Vous connaissez Magic : The Gathering, le jeu de cartes à collectionner ? Si tel est le cas vous avez déjà une bonne idée de ce que sera Hearthstone : Heroes of Warcraft, un jeu de cartes en ligne au tour par tour avec des héros tirés des classes de World of Warcraft (rien à voir avec le jeu de cartes Warcraft physique édité par Upper Deck et sorti en 2006). Les habitués du MMO ne seront donc pas perdus. Chaque classe aura un gameplay propre duquel découlera plusieurs styles de jeu en fonction des cartes (300 seront disponibles au lancement de la bêta) avec lesquelles vous aurez créés votre deck (paquet de 30 cartes maximum à utiliser durant les parties). Et si Blizzard nous a déplacé à la PAX, c'est pour que nous puissions y goûter par nous-mêmes car les développeurs savent très bien que beaucoup jugeront hâtivement un jeu de cartes numérique à collectionner... Ainsi, nous avons pu voir le titre sur PC et iPad et il proposait déjà pas moins de neuf classes : Guerrier, Chaman, Voleur, Paladin, Chasseur, Druide, Démoniste, Mage et Prêtre. Autant dire qu'il y a de quoi faire.

La Team 5 abat ses cartes

Les jeux de cartes à collectionner sont souvent complexes et difficiles d'accès. Pour autant, la Team 5, une nouvelle équipe composée... de seulement 15 développeurs s'est lancé un défi : proposer un titre du genre facile d'accès mais néanmoins profond. En tout cas, c'est ce qu'on nous a vendu pendant la présentation. Si nous étions surpris, pour ne pas dire déçus pour certains, à la sortie de celle-ci, avouons qu'après quelques minutes de jeu, nous avions compris le principe que je m'en vais de ce pas vous expliquer ici.

Chasse à la carte

Le principe de base du jeu est relativement simple. Chaque joueur incarne une classe, aux style de jeu particuliers, que l'on retrouve respectivement en haut et en bas de l'écran. Chacune possède 30 points de vie et bénéficie d'un pouvoir spécifique. Pour exemple, à chaque tour le Prêtre peut se soigner de 2 points de vie, tout comme le Chasseur qui peut, lui, tirer une flèche qui fait deux points de dégâts au héros adverse, ou le Guerrier qui augmente son armure de deux points (de vie) cumulable, là encore, à chaque tour, et le Démoniste capable de s'infliger deux points de dégâts pour tirer une carte supplémentaire dans son deck ou le Chaman qui invoque des totems (dommages, soins, créatures tank qui encaissent les dommages) aléatoires, etc. Evidemment, ses pouvoirs propres à la classe ont un coût en mana mais nous y reviendrons dans quelques lignes. Le but est évidemment de réduire à zéro les points de vie de l'adversaire et pour cela, les joueurs utiliseront des cartes piochées dans leur deck à chaque tour (3 à 4 au premier tour et une lors des suivants à moins qu'ils ne profitent d'un pouvoir pour en récolter plus, comme nous le verrons bientôt).

Dommages à la carte

S'il y a bien des moyens de faire des dégâts directs (boules de feu pour le Mage ou le Démoniste, coups de dagues pour le Voleur, de hache pour le Guerrier, etc.), le coeur du jeu se situe dans l'invocation de minions. Il s'agit de créatures qui viendront se placer devant leur invocateur. Si certaines ont la capacité de "provocation" qui permet d'attirer les dégâts sur elles plutôt que sur le joueur ou sur d'autres minions, sachez qu'il y a des moyens particuliers de faire subir des dommages directement au joueur adverse en passant par dessus ses créatures. Bien entendu, chaque carte utilisée a un coup de mana. Si on débute la partie avec un point de mana, les joueurs profitent d'un point supplémentaire de cette ressource à chaque tour. Au bout de dix tours, les joueurs peuvent utiliser dix points de mana maximum pour poser leurs cartes dont les coups varient de 0 a 7 points. A vous d'utiliser votre "mana pool" à bon escient pour finalement exploiter au mieux vos cartes les plus puissantes et les plus chères au milieu ou en fin de partie. Au bout de trente tours, votre deck sera épuisé (même si cela peut aller plus vite puisque certaines classes ou cartes permettent de piocher plus d'une carte à chaque tour) et les joueurs subiront chacun leur tour un point de dommage, puis deux, trois, etc. jusqu'à ce que mort s'ensuive. Le but étant bien entendu d'éviter que les parties ne s'éternisent trop.

