Bien sûr, ne comptez pas sur moi pour vous raconter précisément tout ce qu'y s'y passe. Je vais tenter de vous en dire le moins possible sur l'histoire elle même, de ne pas être trop descriptif en vous parlant des quelques scènes que nous avons pu jouer (9 en tout, pour près de trois heures de jeu)... Ce serait bien vilain de ma part, et je ne vous veux aucun mal !

Jodie, une fille pas comme les autres

Comme la plupart d'entre vous le savent déjà, cette aventure nous mettra donc dans la peau de Jodie Holmes durant 15 ans de sa vie. Vous pourrez ainsi l'incarner à différents moments, de l'âge de 8 ans à 23 ans, et ce dans un enchaînement de séquences plus ou moins longues et livrées dans le désordre. Un personnage dont on découvrira ainsi, petit à petit et avec l'impression de reconstituer un puzzle, l'existence tourmentée... Et comment pourrait-elle ne pas l'être ?

La malédiction de Jodie, c'est en effet qu'elle est liée depuis sa plus tendre enfance à une entité invisible, qu'elle appelle Aiden et avec qui elle communique psychiquement. Aiden a sa propre personnalité (instable) et il peut interagir avec les objets du monde des vivants. Ce lien ne peut être rompu et empêche depuis toujours Jodie d'avoir une vie normale, la cantonnant au rayon "paranormal" de la société.

Ce sont les conséquences d'une telle particularité sur la vie d'une enfant, d'une adolescente et d'une femme que vous allez découvrir dans Beyond : Two Souls, dans une formule finalement très proche de celle d'Heavy Rain, malgré quelques changements.

Haters gonna hate ?

Soyons clairs : il y a semble-t-il dans Beyond, tout du moins dans la partie à laquelle nous avons eu accès (cette preview ne couvre a priori pas plus du 1/4 du jeu complet), beaucoup plus de séquences dans lesquelles vous dirigez concrètement le personnage dans l'environnement et utilisez simplement le stick droit pour interagir avec différents éléments (portes, objets...). Il y a également une nouvelle possibilité de gameplay : celle d'appuyer sur Triangle pour passer de Jodie à Aiden, qu'on contrôle alors dans les airs avec deux sticks et deux boutons de tranche pour monter et descendre.

Deux éléments qui font souffler un vent de fraîcheur sur le gameplay (sans offrir pour autant une vraie "liberté" d'action), c'est indéniable, mais force est de constater que dans le fond la formule reste à peu près la même que dans Heavy Rain, à savoir nous faire participer à une histoire interactive, avec différents embranchements, de manière très cinématographique, et notamment via bon nombre de QTE (séquences de touches qui apparaissent à l'écran et qu'on doit presser en temps limité). Pour tout vous dire, ça m'a surpris mais ça m'a aussi rassuré, car comme de nombreux joueurs j'ai beaucoup aimé la formule du précédent titre de Quantic Dream, puis ce qui a été fait ensuite par l'excellent Walking Dead d'ailleurs, lui qui s'en inspirait tant.

Bref, je crois que Beyond stimulera encore bien des commentaires, moqueries et autres caricatures, focalisant sur certaines séquences extraites d'un ensemble (bouger la manette de gauche à droite pour danser un slow, ou que sais-je encore). Et je crois aussi que de nombreux joueurs, dont je suis, continueront de trouver ces commentaires "légèrement" malhonnêtes, tant il y a d'autres choses à retenir et à dire...

Lovers gonna love

Pour en revenir au jeu à proprement parler, et bien que Beyond ne nous ait pour le moment proposé que 9 séquences pour un peu plus de 2 heures de jeu, nous ressortons de ce premier aperçu avec de bonnes impressions... et l'envie d'aller plus loin ! En général c'est bon signe. L'histoire se met en place par morceaux successifs de la vie de Jodie mais de manière éclatée, nous livrant petit à petit des informations qui permettent de mieux la connaître, puis de mieux la comprendre. Heavy Rain avait su installer cette empathie du joueur pour Ethan, et Beyond le fait même encore mieux avec Jodie et Aiden, un duo de personnages plus mystérieux et plus complexe. Les personnages secondaires sont également plus intéressants. L'apport des acteurs Ellen Page et Willem Dafoe participe à rendre l'expérience encore plus forte, c'est très clair, mais d'une manière générale Quantic Dream donne l'impression d'avoir franchi un pallier. Le bond qualitatif se ressent dans les personnages et le scénario (qui devrait plonger sans surprise dans le fantastique), mais aussi dans la réalisation, avec notamment un travail très réussi sur les caméras.

Autre point marquant dans ce premier petit aperçu : la variété. On incarnera donc Jodie à différent moments de sa vie, et chaque séquence était vraiment différente dans l'approche. Je parle de gameplay bien sûr, avec tour à tour un entraînement à la dure en camp militaire, l'exploration de la maison d'enfance, des conversations avec des docteurs, une séquence frisson façon film d'horreur... L'unité, c'est la vie de Jodie, et dans une vie il se passe beaucoup de choses. Surtout dans la sienne.

Je dois également vous avouer avoir déjà été, après neuf petites séquences, marqué par quelques passages assez troublants... Des moments simples parfois, par exemple lorsqu'on incarne la petite Jodie et qu'on essaye de jouer avec d'autres enfants, puis lorsqu'on comprend que la présence d'Aiden va poser beaucoup problèmes. L'incarner peut d'ailleurs offrir des situations plus complexes et apporter son lot d'émotions, par exemple lorsqu'on réalise qu'on peut faire du mal aux gens et du tort à Jodie en "s'amusant" avec les pouvoirs d'Aiden, ou lorsqu'on est peiné après avoir espionné ses parents, qui pensaient avoir une discussion privée loin de leur fille...

L'arbre qui cache la forêt ?

On ne pourra confirmer ou infirmer ces bonnes impressions que lorsqu'on aura enfin l'occasion de vivre le reste de l'histoire. On espère qu'elle se développera et se terminera aussi bien qu'elle a commencé en tout cas, et surtout qu'elle saura proposer des embranchements intéressants comme avait su le faire Heavy Rain à l'époque.

C'est une question qui reste en suspens à ce stade, car l'arbre des possibilités scénaristiques n'a semble-t-il pas le temps de nous dévoiler toutes ses branches avec seulement les 9 premières séquences... Nous avons en tout cas pu constater dans plusieurs scènes des façons de faire différentes, des événements qui changeaient en fonction des choix, mais sans en voir le résultat d'une séquence à une autre... Pour autant, on se fait peu de souci : Quantic Dream annonce en effet 23 fins différentes, il y aura donc très certainement de nombreux chemins à emprunter. Et il nous tarde d'ailleurs de le faire !