Le destin d'I Am Alive aurait pu être tragique, tout comme son thème. D'abord confié à Darkworks, le titre devait être un blockbuster axé sur la survie mais différents paramètres (crise économique, nouvelle licence et certains concepts qui n'ont pas séduit) sont venus changer la donne. Le projet fût donc proposé à Ubisoft Shanghai qui a repris certaines mécaniques de jeu d'origine en les raffinant afin de réaliser un jeu en téléchargement de qualité. Un pari gagnant ?

I love u

Adam est un survivant parmi tant d'autres. Séparé de sa fille Marie et de sa femme Julie, il revient à Haventon pour les retrouver un an après une catastrophe dont on ignore tout. La ville est ravagée, les immeubles éventrés, une épaisse couche de poussière toxique recouvre le sol et les rares survivants tentent de s'en sortir tant bien que mal au milieu des gangs et d'une cité où le danger rôde à chaque coin de rue. Il s'agit d'une quête dans laquelle la narration jouera un grand rôle. Pour preuve, bon nombre de cinématiques sont contées par le biais de vidéos qui semblent avoir été réalisées avec le camescope d'Adam lui-même. C'est lui qui est souvent mis en scène comme s'il parlait au spectateur afin de raconter son histoire. Un message laissé à sa femme dans l'espoir qu'elle le retrouve ? Les derniers mots d'amour d'un père à sa fille ? Tout est possible. Mais ce qui est certain en tout cas, c'est que I Am Alive semble tenter de proposer une narration travaillée ainsi qu'une ambiance bien au dessus de ce que l'on trouve généralement dans les productions vendues en téléchargement uniquement. Et vous allez voir que ce n'est pas le seul atout qu'il a à faire valoir.

I will survive ?

C'est David Maurin, Lead Game Designer sur I Am Alive, qui nous a fait une longue démo des premiers pas du héros en Haventon, sans pour autant nous laisser mettre la main sur la manette. L'occasion de découvrir la direction artistique de l'ensemble. Plus limité techniquement qu'un jeu vendu dans le commerce, I Am Alive n'a pourtant pas à rougir de son rendu visuel. Avec des tons monochromes (couleurs à dominance ocres ou grises) et des jeux de perspectives qui accentuent la profondeur, le titre d'Ubisoft Shangai profite d'un rendu assez unique qui accentuent l'ambiance pesante de décors souvent apocalyptiques. On croirait presque revoir des images de certaines catastrophes que l'on a pu voir ces dernières années dans nos journaux télévisés...

Survival Tactique

La progression et la recherche d'objets utiles seront donc les occupations principales de notre héros dans un premier temps. D'ailleurs, le titre utilise une mécanique de jeu intéressante par l'intermédiaire de la gestion de l'endurance et de la santé d'Adam. Chaque effort de sa part entame son endurance (saut, rester accrocher sur les parois verticales, traversée de nuages de poussières toxiques, courses, etc.) et lorsqu'il est à bout de force, sa jauge de santé prend le relais. L'ambiance change alors, laissant place à une musique stressante et à l'obligation de tapoter une touche de tranche pour impliquer physiquement le joueur. Chaque action durant l'exploration (plate-forme, courses, fuites, ascensions, etc.) doit ainsi être mûrement réfléchie sous peine d'y laisser sa peau. Traverserez-vous un nuage toxique en courant pour aller plus vite mais en risquant l'essoufflement ; ou avancerez vous lentement pour économiser vos forces au risque de mourrir d'asphyxie à cause de la poussière ? Des choix difficiles qui augmentent le stress, même si Adam peut profiter de piqûres d'adrénaline (en nombre limité) pour pallier à certaines situations critiques . En effet, I Am Alive n'a rien d'un survival classique. Points de monstres ici et de gros calibres pour régler le problème. Tout est affaire de choix rapides à effectuer sur le pouce pour s'en sortir. Heureusement, là encore, les développeurs offrent diverses possibilités face à chaque situation. A bout de force après l'ascension d'un immeuble, vous risquez de chuter faute d'avoir surévalué votre endurance ? Sortez un piton pour récupérer quelques instants, les pieds dans le vide. N'en abusez pas tout de même, ils sont en nombre limité, comme la plupart des objets du jeu d'ailleurs (balles de pistolet, flèches pour l'arc, injections d'adrénaline, nourriture, etc.).

Le pire ennemi de l'homme...

Vous le savez comme moi, l'homme est un loup pour l'homme. Nous avons d'ailleurs pu le constater dans plusieurs scènes. Outre des passants, des voix dans la pénombre (que l'on peut aller explorer ou non pour découvrir des scènes annexes, des personnages à retrouver...) et des survivants en danger (que l'on peut aider, au prix de certaines ressources pour obtenir des bonus tels que des continus supplémentaires par exemple), Adam aura aussi à faire à des gangs. Au détour d'un couloir, notre père désespéré rencontre trois hommes agressifs alors qu'il accompagne une jeune fillette jusqu'à sa famille. Rapidement, il faut identifier le plus dangereux de vos ennemis pour le menacer avec votre arc et intimider la bande. Si vous tardez trop, les voyous sentiront que vous hésitez et attaqueront. Mais très souvent, Adam n'aura qu'une seule flèche à disposition, voir deux... Il serait peut-être plus judicieux de s'approcher doucement et d'en égorger un par surprise avec la machette puis de tirer ensuite (avec la seule balle de votre arme de poing) sur celui qui possède un pistolet pour enfin obliger le dernier à s'agenouiller avant de l'immobiliser en le menaçant. Mais ça, c'est dans le meilleur des cas. Sans balle, ni arme blanche, que ferez-vous ? Jouerez-vous le bluff en pointant un pistolet vide ou tenterez-vous de fuir malgré la lenteur de votre jeune compagne ? On vous le disait, I Am Alive est une affaire de choix tant les ressources d'Adam sont limitées...

Avec environ 5 à 7 heures de jeu et un prix ne dépassant pas les 20$, I Am Alive s'annonce comme une aventure hors du commun. Même s'il a encore tout à prouver (nous n'avons pas encore pu jouer nous-mêmes), son atmosphère pensante, sa réalisation de qualité pour un jeu en téléchargement, sa narration développée (voix anglaises et textes en français), son histoire particulière, ses choix cornéliens (gestion des ressources, combats directs ou attaques surprises, intimidation, etc.) et ses phases d'exploration dans un monde post-apocalyptique nous ont déjà séduits. Reste à savoir si le titre tiendra sur la longueur. Rendez-vous à la fin de l'année sur le Xbox Live et le PlayStation Network pour en avoir le coeur net !