En quelques heures de XCOM : Enemy Unknown, j'ai une petite chose à reprocher au background du titre de stratégie de 2K et Firaxis : qu'est ce que c'est que cette opération extraterrestre à la mords-moi-le-noeud ? Les mecs ne lancent aucun assaut massif, mais ils enlèvent des gens sans but apparent. Ils arrivent même à perdre une kidnappée comme des gros nuls. Et quand ils n'atterrissent pas pour je ne sais quelle raison dans un coin paumé de la Chine, ils posent des bombes dans les chiottes de la gare de Tokyo... C'est quoi ces terroristes aliens à deux balles ? Mais comme le dit votre ingénieur en chef : « vu leur supériorité technologique, s'ils avaient voulu nous détruire, ils l'auraient déjà fait. Ils doivent avoir autre chose en tête ». Ouais, du fromage blanc.

Mais restons Vigilo Confido

Personnellement, en tant que commandant de l'unique force d'intervention terrienne, subventionnée par différents pays, ça m'arrange. Ca me laisse le temps d'étudier l'ennemi, de déployer des satellites de surveillance, de construire mes défenses, et d'envoyer mes hommes sur le terrain où ils apprendront à se battre contre des adversaires inconnus (d'où le titre du jeu, eh), mais pas trop trop nombreux. XCOM, ce n'est pas la guerre totale, c'est de l'intervention tactique, et au tour par tour s'il vous plaît. Vous déplacer, tirer, sprinter, utiliser un objet... vous avez le temps entre chaque action et je vous conseille de le prendre, car la moindre erreur de précipitation peut être fatale. Vous avez un pool de soldat, et vous n'aurez pas de mal à recruter de la chair à canon pour remplacer les pauvres bougres victimes de votre enthousiasme. Mais d'une part, ça coûte un peu de pognon, et d'autre part, il vaut mieux les garder en vie pour qu'ils progressent en rang et apprennent de nouvelles compétences. Vous en aurez besoin.

Emancipation en douce

Des compétences comme du pognon, j'entends. Les pays qui vous font confiance vous offrent un budget mensuel, mais il y a une foule de choses à acheter, ce qui entraîne parfois un coût d'entretien supplémentaire. Donc en gestion tout comme en stratégie, les décisions seront terriblement difficiles. XCOM vous met sur les rails doucement sur les différentes options et les priorités : construire un autre centre de liaison, répondre à telle demande du conseil des nations, étudier telle technologie, puis fabriquer un appareil qui étourdit les aliens, puis un lieu de confinement, puis en capturer un, puis l'interroger... On suit ainsi l'histoire, tout d'abord de manière très dirigiste, mais rapidement on se retrouve avec toutes les cartes en mains et simplement des conseils ici et là, plus rien de « fortement recommandé » sauf pour faire avancer le scénar. Tout en douceur, vous passez de l'enfance à la vie adulte, et vous vous rendez compte que c'était vachement bien quand on vous disait quoi faire et comment. Pour laisser les XCOM : EK entre les mains des joueurs, je pense que Firaxis devra leur faire subir des entretiens d'embauche, avec sur le profil en gros : « savoir prioriser ».

High-tech et bouts de ficelle

Dans la base, les dépenses se battront entre l'agrandissement des installations et l'élargissement de votre réseau, qui à son tour doit rapporter des sous. Négliger un pays jusqu'à ce qu'il sombre dans la panique et c'est un budget qui s'envole. Il ne faut surtout pas oublier les forces aériennes d'interception, non plus. Heureusement, il n'y a finalement aucun « mini jeu arcade » greffé sur ces séquences, mais les affrontements entre vos jets (upgradables) et les OVNIs peuvent bénéficier de « consommables » aux effets variés (si vous vous les payez). Quant au matos à produire pour vos soldats, je n'en parle même pas. Le rationnement est de mise. Côté « intelligence », il faudra se trouver une voie dans les recherches : plutôt offensif ou défensif ? Quid de la guerre expérimentale ? Faut-il étudier plus en avant chaque type d'alien ? Et vous savez comment c'est super risqué de capturer une de ces bestioles vivante hein, foutue blouse blanche ? Avancer de couverture en couverture en terrain hostile, se tenir vigilant et prêt à tirer au moindre signe suspect, ou faire tout péter au bazooka, c'est facile. Mais trouver le moyen d'approcher les pires des saletés à moins de deux mètres, sous le feu ennemi, pour utiliser votre Bidule-flux minable qu'est même pas sur de marcher... merde quoi, j'ai perdu un brave soldat japonais à cause de ça !

Hop, sans chaise roulante !