Ces minions multifonctions

Vous savez désormais que l'on peut infliger des dégâts directs (sur les minions ou sur le héros ennemi) et que l'on peut poser des minions (ils ne peuvent pas attaquer lors de leur tour d'invocation à l'exception de ceux qui jouissent de la capacité "Charge") qui infligeront plus ou moins de dégâts en fonction de leur statistiques (attaque et défense), mais sachez que certaines cartes permettent de se soigner, de poser des boucliers divins, des boost d'attaque (frapper plus fort ou deux fois lors d'un même tour par exemple), etc. sur ses minions. Lorsque cela est combiné à la classe choisie (avec leurs pouvoirs spécifiques), aux cartes disponibles et aux rythme endiablé des parties, autant dire que si le jeu est effectivement simple d'accès mais qu'il ne manque pas pour autant de subtilités. D'ailleurs, nous avons pu noter quelques tendances durant nos parties. Le Paladin et le Chamane, ainsi que le Prêtre par exemple ont tendance à poser leur jeu sur la longueur et devront survivre quelques tours avant de pouvoir réellement révéler leur potentiel alors que le Chasseur, le Druide et le Mage seront extrêmement offensifs dès les premières minutes de jeu. D'ailleurs, plusieurs questions se posent rapidement dans Hearthstone : est-il réellement malin d'abattre son de jeu de suite, de poser toutes ses cartes rapidement ? Dois-je attaquer le héros adverse au plus vite ou l'empêcher de poser ses créatures qui, à terme, me feront de gros dommages ? N'est-il pas préférable de garder des cartes en réserve pour les sortir au bon moment et surprendre mon adversaire ? Des questionnements qui prouvent que l'on peut jouer rapidement sans réfléchir mais qui soulignent aussi, et j'en ai fait l'expérience, que prendre sont temps pour monter des stratégies bien construites à long terme (les parties durent entre 5 et 20 minutes) peut s'avérer extrêmement payant. A croire que Blizzard a fait la bonne pioche en surprenant tout le monde avec son jeu de cartes free to play facile d'accès mais pas pour autant dénué de finesse.

Wa-WoW !

S'il y a une chose que l'on ne peut pas enlever à Blizzard, c'est la qualité de ses jeux. Souvent très bien finis et toujours suivis par les développeurs pendant plusieurs années à coups de patchs et autres mises à jour. Et si Hearthstone est bien le premier free to play de la société, il bénéficiera des mêmes standards de qualité que les Diablo, StarCraft II et autres World of Warcraft. Nous avons d'ailleurs déjà pu le constater en jouant plusieurs heures à Hearthstone. D'abord l'enveloppe du titre est extrêmement soignée avec des couleurs qui pètent, des designs repris de World of Warcraft, mais entièrement remaniés pour l'occasion, et des terrains de jeu interactifs (on pourra tapoter des éléments des décors en attendant que le joueur adverse termine son tour par exemple). Mais ce n'est pas tout, il sera aussi possible de discuter avec son challenger via des dialogues pré-enregistrés et propres à sa classe. Ca n'a l'air de rien mais cela offre une petite interaction sociale basée sur ce qui se déroule sur la table de jeu. Autre point important : l'ambiance sonore. Les voix, tout comme les bruitages donnent une incroyable pèche aux joutes. Outre l'humour, omniprésent, on ressent presque les impacts lorsque l'on frappe son adversaire à la hache ou avec une bonne boule de feu ! Les joueurs de WoW retrouveront donc les mêmes sensations auditives que dans leur MMO de prédilection. Ce sont des petits détails, certes, mais ils comptent grandement pour l'immersion.

