On le sait, dans le jeu vidéo, ça bosse dur. Et les fameux "crunch time" - des périodes de bouclage, en gros - sont courants et difficiles pour les développeurs qui s'investissent énormément dans leur travail, la plupart étant particulièrement passionnés. Les épouses, elles, n'ont certainement pas la même tolérance que leur conjoints... et l'ont fait savoir à Rockstar il y a peu.

Une question de point de vue ?

Toujours est-il que Rockstar a fait valoir son droit de réponse, repris sur Gamasutra, par l'intermédiaire d'un email interne qui a vite trouvé son chemin sur la toile, concernant certains point très techniques mis en avant par les plaintes des épouses :

Nous prenons les soucis liés aux conditions de travail extrêmement au sérieux et nous nous pencherons immédiatement sur des solutions à toute préoccupation légitime. Nous sommes en désaccord avec les allégations de l'article de Gamasutra. Il n'y a eu aucune réduction au niveau de la couverture santé, les primes ou les avantages en nature (repas gratuits, massages, etc.), les salaires augmentent en fonction du coût de la vie et quiconque aurait le sentiment de ne pas avoir touché le bonus qu'il méritait sur le développement d'un jeu doit prendre contact avec le service des ressources humaines aussi rapidement que possible.

Les commentaires se sont également emballés à la suite du post original des épouses, certains corroborant les plaintes, mais restant bien entendu sous le sceau de l'anonymat. On peut y lire notamment que certains développeurs d'autres studios de Rockstar bénéficieraient, eux, de traitements de faveur, en leur attribuant lors de leur déplacements d'un studio à l'autre des appartements et véhicules de fonction luxueux - mais il est bien entendu impossible de vérifier en l'état le bien fondé de ces éléments.

Un milieu professionnel difficile

De son côté, l'IGDA (International Game Developers Association) s'est emparé de l'affaire et en a profité pour dénoncer plus généralement certaines pratiques jugées trop courantes dans le monde du développement de jeux :

L'IGDA trouve que la pratique continue et confidentielle consistant à imposer des heures supplémentaires est source de tromperie, d'exploitation, et porte au final préjudice non seulement aux développeurs, mais aussi à leur produit final et à l'industrie dans son ensemble. Alors que notre étude montre que de nombreux studios ont trouvé des moyens de préserver la qualité de la vie de leurs employés, les pratiques malsaines sont encore bien trop monnaie courante dans notre industrie.

L'étude en question, toute récente puisqu'elle date de décembre 2009, a été conduite auprès de 3.300 développeurs et montre que plus de la moitié d'entre eux ont le sentiment de manquer de temps pour eux et leurs familles. Pour autant, la majorité des sondés sont rarement en "crunch time", et ont le sentiment que leur société fait tout pour éviter ces périodes difficiles.

Tout ceci nous rappelle également l'épisode "Ubi Free", en France, de fin 1998 à mars 1999, pendant lequel des employés de l'éditeur/développeur avaient utilisé internet et son anonymat avec succès comme outil syndical pour dénoncer des soucis similaires, afin de pousser la direction de la société au dialogue.

Développer des jeux vidéo, ce n'est déjà pas toujours facile, mais il semble que même chez les plus grands, on n'arrive à rien sans donner de sa personne... Rockstar San Diego est actuellement sur le développement du très attendu Red Dead Redemption, toujours prévu sur Xbox 360 et PlayStation 3 pour le 30 avril prochain. Un délai serait-il donc à prévoir ?