C'était sa première mission... Sur sa terre natale en plus. Bref, c'est la guerre, il y aura des morts. Et on ne peut pas revenir en arrière... En tout cas, moi je ne peux pas, je joue en mode Homme de fer, qui ne permet qu'une seule sauvegarde automatique et aucun rechargement. Et je conseille à tout le monde de vivre l'expérience XCOM ainsi, le moment venu. Si vous aimez apprendre la prudence à la dure, au prix de la vie de vos soldats. Si vous voulez vous arracher les cheveux à chaque facture, en vous demandant si vous ne faites pas une grosse bêtise en signant pour ce nouveau labo flambant neuf livré en 10 jours pièces et main d'oeuvre. Si vous comptez assumer comme un Boss.

Donnez-moi mes petits gris quotidiens

Après tout, le jeu est conçu pour offrir des missions en pagaille pour vous refaire au cas où ça tourne un peu mal (votre escouade de vétérans qui se fait rouler dessus, ou votre chauvinisme qui vous coûte l'ensemble des pays sauf la France... je ne sais pas moi). On verra bien jusqu'à quel point on peut remonter la pente sans devoir tout recommencer. Je promets de continuer en ce mode là pour le test ! Il faut aussi espérer que les missions « répétables » soient suffisamment variées, ainsi que les décors ; et, bien sûr que le scénario tient la route.

Interface expérimentale

Ça, c'est sur le fond, sur la forme, XCOM : Enemy Unknown s'en tire plutôt bien, avec ses graphismes simples, mais propres. Ce n'est pas la direction artistique la plus brillante et la plus originale du monde, mais c'est peut-être ce qu'il fallait pour ce titre après tout ? En tout cas, le tout par tour s'avère étonnamment dynamique grâce à certains plans de caméra « action » pas trop envahissants. L'interface PC est un peu étrange, mais on s'y fait. Il y a en effet des raccourcis pour sélectionner l'action voulue, mais il faut rappuyer dessus pour confirmer. En gros, il faut double cliquer les raccourcis, quoi. Finalement pas si bête pour éviter les erreurs de manip. Le reste est OK (la caméra tourne selon quatre axes de vue, on cycle ses soldats avec Tab, etc.), avec seulement le scrolling qui part en vrille quand on utilise une arme à effet de zone. Probablement corrigé avant la sortie, ce genre de truc.

Se cacher au grand jour

Ce qui est moins évident, c'est de s'habituer aux lignes de vues. Il ne faut pas se fier à ses yeux, mais à ses statistiques. Même si visuellement, le moteur 3D vous montre l'extraterrestre en face comme étant planqué derrière un mur, croyez plutôt vos stats qui affichent 70% de chance de le toucher. C'est un peu dommage, côté crédibilité, de le voir se faire descendre à travers une paroi en métal, mais imaginez qu'il devait dépasser un peu. Bref, il faut vraiment penser le champ de bataille en terme de couvertures. Et encore, n'allez pas trop leur faire confiance : tout est destructible (notamment les précieux artefacts aliens). On sent bien que Firaxis a conçu son gameplay pour éviter de trop jouer au chat et à la souris télépathe mutante.

Clémentine, quand tu fermes les yeux...

Côté base, on note aussi quelques délires d'interface, comme le fait de ne pas pouvoir se diriger directement dans la salle de surveillance, là où l'on regarde la Terre tourner et les jours défiler, depuis l'une des autres sections. Il faut toujours repasser par la vue générale du complexe. J'ai peur que ça soit gonflant à force, avec toutes ces petites animations d'aller venues. C'est aussi là que l'on se rend compte, avec toutes les interactions entre Personnage Non Joueurs et les cinématiques, que la synchro labiale en VF est à la ramasse (je ne sais pas pour la VO cela dit). C'est dommage vu les efforts pour animer les visages, jusqu'à faire les mouvements de langue dans la bouche quand les gens parlent, un peu comme dans les dessins animés français qui essayaient de concurrencer les japoniaiseries du Club Dorothée, à une époque... Bien avant le premier XCOM.

Ce n'est pas tout ça, mais j'ai un peu l'impression d'avoir encore fait ma tête brûlée et d'avoir foncé trop loin en territoire ennemi. Je devrais peut-être conserver des cartouches pour le test, non ? Je doute d'avoir vu tout ce que le jeu offrait en cinq heures, et j'ai quand même encore plein de trucs à expliquer. Donc bon, à moins de gros souci d'équilibrage, de répétitivité ou de difficulté, ça me semble tout de même bien barré pour ce nouveau XCOM : Enemy Unknown, prévu sur PC, Xbox 360 et PS3 le 12 octobre 2012. Ne vendons juste pas le peau du petit gris avant de l'avoir disséqué.