La dématérialisation à la Nintendo

Bien évidemment, il y a déjà des jeux entiers en téléchargement sur Wii, DS et 3DS, mais il s'agit là d'une avancée majeure : la "majeure partie" des jeux disponibles en boîte devraient ainsi également être proposés en version dématérialisée, à la manière de ce que propose déjà la PS Vita.

Mais les différences de taille subsistent : les consommateurs intéressés par les versions dématérialisées achèteront en effet des codes de téléchargement, soit chez les revendeurs en ligne, soit dans les boutiques traditionnelles (plutôt que de simplement télécharger comme sur le Xbox Live ou le PSN par exemple). Par conséquent, ces derniers détermineront les prix pour l'utilisateur final, et seront également en concurrence ; une bonne chose pour faire baisser enfin sérieusement le prix de jeux dématérialisés ? Pas si sûr, tant les marges praticables par les boutiques sont souvent bien maigres pour manoeuvrer, comme nous l'expliquons dans notre Podcast de la semaine "Boutiques : attention danger !" ; reste que les grossistes pourraient être tout de même zappés d'une partie de l'équation, et donc permettre une partie des marges de sauter.

Et les éditeurs tiers ?

Autre subtilité à noter, pour l'instant, les sorties dématérialisées ne semblent concerner que les jeux Nintendo, si on se fie à la déclaration de Nintendo of America auprès de Kotaku :

Nintendo vise à étendre de manière significative le pan numérique de son business. En Août, New Super Mario Bros. 2 sur 3DS sera lancé à la fois en boîte dans les boutiques et en téléchargement sur le Nintendo eShop. La majorité des jeux 3DS édités par Nintendo bénéficieront de cette stratégie de double-distribution. De même, la majorité des jeux édités par Nintendo sur Wii U seront disponibles à la fois en version boîte et en version numérique téléchargeable, dès le jour de lancement.

Ces jeux téléchargeables seront disponibles à l'achat dans les boutiques participantes et sur les sites internet des distributeurs. Nos consommateurs peuvent passer chez leur revendeur ou leurs sites de shopping, chercher les produits qu'ils veulent, et les acheter. Les revendeurs fourniront alors aux acheteurs un code de 16 caractères qui peut être échangé sur le Nintendo eShop contre le jeu. Cela donnera aux acheteurs plus d'options pour trouver et acquérir leurs jeux favoris.

Petit à petit, l'oiseau fait son nid, comme on dit. Il est intéressant également de noter que, si Microsoft fut le premier à distribuer de manière dématérialisée des jeux dits "retail" via le Xbox Live, ceux-ci ne sortent sous cette forme que bien après la sortie en boutiques. Un délai qui fait partie des plaintes des consommateurs intéressés par cette méthode d'achat, et que Pav Bhardwaj, Chef Produit chez Microsoft qualifie dans MCV de "succès" :

Nous ne faisons pas de Jeux à la Demande le Jour J, nous nous concentrons sur les sorties boîte pour le Jour J. C'est là que nous avons toujours mis nos efforts, et ça restera le cas pour un avenir proche. Nous sortons un jeu grosso-modo six mois après son arrivée en boutiques à son prix public plein. C'est notre modèle, et nous nous y tenons. Ce modèle est un succès, alors pourquoi changer quelque chose qui n'a pas besoin de l'être ?

On ne pourra pas s'empêcher de penser qu'il s'agit là d'un reliquat de considération pour une distribution traditionnelle qui ne se laissera pas dépasser par la démocratisation du téléchargement sans rien dire, et qui bénéficie aujourd'hui encore d'un pouvoir très substantiel.

Mais alors que Nintendo saute lui aussi le pas sans se préoccuper d'introduire un délai favorable à la distribution traditionnelle, tout en leur offrant finalement de participer à l'effort de dématérialisation en revendant des codes plutôt que des boîtes, la survie à moyen terme de cette forme de distribution du jeu vidéo semble encore un peu plus menacée. Un clou de plus dans le cercueil du jeu matériel ?