Situé chronologiquement avant les trois premiers épisodes, ce Momodora endosse donc le statut de préquelle, bien pratique pour ne pas rebuter ceux qui auraient pu louper quelques subtilités de scénario. Rien à craindre de ce côté, tant le titre assume de laisser sa narration déambuler dans le plus simple appareil : en la réduisant à de brefs échanges avec les rares PNJ peuplant cet univers désolé, le studio Bombservice laissera silencieusement les joueurs plus curieux recoller les bouts via les backgrounds parfois mystérieux, sans jamais atteindre le génie d'un Hyper Light Drifter cependant.

Une fois n'est pas coutume, le joueur incarne la prêtresse Kaho, une jeune fille du village Koho résolue à lever la malédiction qui pèse sur le monde. Armée d'une feuille d'érable et d'un arc, la belle cherchera par tous les moyens à rencontrer la reine de Karst, mais la balade risque de ne pas être de tout repos...

Leur tactique, c'est l'attaque

Face aux hordes d'ennemis qui peupleront son chemin, Kaho devra faire preuve d'observation, faute de pouvoir compter sur la finesse. Restreinte au début de l'aventure pour n'évoluer que très peu, la palette de coups disponibles obligera le joueur à tirer partie de l'esquive pour ne pas se faire massacrer en une poignée de secondes. Car Momodora est dur, pour ne pas dire carrément vache par moments. Foncez sans réfléchir et vous ne tiendrez pas plus d'une minute ! Entre des collisions rarement à votre avantage et le déploiement assez lent de l'unique combo disponible, il va falloir jouer serré. Ajoutez à cela un respawn de tous les ennemis ordinaires dès lors que vous changez d'écran, et vous aurez là un certain avant-goût de l'enfer...

Le bestiaire, somme toute sympathique, varie dès lors que l'on débarque dans l'une des différentes zones du jeu : reprenant religieusement l'architecture des premiers épisodes de la série Metroid plus que les récents CastleVania, Reverie Under the Moonlight divise son univers en environnements thématiques, chacun d'entre eux s'accompagnant de nouveaux adversaires. Après quelques affrontements brouillons, on se rendra vite à l'évidence : la meilleure défense, c'est encore l'attaque. Si le bourrinage n'est pas de rigueur, chaque coup bien placé annulera souvent l'attaque ennemie, laissant à Kaho l'occasion d'en finir rapidement avant, de s'occuper du streum suivant, qui approche déjà dangereusement. Car le recovery est impitoyable envers la pauvre Kaho : que ce soit en frappant trop lentement un ennemi ou en consommant un item réparateur, les hits pleuvent, et il faudra faire preuve de réflexes parfois dignes d'un danmaku pour ne pas y laisser sa peau.

Raté. Essaye encore...

En dehors de ces joutes peu chorégraphiées, il faudra évidemment fouiller les environnements dans leurs moindres recoins, Metroidvania oblige. Si les secrets sont bel et bien présents, les récompenses manquent cruellement de variétés : en dehors les timides augmentations de la barre de vie et la chasse aux insectes d'ivoire, il n'y aura pas grand chose à mettre sous la dent des explorateurs aguerris. Heureusement, la quête finale (qui pointe rapidement le bout de son nez) propose de partir à la recherche des quatre fragments d'une couronne sacrée, chacun s'accompagnant enfin d'un véritable upgrade bienvenu.

Quel dommage cependant que la fonction de téléportation n'arrive que si tard dans l'aventure ! On aurait aimé pouvoir naviguer plus librement entre les différents points de sauvegarde, la carte disponible ne distinguant aucune zone entre elles. D'autant que certains backups placés avant les stratégiques combats de boss ne sont plus accessibles directement après l'affrontement. Stressants et dynamiques, ils parviennent à donner à Momodora une dimension épique qui manque au reste des joutes ordinaires. Car c'est bien durant les boss fights que Momodora vous fera passer l'oral sans rattrapage : peu importe la taille de votre adversaire, il faudra faire preuve de sang froid et d'une savante maîtrise de l'esquive pour l'emporter, chaque victoire s'accompagnant d'un sentiment d'accomplissement certain.

Pouvoir du prisme lunaire, transforme-moi !

Mais j'avais jusqu'ici éludé ce qui est sans conteste l'un des points fort du jeu : sa direction artistique. Si les jeux indés à la sauce pixel art sont aujourd'hui légion, Reverie Under the Moonlight charme nos pupilles avec brio. Au-delà de ses graphismes délicieusement rétro, ce sont toutes les petites touches apportées aux moindres détails qui le rendent enchanteur : entre le rebond des flèches heurtant un obstacle, les papillons et lucioles qui pullulent, ou l'apparition de feuilles aux teintes automnales dès que Kaho effectue un double-saut - Amaterasu-style, tout est fait pour charmer le joueur de bout en bout.

Les différents environnements ne sont bien évidemment pas en reste, et on prendra un malin plaisir à découvrir les clins d'oeil disséminés ici et là par les développeurs. De la réverbération sur l'eau tellement Vampire Killer aux pièges des Cinder Chambers qui rappellent allègrement Spelunky, il y en a pour tous les goûts. Dommage que certaines zones souffrent d'un manque de lisibilité, principalement à cause d'ombres vraiment trop présentes... Toujours est-il que pour les amoureux du pixel et du challenge à l'ancienne, Momodora fait largement le taf.