J'ai 60 ans, j'aurais 61 ans cette année, il serait étrange que je ne pense pas à la retraite.

Mais dans les faits, le nombre de projets dans lesquels je suis impliqué et la masse de travail n'ont pas vraiment changés.

Difficile de s'imaginer Nintendo sans son créateur emblématique, Shigeru Miyamoto, et pourtant, il faudra bien un jour faire sans (comme ce fut le cas pour le regretté Gunpei Yokoi). Mais avant de partir, et même si cela n'est pas à l'ordre du jour, pas dans l'immédiat en tout cas, Miyamoto prépare à sa manière, en les invitant à plus d'initiatives, ceux qui devront demain faire avancer le bateau de Kyoto.

Dans l'hypothèse qu'un jour je ne serai plus là et afin que la compagnie s'y prépare, je prétends ne pas travailler sur un quart des projets sur lesquels je devrais normalement travailler, afin de faire en sorte que le personnel plus jeune s'implique plus.

Et ça n'a rien à voir avec une pré-retraite ou quelque chose de ce genre, c'est juste que simplement, les gens ont cette tendance, d'autant plus dans ce type de structure organisationnelle, de toujours s'en remettre à la personne qui donne la directive.

Vraiment, depuis longtemps, j'ai pensé que nous devrions mettre à mal cette structure afin que les producteurs avec lesquels je travaille, dans leur individualité, prennent vraiment leurs responsabilités par rapport aux projets sur lesquels ils travaillent.

En vieux sage, M. Miyamoto sait que ce n'est qu'en dépassant le maître que l'on s'accomplit pleinement. Place aux jeunes ? Alors que l'on peut lire souvent l'agacement des joueurs face au roulement incessant des grandes licences Nintendo (Mario à toutes les sauces, Mario Kart, Zelda, etc.), le renouveau se trouve peut-être dans un effacement progressif des figures emblématiques de la firme.