythm : Sora et les autres mis à la sauce chibi dans les temps de chargement.

De façon générale néanmoins, Melody of Memory se veut bien plus proche visuellement du matériau de base, avec un Sora qui paraît tout droit sorti du tout premier opus paru en 2002. Rien de transcendant de ce point de vue-là donc, on attendra surtout de connaître l'intégralité de la playlist destinée à flatter nos oreilles tandis que nous tourmenterons nos manettes. Il est toujours plaisant en revanche de parcourir, ne serait-ce que du coin de notre oeil déjà bien affairé, des environnements nous renvoyant à nos plus beaux souvenirs de la série.

Evoquons enfin l'autre mode, Coop, qui nous fait découvrir deux autres morceaux : Sinister Shadows de Kingdom Hearts II et All for one de Kingdom Hearts 3D. Comme son nom l'indique, ce mode nous permet de s'essayer à des morceaux en compagnie d'un ami, en coop local. Chaque joueur dispose d'un seul personnage, Sora ou Riku, tous deux suivant des routes parallèles, avec leur propre lot de Sans-coeur à abattre. Le gameplay reste assez similaire, l'ensemble des points remportés par les deux joueurs étant additionnés à la fin du morceau. Le menu principal du jeu laisse également entrevoir la présence des modes Duels et surtout Tour des mondes, inaccessibles dans la démo malheureusement.

ON L'ATTEND... AVEC NOSTALGIE
La perspective de s'embarquer pour un voyage musical à travers les différents épisodes de Kingdom Hearts a de quoi faire frémir d'envie tout fan de la saga qui se respecte, surtout quand on connaît la qualité des compositions de Shimomura et celle des épisodes Theatrhythm, dont Melody of Memory emprunte certains codes. Plus ambitieux dans son gameplay, celui-ci nous a également paru un poil brouillon lors de cette première prise en mains, la faute à une certaine surcharge d'éléments à l'écran. L'interrogation demeure quant à la dimension scénaristique du titre et quant à la présence de ce mode Tour des mondes, encore bien mystérieux. Réponse dans un mois, sur PS4, Xbox One et Switch.