(Note : ce test est réalisé d'un point de vue solo, et ne prend pas en compte le multi, une part très importante du jeu ; je vous recommande de consulter le test Gameblog pour cet aspect du jeu)

Difficile pour les fans de Metal Gear de snober Peace Walker, présenté comme un épisode à part entière de la série, bien qu'il ne soit pas numéroté. Kojima a, comme à son habitude, teasé de fort belle manière, et même ceux qui avaient su résister à l'achat de Portable Ops ne semblent plus avoir le choix.

Peace Walker prend donc place quelques années après Snake Eater. Les retombées de ce dernier constituent d'ailleurs la part la plus intéressante du scénario, et les nouveaux personnages comme l'histoire "présente" ont bien du mal à exister face aux grands anciens, la véritable motivation pour avancer étant plutôt d'en apprendre plus sur leur passé que les péripéties du moment. Ajoutons à cela des boss robotiques, et Peace Walker fait pâle figure pour ce qui est du charisme des protagonistes. Le contexte de la Guerre Froide permet toutefois d'intéressante réflexions sur la dissuasion nucléaire, le rôle des soldats, et la plupart des autres thèmes chers à la série.

Alors oui, c'est sur PSP, et la maniabilité, déjà pas le point fort de la saga, s'en ressent. Mais on finit par s'y faire, et passé un certain temps on n'y pense même plus. Les graphismes sont excellents, et les cinématiques dessinées (chapeau au passage à Ashley Wood, pas évident de passer après Shinkawa) et interactives apportent une vraie fraicheur à ces séquences, toujours très présentes. Une fois le jeu installé sur la console, les chargements restent raisonnables. Sur le plan de la technique, pas de doute, on est bien face à un vrai Metal Gear.

Portable oblige, le jeu est découpé en missions, obligatoires ou non, et les niveaux sont eux-mêmes divisés en zones. Cela nous donne un feeling assez proche des épisodes MSX, avec une problématique donnée par zone/écran, un groupe de gardes à contourner, un véhicule à abattre, un fort à infiltrer, en particulier sur les missions bonus. Passer une zone revient presque à résoudre une énigme, et donc à souvent remettre en question sa façon de jouer. Il en résulte une certaine variété, couplée à de véritables idées de génie (les gardes cachés !) qui renouvellent enfin un peu les phases d'infiltration. Mais les véritables innovations de cet épisode ne se situent pas in-game.

Big Boss n'est pas là pour tricoter, mais pour monter une organisation de mercenaires indépendante, et c'est bien là qu'est le coeur du jeu, dans la création d'Outer Heaven. Et c'est au joueur de se retrousser les manches ! Limitées au début du jeu, les possibilités deviennent rapidement immenses, si bien qu'on passe quasiment autant de temps hors des missions que dedans. On peut développer de nouvelles armes et items à utiliser en mission, créer son propre Metal Gear et l'envoyer se battre en compagnie de nos hommes à l'autre bout du patelin... Tout cela est possible en assignant des ennemis capturés aux différentes sections ; cet aspect influe très fortement sur la façon de jouer, car il devient bien plus intéressant de neutralyser les gardes que de les tuer. La façon de jouer "optionnelle" des précédents volets, s'infiltrer sans tuer, est ici récompensée, et même indispensable pour qui veut développer sa base de façon satisfaisante.

Peace Walker est donc rempli de contenu, et déborde littéralement de bonnes intentions. Kojima et ses équipes ne se sont pas contenté de faire un petit jeu pour notre petite console. Mais malgré tout, impossible pour moi de parler de MGS 5. Le scénario, plus ou moins intéressant en lui même, n'est pas indispensable à la compréhension de la saga, et n'y apporte aucun nouveau personnage à la hauteur. Mais surtout, on n'y trouve pas de vrais morceaux de bravoure ; peu de missions restent en mémoire une fois le jeu terminé. Il lui  manque aussi à mon sens ces moments purements "Kojimesques", qui font toute la portée de la saga Metal Gear Solid. Bref, une fois la fin du jeu arrivée, aucun de ses passages n'ira rejoindre le panthéon des moments cultes que les aventures de Snake et consorts ont gravés dans ma mémoire de joueur (allez, peut-être la fusillade sur fond de musique). Si, au niveau du gameplay, on peut enfin parler d'une véritable évolution, pour ce qui est du scénario et du ressenti, Peace Walker ne restera à mes yeux qu'un bon spin-off de Snake Eater, ce qui après tout n'est déjà pas si mal !