C'est en forgeant qu'on devient...

Hearthstone se joue plus particulièrement en ligne contre d'autres joueurs mais il sera possible de défier la machine en solo pour apprendre les rudiments du jeu. Mais vous n'êtes pas sans savoir que le plaisir d'un jeu de cartes à collectionner vient aussi de la chasse aux cartes, et rares de préférence. Ainsi, si Hearthstone est free to play (vous aurez de quoi jouer et profiter des cartes de base sans payer), il sera possible d'acheter des cartes expertes (5 pour 1 dollar dont au moins une rare). De quoi renforcer votre collection et vos différents jeux, chacun composé de trente cartes maximum. Rassurez-vous, ces cartes expertes payantes ne sont que d'autres "solutions" disponibles en jeu et ne doivent pas déséquilibrer le titre. Heureusement, il y a aussi d'autres moyens de gagner de nouvelles cartes expertes. En remportant des parties, bien sûr, mais aussi en passant par la Forge. On y construira ses paquets de cartes de manière simple parmi trois catégories de cartes et on pourra aussi y détruire les cartes inutilisées pour les convertir en poussières arcaniques. Cette essence doit ensuite participer à la construction de nouvelles cartes, forgées par le joueur. Si nous manquons encore de détails sur le sujet, sachez que Blizzard a bien conscience que créer son jeu et récupérer de nouvelles cartes est un plaisir essentiel que les développeurs devront rendre attractif d'une manière ou d'une autre. Enfin, Rob Pardo, le papa de Hearthstone nous a précisé qu'il ne sera pas possible d'échanger des cartes entre joueurs, ceci afin d'éviter les arnaques ou les prix mirobolants. Et sans doute aussi pour garder le contrôle sur le modèle économique du titre...

A la carte

On termine se premier tour d'horizon de Hearthstone en vous parlant un peu du jeu en ligne. Vous le savez, le titre sera disponible sur PC, Mac et un peu plus tard sur iPad. Puisqu'il s'agit d'un jeu dans lequel on affronte d'autres joueurs en ligne, sachez qu'il sera intégré à Battle.net avec la liste d'amis, les chats et le matchmaking pour trouver des adversaires à sa mesure. Petit bémol néanmoins, la connexion sera apparemment permanente quelque soit le mode de jeu choisi : jouer en ligne, jouer contre l'I.A ou la Forge pour gérer sa collection et ses decks de cartes. Enfin, nous avons pu pratiquer la version PC et la version iPad et autant dire que quel que soit le support, la jouabilité est excellente, fluide et addictive, un peu comme dans un jeu d'arcade, la finesse en plus.

Lorsque j'ai compris que Hearthstone était un jeu de cartes, j'ai été décu. Lorsque j'ai joué à Hearthstone, j'ai d'abord perdu, souvent, puis j'ai pris le temps de revoir mon style de jeu pour commencer à gagner des parties et comprendre les subtilités du titre. Et lorsque j'ai quitté la PAX, je n'avais qu'un seul regret, celui de ne pas avoir Hearthstone sur mon iPad pour continuer à en découvrir toutes les finesses. Bref, je suis tombé dedans et je dois avouer que la combinaison jeu de cartes à collectionner, facilité d'accès et finesses de jeu à haut niveau, le tout avec l'emballage Blizzard sera à n'en pas douter un bon moyen de démocratiser le genre tout en répondant aux attentes des amoureux de ce style de jeu. Alors vivement la mise en place de la bêta prévue pour cet été et la sortie officielle que l'on attend pour la fin de l'année sur PC, Mac et iPad, histoire de voir si nos espoirs étaient fondés.